Mausolée de Seydina Limamou Laye, Diamalaye est un site entouré de secrets, de mystères inconnus du grand public. Avant d’accueillir des milliers de fidèles dans le cadre de la 136ème édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye, Le Quotidien vous fait découvrir cet emblème de la pureté layène.
C’est un symbole de la pureté layène. Si dans l’enceinte de Diamalaye, il est proscrit de porter des chaussures, il faudra faire ses ablutions et se débarrasser des impuretés pour accéder au mausolée de Seydina Limamou Laye, guide spirituel de cette communauté. Blanc de par sa couleur, le site situé au quartier de Yoff-Layène constitue un lieu de recueillement des fidèles Layénes en quête de lumière et de félicité.
Diamalaye, (à différencier du quartier éponyme logé au Nord de Yoff), est une vaste enceinte située à l’Est de ladite commune. Clôturé par un mur carrelé, le lieu est une vaste superficie de sable fin. C’est dans ce lieu que le Mahdi a dédié la plupart de sa vie à l’exaltation divine. De loin, le minaret vert du mausolée de Baye Laye est visible. À l’entrée de l’édifice, les murs carrelés en blanc renseignent sur la beauté des lieux. Les couloirs parfumés donnent à l’endroit une dimension hautement religieuse. De petits globes de verre contenant un filament incandescent produisant de la lumière électrique qui illumine ce sanctuaire religieux. Il faut emprunter des escaliers pour se recueillir devant les grilles qui entourent la dépouille du Mahdi. Après cet exercice, deux portes doivent être franchies par les fidèles. Une fois dans les lieux, les fidèles font 7 fois le tour des grilles avant de débuter leurs prières. Moins d’une dizaine de ventilateurs sont installés pour aérer l’espace assez étroit. L’endroit est situé à une dizaine de mètres de la mer.
«Jusqu’à la fin des temps la mer ne va jamais entrer à Diamalaye»
Quelques fidèles s’agglutinent devant les grilles du mausolée. A côté, ses fils qui n’ont pas eu la chance de devenir khalifes y ont leurs tombes. Il s’agit de Ababacar Laye, Malick Laye, Abdoulaye Laye et Ngalla Laye. Des banderoles avec les écritures saintes sont gribouillées sur les murs. Tout est blanc. Sauf les fenêtres qui sont en verre. Les toits en tuile émerveillent. C’est ici où loge depuis 1909, Seydina Limamou Laye. L’endroit est fermé à clef. Personne n’y entre. «C’était une sorte de monticule, c’est-à-dire un lieu de recueillement de Seydina Limamou Laye. Puisqu’il habitait le quartier de Ngaparou depuis qu’il a lancé son Appel sur les dunes de sable au bord de la mer en 1301 de l’Hégire correspondant à l’an 1883. Il y dirigeait les prières de Korité et de Tabaski tout le temps. Cet endroit a toujours été un espace saint», explique El Hadji Seydina Issa Laye Diop, membre de la commission d’organisation de l’Appel. De loin, on perçoit le bruit des vagues qui viennent lécher la berge de l’Atlantique qui avait fait allégeance au Mahdi quand il répandait la parole de Dieu. C’est ici que Seydina Limamou Laye, en 1883 lança cette prophétie : «Adjibodahiya laye yamar saralins waldjinini raasouloulahi ileykoum» («Venez à l’appel de Dieu vous, hommes et djinns, je suis l’envoyé de Dieu. L’arabe blanc (Mahomed) s’est noirci.») D’ailleurs, d’après ses fidèles, Diamalaye va abriter la résurrection des êtres humains le jour du Jugement dernier. «Baye Laye l’a dit dans ses sermons. Le jour de la résurrection, tous les hommes seront ici à Diamalaye. C’est une place mythique. C’est ici que Seydina Limamou adorait Dieu, c’est ici qu’il a été enterré mais également c’est dans ce même lieu où s’organisera le Jugement dernier. C’est Baye qui l’a dit», soutient Issa Laye Thiom, petit-fils d’un ancien compagnon de Baye Laye en l’occurrence Thierno Sarr Thiom. S’appuyant toujours sur les sermons du saint homme, M. Thiom poursuit avec une anecdote : «La mer avançait et détruisait les habitations des Lébous. Comme Limamou disait incarner le retour du prophète Mahomed (Psl), les Lébous se sont approchés de lui pour lui demander d’arrêter l’avancée de la mer. Il a réuni tous les habitants et fait reculer le grand océan.» Issa Laye Thiom rappelle ses propos : «Jusqu’à la fin des temps, l’eau de la mer ne va jamais entrer à Diamalaye. Ce lieu est différent des habitations que l’océan détruit. Ici, c’est le sanctuaire du Mahdi.»
L’allégeance des dauphins au Mahdi ?
Diamalaye est aussi un mythe qui s’est forgé par la succession de miracles. En 2011, lors de la commémoration du 131èmeanniversaire de l’Appel, le lieu aurait reçu l’allégeance de dauphins au large des côtes marines qui jouxtent le mausolée de Seydina Limamou. Miracle ou simple hasard ? En effet, alors qu’ils écoutaient religieusement les chants Zikr à Yoff-Diamalaye où des imams animaient une conférence religieuse, quelques dizaines de dauphins se seraient subitement approchés de la plage. Sautillant et replongeant dans l’eau, ces gros poissons ont subjugué plus d’un. Un spectacle qui a mis quelques pèlerins en transe. Et certains religieux ont vite expliqué aux pèlerins que l’apparition de ces dauphins n’est rien d’autre qu’un miracle de Seydina Limamou Laye. Car, expliquaient-ils, ces poissons étaient venus répondre à l’Appel de Seydina Limamou Laye. Véritable bibliothèque de l’histoire des Layènes, El Hadji Seydina Issa Laye Diop en rajoute une explication divine : «L’eau de mer s’est dessalée pendant les trois jours où son âme quittait son corps et qu’on attendait son fils Seydina Issa Laye diriger la prière mortuaire. C’est un vieux du nom de Abdoulaye Diagne Mbekh, en faisant ses ablutions, qui l’a découvert. Ensuite, tout le monde a investi l’océan pour se désaltérer.» 136 ans après son appel, sa lumière guide toujours sa communauté.