Le leader de Rewmi dit oui au dialogue politique, mais pas «pour sortir de l’impasse» un président de la République. Si Idrissa Seck estime que les retrouvailles libérales sont une chose «excellente », il estime qu’elles doivent se faire «dans l’intérêt du Sénégal». C’est là, entre autres, les points
qu’il a évoqués, après un séjour de trois jours à Touba dans le cadre du Kazou Rajab 2016.
L’appel au dialogue politique lancé par le président de la République à l’opposition n’emballe pas trop Idrissa Seck. En visite à Touba dans le cadre du magal
du Kazou Rajab célébrant l’anniversaire de Serigne Mou hamadou Fadel Mbacké, 2ème kha life général des mourides, le président du parti Rewmi a, à son tour, invité Macky Sall à «regarder soigneusement l’intérêt du Sénégal avant ses intérêts personnels», à ne pas faire dans la «manipulation» ou dans la «diversion». Il prône plutôt des initiatives fondées sur «sa ferme volonté et détermination à faire progresser le Sénégal». Pour lui, le dialogue serait une «nécessité absolue», si «l’intention première » du chef de l’Etat est de «servir le Sénégal». Selon le Rewmiste, il doit être un «dialogue institutionnalisé,
organisé, et pas un dialogue de circonstance qu’on agite pour sortir de l’impasse». En effet, le président du Conseil départemental de Thiès voit derrière l’appel de Macky Sall autre chose. «Je veux gagner une élection, je vais me rapprocher de celui-là, je vais isoler celui-là. Çà c’est ridicule, et je ne peux pas y participer, je ne peux même pas l’envisager», avertit- il. M. Seck d’appeler de tous ses voeux à la mise en place d’une commission nationale autour des
«intérêts vitaux» du pays comme la politique du bon voisinage, la Casamance, la sécurité et l’éducation.
«Personne ne peut m’isoler politiquement» Certains analystes politiques estiment que l’opération de charme de Macky Sall envers particulièrement
le Parti démocratique sénégalais lors de la présentation de condoléances chez Oumou Salamata Tall pourrait être une façon d’écarter Idrissa Seck. Pour
ce dernier, ce serait «la meilleure mesure du manque de crédibilité et de sérieux du président de la République parce que si son unique objectif est de s’aménager un corps électoral additionnel ou d’isoler un adversaire politique, c’est qu’il n’est pas à la hauteur de sa charge». Bref, Idrissa Seck est formel : «Personne ne peut m’isoler politiquement.» Retrouvailles libérales «dans l’intérêt du Sénégal»
Sur les retrouvailles de la famille libérale, Idrissa Seck rappelle qu’il était «le principal artisan» de ce «principe» d’autant plus que «l’histoire récente du Sénégal établit qu’en dehors de quelques groupes politiques, les deux principales familles politiques du Sénégal sont celles de Senghor et de Wade». Il trouve, par conséquent, que «dans l’intérêt du Sénégal et de la modernisation de la vie politique, c’est une excellente chose que ces deux familles se
retrouvent», précisant que ce la doit s’appuyer sur des «règles claires et sérieuses». Il souligne en revanche : «L’opposition est une bonne chose dans un pays. Chercher à la museler, ce n’est pas bien.» Et le président de Rewmi de renvoyer au «consensus mou» sous Amadou Toumani Touré où «tout le monde est d’accord sur tout» et qui a «détruit le Mali».
Il ne prend pas très au sérieux non plus la phrase du chef de l’Etat qui dit avoir été ému lorsqu’il est passé devant le domicile de son prédécesseur. Il dit : «Vous avez entendu le porte-parole du Pds qui dit : ‘’Cela ne peut pas être sérieux, au moment où on emprisonne notre candidat Karim, on nous
prive de groupe parlementaire, on nous enlève notre Conseil départemental à la soeur Aïda Mbodj.’’
Cela ne ressemble-t-il pas à une liste de conditions de dialogue ? C’est évident. Voilà où on se situe. Où est le Sénégal dans cela, notre raison d’être politique ?» «Personne, pas même Karim, ne peut revendiquer le legs politique de Wade à côté de moi» L’ancien Premier ministre a-t-il compris que l’héritage du Pds se joue sous les yeux ? «J’ai été extrêmement proche de Wade.
Personne, pas même Karim Wade, ne peut revendiquer son legs politique à côté de moi. Je le connais mieux que tous. Mais quand il s’est agi de questions de principe, vous m’avez vu tourner le dos à tous les privilèges de l’Etat. Et pourtant, ceux que j’avais étaient grands. Vous avez même parlé de dualité au sommet de l’Etat. Mais sur la dévolution monarchique du pouvoir, comme sur le troisième mandat anticonstitutionnel, vous m’avez vu adopter
une position ferme et claire. Et à chaque fois qu’il y a eu opportunité de se réconcilier, la réconciliation a échoué sur ces principes-là.
C’est autour de principes clairs que cela doit se faire, pas de négociations », a-t-il dit. Tout compte fait, il appelle à la «réhabilitation» de Wade. «L’Afrique a besoin de référence. Elle est en manque de sages. Wade peut aider le Sénégal et le continent», estime M. Seck.