Le Sénégal et la Gambie gagneraient à travailler autour d’un plan d’action commun qui permettrait de lutter efficacement contre les mutilations génitales féminines a soutenu, mardi à Dakar, Fatou Kinté, chargée de programme au Fonds de Nations unies pour la population (UNFPA).
"Nous comptons élaborer un plan d’action que nous allons partager et soumettre aux autorités sénégalaises pour combiner nos forces et travailler en parfaite intelligence dans cette croisade", a-t-elle expliqué lors d’un déjeuner de presse de restitution des résultats du voyage d’étude, au Sénégal, d’une délégation gambienne.
Une mission gambienne, composée de représentants du Gouvernement, de la société civile, de l’UNICEF et de l’UNFPA, a effectué un voyage d’étude au Sénégal du 28 avril au 3 Mai 2016.
L’objectif de cette mission était d’apprendre de l’expérience du Sénégal pour amener les communautés à abandonner la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) ou excision.
"Nous avons beaucoup appris lors de cette mission et ce plan d’action permettra de lutter efficacement contre les mutilations génitales féminines, dans les 2 pays, mais aussi au-delà notamment en Guinée Bissau, au Mali et en Guinée Conakry" a dit Fatou Kinté.
Elle a fait savoir que si l’abandon de l’excision est "effectif au Sénégal et pas en Gambie, c’est comme si tous les efforts faits dans cette direction sont vains", parce que les populations constituent une même famille qui se côtoie au quotidien et vivent les mêmes réalités.
D’ailleurs cette délégation était samedi au village de Keur Diawara, pour échanger avec les imams, le chef de village, les femmes leaders et les habitants, sur leurs méthodes et expériences dans la lutte contre l’excision.
Selon Bafoue Dieng, agent au ministère de la Justice de Gambie, "pour mieux lutter contre les mutilations génitales féminines (MGF) la Gambie a mis en place, en décembre, une loi réprimant l’excision de la femme".
"C’est une loi qui permet à l’Etat gambien de faire des pas certains vers l’abandon totale de l’excision en Gambie. Il y a beaucoup d’acteurs qui s’activent autour", a expliqué la juriste.
Elle a souligné que "cette loi est la bienvenue en Gambie, parce qu’elle vient renforcer toutes les personnes qui, il y a plusieurs années, menaient une croisade contre les MGF et qui se heurtaient aux barrières socioculturelles qui validaient cette vilaine pratique".
"Cette loi votée en Gambie actuellement en application prévoit des sanctions allant jusqu’à la condamnation à vie à l’encontre de toutes personnes impliquées de près ou de loin dans une affaire d’excision", a-t-elle indiqué.
Selon Fatou Kinté, "depuis le vote de la loi sur l’abandon de la pratique de l’excision en Gambie, il n’a eu qu’un seul cas encore en instruction et ayant entraîné l’arrestation de quelques personnes actuellement entre les mains de la justice".