Saint Louis (Sénégal), 3 mai 2016 (AFP) - Le préfet de Saint-Louis a interdit la tenue de l’édition 2016 du festival de jazz organisé depuis 25 ans dans cette ville du nord-ouest du Sénégal en invoquant des raisons de sécurité, mais les organisateurs ont affirmé mardi être en discussions pour son maintien, à huit jours de son ouverture.
"Sont interdites toutes les manifestations liées au Festival de jazz de Saint-Louis devant se tenir sur la voie publique et dans les lieux publics, pour la période du 11 au 15 mai", indique un arrêté préfectoral.
Le texte évoque "le contexte sécuritaire ambiant, la vulnérabilité de la commune de Saint-Louis et le refus des organisateurs de s’engager dans l’effort de sécurité", sans autre détail.
"Nous nous désolons d’avoir reçu tardivement cet arrêté (...), c’est un coup de massue pour nous", a déclaré à l’AFP Fara Tall, vice-président de l’Association Saint-Louis Jazz, qui organise le festival.
Selon M. Tall, l’interdiction a été notifiée lundi aux organisateurs, qui ont engagé des discussions avec les autorités pour obtenir sa levée et prendre les dispositions requises pour la sécurité du festival.
"Nous acceptons" les arguments invoqués, "mais nous travaillons" pour que le festival ait lieu. "Nous avons tenu des réunions avec les autorités par rapport à la sécurité du festival, contexte oblige", a-t-il avancé.
"La vulnérabilité par rapport à la menace (d’attaque terroriste) est générale, mondiale", elle ne concerne pas que Saint-Louis, "nous sommes en train de travailler pour que au moins, d’ici demain (mercredi), on puisse dire à tout le monde: +Le festival va avoir lieu+. Et nous continuons, nous, dans notre logique d’organisation", a-t-il poursuivi, soulignant que la sécurité fait partie des missions régaliennes de l’Etat.
Des attentats jihadistes ont frappé ces derniers mois plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Burkina Faso (30 morts à Ouagadougou en janvier) et la Côte d’Ivoire (19 morts à Grand-Bassam, près d’Abidjan en mars). Le Sénégal, jusqu’à présent épargné, a cependant renforcé la sécurité dans de nombreux lieux publics, comme les hôtels et les administrations.
La 24e édition de ce festival avait à l’affiche de la programmation officielle plusieurs groupes et artistes d’une dizaine de pays, dont Cheikh Lô et Cheikh Tidiane Fall (Sénégal), Omar Sosa (Cuba) et Marcus Miller (Etats-Unis).
Les concerts "in" devaient se tenir Place Faidherbe, au coeur de Saint-Louis, île bâtie sur l’estuaire du fleuve Sénégal, ex-capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) et ville classée en 2000 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Le programme comportait également des concerts "off", des échanges avec des artistes invités et locaux sur un autre site de la ville, des master class pour les jeunes, une foire d’artisans et de commerçants notamment.
"Nous ne désespérons pas, nous sommes confiants qu’on aura un festival", a insisté Fara Tall.
Si les autorités maintenaient l’interdiction du festival, ce serait "la première fois", et ce serait "un coup dur pour l’économie locale", a-t-il souligné, indiquant que les hôtels affichaient déjà complet cette semaine pour les festivaliers.
De grands noms du jazz comme Liz McComb, Gilberto Gil, Manu Dibango, Ali Farka Touré et Randy Weston se sont produits lors de précédents festivals. Selon les autorités locales, le Saint-Louis Jazz a également contribué à développer le tourisme dans la région.
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