Le Sénégal a signé hier avec les Etats-Unis d’Amérique un accord de coopération en matière de défense. Et tout laisse croire que notre pays sera l’un des hubs des interventions américaines dans la zone subsaharienne.
Le Sénégal, nouvelle base des interventions militaires américaines en Afrique au sud du Sahara ? Réponse très diplomatique de l’ambassadeur Peter James Zumwalt qui préfère parler de ‘‘partenariat’’. Le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, non plus ne s’est pas enfoncé davantage sur cette question malgré l’insistance des journalistes. Ce qu’il faut retenir c’est que le Sénégal et les Etats-Unis d’Amérique posent un acte fort dans leur coopération militaire. Les deux autorités ont signé hier un accord sur la coopération en matière de défense ‘‘ qui prépare le terrain pour une coopération militaire accrue dans les années à venir’’, l’ambassadeur américain dixit. Les modalités de cet accord sont avantageuses pour la première puissance mondiale. Concrètement, il s’agit de la venue prochaine et de l’installation d’un personnel militaire et civil de Défense américaine.
Le Sénégal a essayé de s’entourer du maximum de garanties mais a quand même accepté d’accueillir ce cheval en guise d’offrande sur son territoire. Beaucoup de privilèges et d’immunités sont accordés à la partie américaine, selon le ministre Mankeur Ndiaye qui listait quelques-unes des conditions d’accès pour la concrétisation de l’accord : endossement de la construction des établissements par les Etats-Unis ; affirmation de la propriété des bâtiments pour le Sénégal ; restitution de tous ces biens au terme de l’accord ; octroi de privilèges aux personnels militaire et civil américains similaires à ceux accordés à une mission diplomatique ; règlement de différends à l’amiable sous réserve d’un droit de dénonciation... ; et une durée indéterminée pour le présent accord. Une entente qui abroge et remplace celle concernant le statut du personnel américain militaire et civil du Département de la Défense des Etats-Unis, conclu par échange de notes, à Dakar, les 21 décembre 2000 et 11 janvier 2001.
L’accord a pour ‘‘objectif de fixer un ensemble de règles sur la façon dont les Forces armées des Etats-Unis coopèrent avec celles du Sénégal, et sur les conditions d’accès et d’utilisation des installations concernées lorsque nos militaires sont invités au Sénégal’’, a déclaré l’ambassadeur James Zumwalt. Déjà en octobre dernier, les Etats-Unis avaient envoyé 300 militaires au Cameroun dans l’effort de lutte contre Boko Haram. Pour le chef de la diplomatie sénégalaise, le pays gagne au change. ‘‘C’est le premier accord de cette nature que les USA signent avec un pays en Afrique au sud du Sahara. C’est très important pour les Forces de défense et sécurité du Sénégal’’, estime Mankeur Ndiaye.
Au début était Ebola
Cet accord est le résultat des trois réunions tenues entre les représentants des deux gouvernements les 25, 26 et 29 janvier 2016 dans la capitale sénégalaise. Un constat qui part de la nécessité de faire face aux défis imprévus. Comme la menace épidémiologique du virus Ebola en 2014 où les Etats-Unis avaient demandé l’installation d’une plateforme logistique à l’aéroport de Dakar pour leurs interventions en Sierra Léone et au Liberia. ‘‘Notre riposte à Ebola a montré que parfois, notre partenariat devait se mettre en place rapidement’’, a soutenu l’ambassadeur américain. Une transposition dans le domaine militaire qui a fait l’objet de négociations entre experts sénégalais et américains pendant plusieurs séances. ‘‘Nous allons tout faire pour que l’accord puisse être adopté par le Conseil des ministres et signé à l’Assemblée nationale pour ratification’’, promet Mankeur Ndiaye.