Le duel entre la communauté lébou et l’homme d’affaire Mbackiou Faye continue. Le mouvement dénommé : Cadre de concertation et d’échange pour les intérêts exclusifs de Oukam, se dit déterminé à récupérer toutes ses terres, notamment celles détenues par le représentant du khalife général des mourides à Dakar.
Le combat de la communauté lébou contre les promoteurs immobiliers en général et Mbackiou Faye en particulier a de beaux jours devant lui. Après les deux jours de manifestations violentes contre l’accaparement des terres du village de Ouakam, les jeunes s’organisent pour poursuivre la lutte. Regroupés autour d’un mouvement dénommé : ‘’Cadre de concertation et d’échange pour les intérêts exclusifs de Ouakam’’, ils se disent déterminés à aller jusqu’au bout. En conférence de presse hier, sur une place publique de la localité, ils ont réaffirmé l’appartenance des terres, objet de litige, à la communauté lébou.
Pour le président du mouvement, Ndiarka Diagne, son organisation est apolitique. Son objectif est de fédérer toutes les autres structures qui défendent la même cause.
Documents à l’appui, il affirme que le titre foncier brandi par Mbackiou Faye est totalement faux, car la base du document est fausse. ‘’Nous sommes partis vérifier dans les archives qui datent de 1940. Ces documents disent clairement que les terrains appartiennent au village de Ouakam. Même les archives de l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) montrent que les terres sur lesquelles se trouve l’aéroport Léopold Sédar Senghor n’avaient pas été immatriculées. Nos parents avaient refusé. Ils avaient autorisé les Français à les utiliser pour l’intérêt public et à les rendre à la collectivité lébou après’’, a-t-il expliqué. Galvanisé par les applaudissements de la foule, il ajoute : ‘’Il est anormal d’attribuer 75 hectares à des privés au moment où nous vivons dans une promiscuité totale. Celui qui touche à nos terres nous trouvera sur son chemin.’’
Contrairement au président du Cadre, assez modéré dans ses propos, les jeunes qui ont pris la parole sont plus menaçants. Tout en donnant la chance aux négociations menées depuis quelques jours par le gouverneur de la région de Dakar, Mouhamed Fall, ils menacent de reprendre les manifestations en cas d’échec. ‘’Nous sommes en train de négocier avec les autorités. Si nous ne sommes pas satisfaits, nous allons reprendre les manifestations car se battre pour nos biens est une fierté pour nous’’, a rappelé Pape Fodé aux nombreux jeunes mobilisés pour dire ‘’non aux prédateurs fonciers’’. Un autre membre du mouvement, Daouda Diop, de renchérir : ‘’Je ne sais pas d’où vient Mbackiou Faye. Il ne peut pas venir d’ailleurs et dire qu’il a des terres ici. Nous avons des papiers crédibles. Désormais, nous ne laisserons plus des gens venir se faire de l’argent sur nos biens. Donc ils n’ont qu’à nous mettre tous en prison, mais nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout‘’, a fulminé le jeune contestataire.
‘’La promesse non tenue de Macky Sall’’
Le Cadre de concertation pointe aussi un doigt accusateur sur l’Etat du Sénégal et son chef, Macky Sall. Ce dernier est coupable de ne pas avoir respecté sa promesse de campagne en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2012. Pour illustrer leurs propos, les membres du mouvement ont diffusé une bande sonore sur laquelle on entend le candidat Macky Sall dénoncer l’accaparement des terres de l’aéroport et promettre de les rendre à la communauté lébou une fois au pouvoir. Selon eux, quatre ans après, cette promesse reste toujours dans les oubliettes.
Pire encore, l’Etat doit 3 milliards à la collectivité lébou, à en croire le Président du Cadre de concertation. ‘’Lors de l’organisation du sommet de la Conférence islamique (OCI), nous avons vendu à l’Etat le titre foncier 507 pour la construction de la route qui passe devant le monument de la renaissance à 3 milliards. Jusqu’à présent, on a reçu zéro franc sous prétexte qu’on est divisé. Nous réclamons avec force notre argent‘’, a conclu Ndiarka Diagne, sous les applaudissements de l’assistance.