Le titre foncier 4407/Dg, situé autour du périmètre de l’aéroport, provoque des remous à Ouakam et Ngor. Désaffecté par un décret, il devait servir de lotissement administratif partiel, en vue du recasement des parcelles impactées par les servitudes aéronautiques dans les zones industrielles et commerciales de l’aéroport Lss. A l’arrivée, ce sont de hauts fonctionnaires, des ministres et des privés qui se sont partagé l’espace. C’est cela qui révulse les jeunes de ces villages.
La colère des jeunes de Ouakam était prévisible. Le bradage foncier sur le site de l’aéroport de Dakar laissait imaginer ces réactions des populations qui étouffent dans leurs villages à cause des attributions «irrégulières» accordées à des hommes d’affaires, autorités, promoteurs et personnes privées. Cette révolte est provoquée par l’attribution du Tf 4407 Dg situé derrière l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar. Ces dernières semaines, les jeunes de Ngor ont chassé du site, du côté de leur village, les engins et les géomètres chargés du terrassement et du bornage de plus de 50 ha déclassés de cet espace qui est le principal titre foncier englobant Lss.
En détails, ils ont été morcelés comme on répartit les quartiers d’un mouton le jour de la Tabaski : les 21 ha, dont le lotissement est présentement pris en charge par le ministère du Renouveau urbain, sont un ensemble de parcelles attribuées aux responsables politiques du régime actuel. Il s’agit d’une bande diagonale de 2,1 km, longeant le mur de la piste 03-21, partant des mamelles jusqu’au virage à Yoff, et comportant près de 1 000 parcelles. Il y a les 23 hectares qui appartiennent à l’Ipres qui a acquis cette assiette foncière par le biais de Mbackiyou Faye dont la société Promobilière était dans les grâces de l’ex-Président Abdoulaye Wade. Mais, les transactions ne sont pas faciles à cause de la détermination des jeunes de Ngor qui «surveillent régulièrement le site». On a appris que le reste du Tf est réservé au recasement des frustrés de la cité Tobago.
Par ailleurs, les jeunes sont ulcérés par la construction d’un mur par les Aéroports du Sénégal. Il est décalé de 300 m du mur initial et part du cimetière catholique Saint-Lazare jusqu’à la piste Yoff-Tonghor. «Et sans avertir les propriétaires lébous et sans expropriation. C’est une bombe à retardement qui peut faire réagir les populations à tout moment», dénonce Mame Birane Mbengue, coordonnateur du Collectif des jeunes de Taanka qui lutte pour la préservation du foncier des Lébous.
Dans ses éditions du 3 et 10 juillet 2015, Le Quotidien annonçait que l’attribution des titres fonciers 350 Grd et 4407/Dg allait provoquer des remous autour du périmètre aéroportuaire. Désaffectés par un décret, ils devaient servir de lotissement administratif partiel, en vue du recasement des parcelles impactées par les servitudes aéronautiques dans les zones industrielles et commerciales de l’aéroport Lss. A l’arrivée, ce sont de hauts fonctionnaires, des ministres et des privés qui se sont partagé les parcelles. Les veinards se retrouvent avec des parcelles de 200, 300, 400 et plus de 5 000 m² autour du périmètre de l’aéroport. Il faut savoir que le TF 4407/DG a été désaffecté, en partie, par le décret N°2014-802 du 25 juin 2014. Il fait l’objet d’un arrêté portant autorisation de Lotissement administratif partiel, en vue du recasement des parcelles impactées par les servitudes aéronautiques dans les zones industrielles et commerciales de l’aéroport Lss sur la piste 03/21. Et il appartiendrait aux héritiers de la famille feu Dame Mbengue. Mais, à l’arrivée, des fonctionnaires et des responsables de l’Etat se partagent cet espace.
De toute façon, les autorités sont au courant de cette affaire qui a réveillé les jeunes de ces villages lébous. Dans une lettre adressée au Premier ministre et datée du 10 avril 2013 et intitulée Situation lotissements à Ouakam-Aéroport, les noms de tous les bénéficiaires de ces nouvelles parcelles sont détaillés. Pourtant, le 1er mars 2013, le Premier ministre d’alors, Abdoul Mbaye, avait demandé à Pathé Seck, ministre de l’Intérieur de l’époque, de mettre en place un Groupe opérationnel mixte de surveillance des alentours de l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor. Il l’alertait par rapport à la «prolifération de nouvelles constructions irrégulières dans l’emprise des 350 m, bordant la piste de l’aéroport».
Controverse autour d’un décret
Aujourd’hui, on comprend la portée de la lettre du directeur des Aéroports du Sénégal (Ads). Dans ce courrier daté du 14 avril 2015 et adressé au chef du bureau des Domaines de Ngor-Almadies et de Grand-Dakar, le directeur des Aéroports du Sénégal avait indiqué que des bâtiments peuvent être construits sur le Tf 4407/Dg situé près de l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor. Toutefois, explique Pape Maël Diop dans sa missive, la hauteur maximale des constructions ne doit pas dépasser 7 m. Toutes ces mesures n’ont pas réussi à altérer la détermination des jeunes. «Ce qu’il faut apprendre de cette manifestation des jeunes de Ouakam, c’est que c’est un mouvement spontané qui n’exclut pas une réaction prochaine des populations de Yoff et de Ngor, et même les trois villages à la fois, si les autorités ne réagissent pas à temps», prévient M. Mbengue. Hier, ils ont reconduit la manifestation après celle de mardi qui a fait trois blessés du côté des manifestants et des gendarmes.