Amadou Lamine Sall suggère "un système qui rationaliserait les élections" et donnerait au Sénégal "le temps de travail qu’exige une nation moderne", dans une tribune où le poète sénégalais déplore une atmosphère "étouffante" consécutive au référendum constitutionnel du 20 mars dernier.
"Le référendum fini, voilà déjà les politiciens douchés et rhabillés pour aller préparer les législatives de 2017 et la présidentielle de 2019. L’insuffisance respiratoire les guette. Ce pays aura-t-il le temps du vrai travail, chaque camp politique aiguisant déjà ses couteaux et affinant ses stratégies ?" se demande-t-il dans ce texte dont une copie a été transmise à l’APS.
"Ne faudra t-il pas commencer enfin par le commencement : asseoir un système qui rationaliserait les élections en donnant au pays, au peuple, à ses élus, le temps de travail qu’exige une nation moderne qui rêve d’émergence ?" s’interroge encore Amadou Lamine Sall.
"Notre espace politique est comme diabétique, plein de cholestérol. Son groupe sanguin relèverait d’une espèce venue d’une planète d’outre-ciel. Son insuline préférée : les prébendes. Par contre, l’acquis républicain et démocratique de notre peuple est inestimable", fait valoir M. Sall, président de la Maison africaine de la poésie internationale (MAPI).
"Reste aussi à mettre nos ressources humaines qualifiées au service du développement de la cité, une cité pourrie par des joutes interminables et une rare abondance d’indiscipline et de vanité creuse", écrit encore le poète, lauréat des Grands Prix de l’Académie française.
Il ajoute : "A la vérité, nous avons plus d’hommes politiques que d’hommes d’État en puissance. La politique semble être pensée et conçue, à tort, comme un trou de verdure où paissent des vaches grasses nourries de nos impôts. Ceux qui paient eux, sont faméliques. Il faut changer la donne et alléger les charges pécuniaires des fonctions républicaines. Servir le peuple n’est pas se nourrir mieux que lui".
"Il nous faut des forces de propositions culturelles, économiques et non des forces d’émeute", préconise-t-il, avant d’ajouter : "C’est cette nouvelle posture que nous souhaitons pour apaiser la vie politique avec des débats sur des projets de développement et non des diatribes, accusations, insultes".
"En un mot : faire concret et utile dans un dialogue pacifique des différents projets politiques. Tout ceci dans la perspective d’asseoir la transparence qui chasse l’arbitraire’’, poursuit M. Sall, secrétaire général de la Fondation Fondation Gorée, en charge du projet de mémorial situé sur l’île du même nom, au large de Dakar, en mémoire des victimes de la Grande traite négrière.
"Il faut déplacer le combat dans le champ des propositions au développement. Notre rapport au pouvoir doit être repensé dans ce sens", insiste Amadou Lamine Sall.