L’eau, l’électricité et les routes restent les trois principales priorités à Kaguitt, le plus gros village de l’arrondissement de Niassya qui renait de ces cendres. L’une des localités les plus touchées par le conflit en Casamance est en train de tourner les pages sombres de ce conflit. Un fort vent de paix souffle depuis dans cette localité qui est résolument tournée vers son développement. Kaguitt qui a fini de panser ses maux, veut sortir des ténèbres et réclame l’électrification des routes et de l’eau potable.
La seule évocation du nom Kaguitt renvoie aux pages sombres du conflit en Casamance. Cette localité de la commune de Niassya qui garde encore douloureusement les stigmates de la crise aborde un nouveau virage. Celui du développement. Avec le retour de ses populations déplacées qui s’effectue progressivement depuis 1995 Kaguitt, jadis poumon économique de cette zone, veut avec ces populations redorer son blason. Ce village dégage trois priorités que sont l’électrification, l’accès à l’eau potable et la construction de pistes. Plus gros village du département, Kaguitt «veut de la lumière» pour baliser les pistes de développement.
Les populations ne cessent d’agiter cette doléance surtout que le paradoxe très patent fait que la moyenne tension traverse ce village et les populations ne peuvent se résigner qu’à apercevoir les câbles de tensions qui surplombent leur village. L’électrification du village pourra changer le comportement et le visage de Kaguitt si l’on en croit le maire de la commune de Niassya, Mamadou Diallo qui ne s’est pas empêché de s’interroger en ces termes : «qu’est-ce que les populations de la commune ont fait pour ne pas bénéficier de l’électrification alors qu’il y a la moyenne tension traverse les villages de la commune pour aller desservir la commune d’Oussouye ?»
Ici, l’électrification est une nécessité pour booster les activités économiques dans cette localité. L’accès à l’électricité va impacter positivement sur la vie des populations», a laissé entendre l’édile de Niassya qui soulève une autre préoccupation qui tient à cœur les populations de cette localité qui aperçoivent la frontière avec la Guinée-Bissau, distante seulement de quelques mètres. L’eau potable reste une doléance majeure pour ces populations qui, à défaut d’une bonne route pour désenclaver leur localité, réclament également la construction de la piste qui rallie Kaguitt. Les populations continuent à s’approvisionner dans les puits avec tous les risques de maladies diarrhéiques.
L’avancée de la langue salée donne d’ailleurs du tournis à ces mêmes habitants de Kaguitt, le plus gros village de l’arrondissement de Niassya. La piste qui mène à Kaguitt, est impraticable à une certaine période de l’année. Conséquence : il faut faire le grand contournement par Youtou pour rallier cette localité. «Le village est potentiellement riche. Il y a des agrumes, des fruits exploités mais le problème d’écoulement se pose avec acuité», se désole le maire de Kaguitt, Mamadou Diallo.
Une localité qui a enclenché le retour de ses populations déplacées. Ces dernières, à la faveur de certaines initiatives, effectuent un retour au bercail. Une situation qui est cependant un peu plombée par le manque de tôles pour la couverture de leurs maisons. Lorsque le chef de village de Kaguitt évoque la question, c’est pour exhorter les autorités à leur venir en aide pour booster le processus de retour des populations de cette localité meurtrie par des années de conflit en Casamance . «Les populations qui avaient fui le village depuis une décennie commencent à revenir. Elles retrouvent leurs riches terres. Mais, dépourvues de moyens, elles ne peuvent pas construire leurs maisons et même si elles y parviennent, se pose la lancinante question de couverture de leur maison. L’Etat doit nous aider par l’octroi de tôles car l’hivernage approche à grands pas et ces maisons construites risquent de s’effondrer», avertit-il.
Economiquement riche, ce village, l’un des vingt-neuf de l’arrondissement de Niassya tente de refaire son tissu économique fortement déchiré par la regrettable situation consécutive aux mines qui ont infesté certains champs dans la zone. Le processus de déminage opéré dans la zone rassure certes mais le spectre de ces engins de la mort continuent de hanter ces populations qui ont vécu des moments terribles du conflit avec les agissements des bandes armées qui avaient fait de cette zone de Kaguitt leur zone de prédilection.
En atteste la proximité de certaines bases du MFDC situées à la lisière de la frontière avec la Guinée-Bissau. Aujourd’hui, un fort vent d’accalmie souffle à Kaguitt et environs. Et la récente visite dans cette localité d’une mission de l’Union européenne, accompagnée des autorités administratives sans escorte militaire, renseigne sur cette accalmie et la paix qui règnent dans la zone. Ce qui était inimaginable dix ans, derrière.