Pape Wemba est décédé dimanche matin, à 67 ans, à la suite d’un malaise sur scène. Considéré comme l’une des grandes voix d’Afrique, le chanteur congolais était aussi un as de la sape.
L’édition 2016 du festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) restera à jamais gravée dans la mémoire collective. Non pas seulement parce que les affiches étaient intéressantes mais surtout parce que c’est sur l’une des scènes de concert où a succombé le roi de la Rumba congolaise, Papa Wemba, micro à la main. Il est décédé en effet dimanche matin après un malaise sur scène. Il aurait interprété trois chansons avant. C’est en entonnant la quatrième qu’il serait tombé sur scène. Il ne serait pas mort sur le coup. D’après le correspondant de Radio France internationale à Abidjan, il était encore conscient quand il quittait le spectacle.
Le chanteur congolais animait un show à Abidjan dans le cadre de cette rencontre annuelle qu’organise le Magic Système. Il devait d’ailleurs, après Abidjan, prester à Korhogo et ainsi clôturer le Femua. Naturellement, cette étape vient d’être annulée par les organisateurs. ‘’C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès de l’artiste congolais Papa Wemba, survenu à la suite d’un malaise. Au vu des événements, le concert de clôture prévu à Korhogo est annulé’’, a brièvement annoncé aux journalistes le Commissaire général du Festival Salif Traoré dit A’salfo, la voix étreinte par l’émotion. Il avait à ses côtés le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, venu exprimer sa ‘’solidarité à la famille de la musique africaine’’, lit-on sur le site www.lemonde.fr.
Le réveil a dû être brutal pour toute l’Afrique hier mais particulièrement pour les Congolais. Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba né en 1949 dans la région du fleuve Kasaï, était l’un des plus grands ambassadeurs de la culture de ce pays. Aussi, depuis 40 ans, il est resté l’un des artistes les plus populaires d’Afrique. Pourtant, son père voulait qu’il devienne avocat. Mais le destin en avait décidé autrement pour lui surtout que la passion pour le chant était innée chez Papa Wemba. Cette dernière, il la tenait de sa mère qui était une ‘’pleureuse’’. Il l’accompagnait souvent aux veillées funèbres. C’est par la suite qu’il intègre des chorales avant d’aller à Kinshasa à l’âge de onze ans. Il souhaitait déjà faire de la musique. Fortement influencé par les mélodies anglo-saxonnes, il se faisait alors appeler Jules Presley. A 20 ans, Pape Wemba décide avec d’autres de monter l’un des plus grands groupes congolais des années 1970 ‘’Zaïko Langa Langa’’. C’est grâce à eux que ‘’la Rumba’’ a pu renaître.
Papa Wemba n’a pas fait que jouer les mélodies de cette musique bien congolaise. Il y a apporté une touche nouvelle et moderne avec des instruments électriques. Son audace lui a permis de s’imposer d’abord sur la scène nationale ainsi que celle africaine avec son nouveau groupe ‘’Viva la musica’’ créé en 1977. Ensuite dans les années 1980, il a pu percer le marché international en s’installant en 1986 en France. Il signera plus tard, au début des années 1990, un contrat avec le label de Peter Gabriel, Realworld.
Il assurait les premières parties du chanteur anglais avec qui il a réalisé trois productions. Ainsi, continuait une brillante carrière musicale. La réputation de ce talentueux ‘’roi de la Rumba’’ ne souffrira d’aucune tache jusqu’à la fin des années 1990. En effet, en 2000, il est condamné pour aide au séjour irrégulier d’étrangers sur le sol français sous couvert de ses activités musicales. Cela ne l’empêchera pas de continuer à briller en Afrique. Papa Wemba a été à l’affiche de toutes les grandes rencontres du continent ou pour le continent. En 2008, par exemple, il est invité à chanter lors de la célébration des 90 ans de Nelson Mandela à Londres.
Papa Wemba n’était pas que connu grâce à sa musique. Il impressionnait son public grâce à son style. On le surnommait d’ailleurs le ‘’Prince de la Sape’’ ou encore le ‘’Pape de la Sape’’. Avec Joe Ballard et d’autres, il avait créé la société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape). Ils osaient les alliances les plus inimaginables en mode et en étaient fiers.