Trente maîtres menuisiers de la région de Tambacounda (est) ont obtenu une certification aux normes standard, au terme d’une dizaine de jours de formation visant à les rendre aptes à concourir pour l’accès à la commande publique.
"Tout le monde est admis", a relevé Youssouph Barro, chef du service technique de la Chambre des métiers de la capitale orientale, lors d’une cérémonie de clôture présidée dans les locaux de ladite institution par le gouverneur Bouya Amar.
Cette formation initiée par la Chambre des métiers de Tambacounda a été appuyée par l’Office national de la formation professionnelle (ONFP), en collaboration avec l’ONG "La Kora" et d’autres partenaires comme le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural (PADAER) et le Groupe d’action pour le développement communautaire (GADEC). L’association Exchange a fait venir un formateur.
Les menuisiers ont vu leurs compétences évaluées par des inspecteurs commis par l’Office national de la formation professionnelle, jeudi. Ils recevront tous un diplôme d’Etat attestant de l’acquisition du savoir-faire qui leur a été inculqué, a dit M. Barro.
"Nous sommes aujourd’hui convaincus d’avoir acquis les qualifications qu’il faut pour fabriquer des meubles de qualité", a dit Jean Ndiaye, porte-parole des bénéficiaires.
"Nous sommes convaincus que nos meubles peuvent valablement concurrencer ceux importés du point de vue de la qualité et de la solidité", a-t-il soutenu, ajoutant que cette formation de 10 jours leur a appris à "travailler série" et par là, à "gagner du temps, quelle que soit l’importance de la commande".
Les participants, a-t-il dit, ont discuté de la possibilité de se regrouper en GIE pour faire face à des marchés importants. Il a saisi l’occasion pour solliciter l’ouverture d’un atelier communautaire équipé, afin de faciliter la tenue d’autres séminaires.
Certains travaux d’usinage effectués dans le cadre de la session ont été faits dans d’autres ateliers, nécessitant des déplacements nombreux et coûteux, a dit M. Ndiaye, notant que cet atelier réclamé pourra aussi être utilisé par les artisans qui manquent d’équipements appropriés.
Le gouverneur a fait remarquer l’importance de se former aux normes dans un monde globalisé, de concurrence et de vitesse. Même si l’Etat a décidé d’octroyer 15% de la commande publique, il exige de la qualité, a-t-il laissé entendre, relevant que la durée de vie minimale d’un meuble commandé par l’Etat est de cinq ans.
Si le bien se détériore avant ce délai celui qui a effectué la commande se retrouvera "en faute aux yeux de l’Etat", a-t-il souligné.
"La décision (sur les 15%) a été prise, ce qui reste, c’est la bataille pour les marchés", a-t-il lancé, les invitant à avoir à l’esprit "le souci de la qualité, du faible coût", tout comme les principes de bonne gouvernance et d’éthique.
Concernant la suggestion faite aux autorités locales, par Mohamed Sorgho, représentant de l’association Exchange, de commencer par donner de "petites commandes" en guise de test aux menuisiers locaux, il a noté que cette question serait réglée si la décentralisation des finances publiques, "une vieille doléance", était effective.
A ce jour, a-t-il précisé, c’est le ministère des finances qui passe les commandes publiques.
Les participants ont fabriqué comme prototypes : une table de conférence, deux tables de bureau, six chaises bourrées, un salon et un meuble de rangement, qui ont été visités par la délégation accompagnant le gouverneur.
Le formateur Lukas Sabbe de l’entreprise française "M sur M" (Mesure sur mesure) s’est dit "séduit", au-delà du design, par les dessins et la peinture, qui constituent une "touche africaine" que les artisans ont appliqué aux meubles qu’ils ont réalisés.
"C’est un mobilier qui a du caractère", a-t-il commenté, avant de saluer l’engagement des menuisiers, qui sont selon lui allés au-delà du temps de travail. "Vous m’avez électrocuté dans tous les sens avec un esprit positif", leur a-t-il lancé.
Le président de la Chambre des métiers de Tambacounda, Abdoulaye Sarr, a lui exhorté les maîtres menuisiers ayant suivi la formation à appliquer et à vulgariser le savoir acquis et à se donner comme crédo "le travail bien fait".