Afin de mieux appréhender le partenariat public privé dans l’agriculture, l’université des Nations unies à travers l’Institut africain des ressources naturelles a commandité une étude dans ce sens. Les travaux ont permis de relever les avantages et les obstacles d’une bonne collaboration entre acteurs.
L’agriculture reste un secteur à forte potentialité pour les pays africains encore enlisés dans la pauvreté. Mais ceux-ci ont du mal à booster cette activité pour répondre au moins à deux préoccupations majeures : la sécurité alimentaire et l’emploi. Un des facteurs bloquant reste jusque-là l’accès au financement et aux moyens de production. Or, les différentes initiatives publiques tentées par le passé ont montré leurs limites.
Il y a pourtant un nouveau mécanisme de plus en plus promu dans le monde et qui fait ses preuves, le partenariat public privé. Pour le moment, au Sénégal comme dans les pays de l’Afrique subsaharienne, ce modèle est très peu promu. Ce qui a justifié le lancement d’une étude au Sénégal par l’université des Nations unies à travers l’institut africain des ressources naturelles. L’objectif est de relever les atouts et les obstacles au développement du partenariat public-privé dans le secteur de l’agriculture, celle durable notamment.
Parmi les facteurs favorables au PPP relevés par le consultant Waly Clément Faye, il y a ceux liés au contexte socioculturel. Ainsi, l’on note l’existence d’une main-d’œuvre locale disponible et abondante, le ‘’niveau élevé d’insécurité alimentaire (incidence de l’insécurité alimentaire au niveau national: 18,8%) et de pauvreté en milieu rural (incidence de la pauvreté en milieu rural : 82,0%)’’. De même, les activités horticoles et de riziculture irriguée sont fortement ancrées dans les habitudes culturales des producteurs dans les zones telles que les Niayes, la Vallée du Fleuve Sénégal, et la zone du Lac de Guiers. Pendant ce temps, le pays connaît une alimentation presque à base de riz. Ce qui pourrait peut-être s’expliquer par la faiblesse des capacités des producteurs locaux à aménager et exploiter de grandes superficies.
Les facteurs bloquants
Les autres facteurs positifs sont relatifs à l’économie. La facture élevée des importations, la ‘’volonté du Gouvernement d’assurer l’équilibre de la balance commerciale à travers le développement de biens de substitution aux importations et la promotion des exportations’’. A cette volonté s’ajoute l’existence d’une banque agricole (CNCAS) et d’une compagnie nationale d’assurance agricole. Sans compter, selon M. Faye, le dynamisme et l’engagement des institutions de microfinance. Quant aux aspects politico-juridiques, il se rapporte à l’adoption d’une loi sur le PPP secteur agricole en 2014, l’engagement de l’Etat et des collectivités locales ainsi que la mise en place d’institution d’accompagnement comme le ministre de promotion des investissements et l’Apix.
Au vue de tous ces atouts, l’on est en droit de se demander pourquoi le PPP dans le secteur de l’agriculture n’a pas atteint sa vitesse de croisière au Sénégal. La réponse est toute simple : c’est parce qu’il existe aussi des facteurs bloquants non négligeables. Parmi ceux-ci, l’on peut citer les réticences de certaines populations locales à céder leurs terres, les conflits avec l’élevage pastoral, le coût relativement élevé couplé d’une qualité insuffisante de l’énergie. Ce qui rend la concurrence des produits exportés presque impossible. Sans compter le manque de magasins de stockage et la faible compétitivité du secteur privé national. Il en est de même des études environnementales très coûteuses, de l’absence d’infrastructures de base et d’autres menaces liées à l’environnement comme la salinisation des terres et l’impact négatif des industries extractives dans les zones de production.