16 heures à la place de l’Obélisque. Le très redouté «Dragon noir» à la carrosserie criblée d’impacts de pierres dicte sa loi sur une place morne. Pas de manifestants en vue ! Les hommes aux uniformes bleus et aux bérets rouges ont assiégé les lieux où les «Karimistes» s’étaient donnés rendez-vous pour exprimer leur colère et réclamer la libération «sans condition» du leader de la «Génération du concret», qui croupit en prison depuis bientôt un an pour enrichissement illicite présumé à hauteur de 700 milliards de francs Cfa.
En ce moment où l’arrêt rendu par la Cour suprême sur le recours des avocats de M. Wade et relatif à la constitutionnalité ou non de la Crei donne un brin d’espoir aux partisans de Karim Wade qui cherchent à durcir le ton sur le terrain, l’Etat ne fléchit pas. Au contraire ! Profitant de cette brèche ouverte par la justice, les «Karimistes» qui voulaient demander la libération pure et simple du fils de Me Wade voient leur manifestation prévue hier à la place de l’Obélisque, interdite à la dernière minute. Derrière cette décision du préfet de Dakar qui avait pourtant émis une réponse favorable à leur demande de marche, les manifestants flairent une main du parti au pouvoir.
Pris au dépourvu, les «Karimistes» qui cherchaient à organiser la résistance face aux policiers se sont finalement retranchés devant la mosquée Mazalikoul Djinane de Colobane. Trois de leurs responsables ont été interpellés lors de l’altercation avec les Forces de l’ordre.
Selon la trésorière du mouvement, Fatou Sy, il s’agit de : «Demba Dang, Ibrahima Sall et Khadim, le griot de Abdoulaye Wade». Revenant sur cette marche avortée, elle raconte : «Nous sommes arrivés à la place de l’Obélisque à 14 heures. En tant qu’organisateurs de la manifestation, on s’est regroupés à la place où nous avons trouvé les policiers. On pensait qu’ils étaient venus encadrer la marche. Alors qu’on situait les militants qui devaient être acheminés par des cars, le commissaire est venu nous dire que la marche était interdite. Demba, lui, a montré l’autorisation sur laquelle la signature du préfet de Dakar est apposée. L’agent, lui aussi, nous a montré une autre lettre où le préfet notifie l’interdiction de la marche. On ne comprend pas ce qui s’est passé».
D’après Fatou Sy, le préfet qui a lui-même pris la décision d’autoriser la marche devait prendre le soin au moins d’aviser les manifestants qui n’ont fait qu’user du droit que leur confère la loi. «Ce n’est pas normal du tout», lance-t-elle. Très irritée par l’interpellation de ses camarades en détention au commissariat central de la police de Dakar, Mme Sy confie : «Nous allons redescendre dans la rue s’ils ne sont pas relâchés. Présentement (hier), le ministre Farba Senghor et d’autres responsables sont à la police centrale».