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Disparités dans la fonction publique: Les raisons de la frustration
Publié le jeudi 21 avril 2016  |  Enquête Plus
La
© Autre presse par DF
La ministre de la fonction publique invitée de la presse
Dakar, le 13 avril 2016 - La ministre de la Fonction publique Viviane Laure Elisabeth Bampassy a été l`invitée de l`Aps. Elle a abordé les questions relatives à la modernisation de l`administration et de la fonction publique.




Aux ministres, aux magistrats, aux ambassadeurs et aux hauts fonctionnaires, les indemnités de l’ordre de 500 000 ou plus, dépassant parfois même le salaire. A d’autres corps, des miettes. Voilà la source principale de la frustration des enseignants qui n’ont que 60 000 F d’indemnités de logement. Attention cependant à une comparaison systématique, car chaque corps à ses spécificités.

La question fondamentale des grèves dans la Fonction publique se rapporte à un seul mot : la frustration. Certains corps sont largement gâtés alors que d’autres sont négligés. D’ailleurs, à l’occasion du forum de l’administration sénégalaise, le chef de l’Etat a clairement reconnu les disparités et la nécessité de corriger. "Une décision sera prise pour tout remettre à plat. A un moment donné, il faudra tout harmoniser pour avoir une administration qui marche à la même vitesse. On ne peut pas avoir des corps super-privilégiés et d’autres complètement sacrifiés", a répondu Macky Sall à Diamniadio lors du forum sur l’Administration.

Mais dans les faits, les pratiques sont loin des déclarations de principe. En guise d’exemple, alors que les indemnités, toutes catégories confondues, devaient être gelées jusqu’à la fin de l’étude susmentionnée, le ministre de l’Economie Amadou Ba a sorti un arrêté le 08 février 2016 accordant des indemnités de vacation de 150 000 à 450 000 aux agents de la Planification et des études économiques. Dans cette grille, même les chauffeurs ont droit à 150 000 F. ‘’Rendez-vous compte que même un chauffeur a plus d’indemnités qu’un inspecteur de l’Education. S’il y avait un mot plus fort que scandale, on l’aurait dit. C’est plus que de la provocation’’, s’indigne Dianté. Il faut signaler cependant que d’après Cheikh Tidiane Aw, chargé du dialogue social à la Cosydep, au dernier nouvel, l’arrêté a été retiré par le ministre.

Mais cette politique du deux poids deux mesures n’est pas une première. Mody Niang, inspecteur de l’Education à la retraite, indexe la mauvaise gestion du pouvoir libérale entre 2000 et 2012. Pour lui, le principal facteur de déstabilisation reste la frustration née des traitements discriminatoires. ‘’Je me rappelle en septembre 2004, Me Wade a convoqué un séminaire à Somone. C’est là qu’il a annoncé sa volonté d’augmenter le salaire des ministres de 370 000 F à 2 millions.

C’est là qu’il a rendu publique sa volonté d’accorder des indemnités importantes aux autorités administratives, gouverneurs, préfets, sous-préfets, (respectivement) 500 000, 300 000, 200 000. Quelque temps après, il reçoit les magistrats qui demandent le doublement de leurs indemnités de judicature de 150 000 à 300 000 F. Ils obtiennent gain de cause au détour d’une audience. Quelque temps après, ils reviennent, ils exigent 500 000 et le Président leur donne 800 000. A ce moment-là, le professeur le plus gradé de l’Université avait une indemnité de l’ordre de 600 000 F. Le magistrat qui sort a tout de suite 800 000 d’indemnités, sans compter son salaire’’, révèle-t-il.

Et ce n’est pas tout, puisque le président Wade a octroyé 900 000 F d’indemnités (imposables) aux maires des communes chefs-lieu de région. Les forces de l’ordre ont vu aussi leurs indemnités connaître une courbe ascendante. Ce qui a naturellement réveillé d’autres appétits. ‘’Le professeur d’enseignement secondaire et le prof d’université qui ont 60 000 F d’indemnités en demandent plus. On leur dit : non ! vous êtes nombreux ! Voilà la frustration’’, conclut-il. Un argument que ne partage pas nécessairement la Cosydep.

L’organisation, à travers son chargé du dialogue social, Cheikh Tidiane Aw, reconnaît certes qu’il y a des disparités et des injustices à réparer. Pour autant, il reste d’avis qu’il ne faut pas se livrer à une comparaison systématique entre fonctionnaires. ‘’Quand on est dans l’éducation, c’est qu’on a choisi d’aller dans l’éducation. Il y a un régime d’indemnités qui va avec l’éducation. Je ne suis pas d’accord qu’on dise toujours que telle personne à telle chose. Si vous voulez des indemnités de ceux qui sont dans l’armée, il faut aller dans l’armée. Si vous voulez des indemnités des ambassadeurs ou les hauts fonctionnaires, il faut aller dans ces corps. On ne peut pas se prendre toujours en comparaison. Il y a des agents qui sont dans la Fonction publique et qui envient les enseignants. Si tout le monde se mettait à regarder ce que l’autre a, on ne s’en sortirait pas’’, prévient-il.

Le faux bond du ministère de l’Education

Afin de trouver réponse à toutes ces questions soulevées, EnQuête a approché le ministère de l’Education nationale depuis mardi dernier. Après 3 rendez-vous manqués, l’agent du département de Serigne Mbaye Thiam devant répondre à nos questions a fini par nous recevoir samedi dernier. À peine deux questions, la personne nous a fait comprendre qu’il y a des dossiers qui relèvent des ministères de la Fonction publique et des Finances.

Elle nous a donc suggéré d’attendre lundi après-midi (la publication de l’article était initialement prévu lundi) afin qu’elle s’informe auprès de ces deux départements susnommés. Hier, nous l’avons appelé pour lui rappeler le rendez-vous. Après avoir rejeté les appels sans doute parce qu’occupée, elle envoie le message qui suit : ‘’En réunion gouvernement/syndicats. Je vous reviens après.’’ Nous avons donc attendu. Mais jusqu’au moment où ces lignes étaient sous presse, sa réaction ne nous était pas parvenue.
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