La Gambie fait encore parler d’elle. Une manifestation pacifique violemment réprimée. Bilan, plusieurs morts dont Ebrima Solo Sandeng, secrétaire national à l’organisation de United democratic party (Udp). Ce jeune leader politique est mort en détention. Plusieurs responsables politiques sont également actuellement en détention. Amnesty international, la Raddho et Article 19 demandent une enquête «indépendante» et «approfondie» pour faire la lumière sur les circonstances de cette mort et la libération des participants à cette marche pacifique.
L’étau se resserre autour du Président gambien Yahya Jammeh suite à la mort de l’opposant Ebrima Solo Sandeng et l’arrestation de plusieurs personnes qui réclamaient depuis le 14 avril 2016 des réformes électorales en Gambie. Amnesty international, la Rencontre africaine pour la défenses des droits de l’Homme (Raddho) et Article 19 condamnent fortement la mort en détention du leader politique Ebrima Solo Sandeng, secrétaire national à l’organisation de United democratic party (Udp). Les trois Ong ont, chacune dans un communiqué, exigé l’ouverture immédiate d’une enquête «approfondie» et «impartiale» sur la mort en détention du jeune leader politique. Pour sa part, la Raddho invite la Cedeao, l’Union africaine et l’Organisation des Nations unies à envoyer des missions d’enquête en Gambie pour faire la lumière sur les violations graves et répétées des droits humains commises dans ce pays.
Expliquant les circonstances de l’arrestation de Solo Sandeng, Article 19 indique que le jeune leader avait été arrêté pendant la manifestation avec d’autres militants du parti Udp dont Fatoumata Jawara «sévèrement violentée», Nokoi Njie, Falang Sonko, Faa Gitteh, Fatou Camara, Modou Ngum… «Nous sommes choqués par la mort de Ebrima Solo Sandeng. Nous demandons à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples qui tient présentement sa 58ème session en Gambie de se saisir d’urgence de la situation», déclare Fatou Jagne Senghor, directrice régionale d’Article 19 Afrique de l’Ouest.
Pour Amnesty international, elle tient à préciser que la Gambie doit respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique dans ce contexte où des élections sont prévues vers la fin de l’année. Ainsi, elle demande la libération sans condition de tous les manifestants pacifiques arrêtés. L’Ong s’inquiète de l’état de santé de Fatoumata Jawara, actuellement en détention. «Elle souffre de blessures graves», rapporte-t-elle préoccupée.
Pourtant, d’après le témoignage de personnes présentes lors de la manifestation de jeudi après-midi à Serrekunda, Banjul, rapporte Amnesty international, la marche a été pacifique, «les participants s’exprimaient et appelaient à des réformes électorales», note-t-elle. Mais très vite, raconte toujours l’Ong, «la manifestation a été dispersée par la police qui a arrêté plusieurs membres du parti (udp )». Article 19 informe que ces personnes ont été d’abord acheminées à la prison de Mile 2 et plus tard à l’Agence nationale de renseignement pour interrogatoire.
Il faut rappeler que Solo Sandeng a consacré plusieurs années à la vie politique en Gambie. Il avait déjà été arrêté en 2013 pour ses activités politiques. Sa mort vient s’ajouter à une longue liste de victimes de la torture dans le pays de Yahya Jammeh. Selon diverses sources relayées par la Raddho, «les personnes arrêtées risquent de subir le même sort que M. Solo Sandeng».
Washington condamne «la réaction sévère» de Jammeh
Malick GAYE - La répression sanglante de la manifestation pacifique de jeudi dernier des opposants gambiens a fait réagir le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. Par le biais du Département d’Etat et à travers un communiqué, Washington condamne «la réaction sévère du gouvernement gambien à une protestation pacifique». «Nous demandons la fin immédiate de la violence et exhortons tous les Gambiens à faire montre de retenue et de calme», poursuit le Département d’Etat dans son document.
Par ailleurs, les Etats-Unis invitent «le gouvernement de la Gambie à se soumettre à ses obligations internationales conformément à la Convention internationale des Nations unies sur les droits politiques et civils, y compris le droit au rassemblement pacifique».