Alors que Yahya Jammeh se trouve à Istanbul, des jeunes sont sortis dans la rue pour réclamer des réformes électorales en Gambie où la Présidentielle est fixée au 1er décembre prochain. Mais ils ont été arrêtés au bout de quelques minutes par la police qui a réprimé la marche. Cela annonce des lendemains troubles dans ce pays.
Au moins, ils ont osé. Confinés dans un huis clos permanent depuis 22 ans, les jeunes Gambiens ont vaincu la peur en se rassemblant à Serrekunda, ville très peuplée et située à quelques kilomètres de Banjul, pour exiger des réformes électorales. Mais la manifestation a été violemment réprimée par la police et des forces paramilitaires envoyées par le régime qui ne tolère pas que la population exprime son ras-le-bol par rapport à la gestion du pays. C’est presqu’inédit du fait que les manifestations sont extrêmement rares en Gambie. En avril de l’an 2000, un rassemblement d’élèves avait été réprimé dans le sang.
Aujourd’hui, il est difficile d’établir un bilan : En attendant, plusieurs sites gambiens annoncent l’arrestation d’une dizaine de personnes et plusieurs blessés qui ont été évacués dans les hôpitaux. Certains annoncent même l’imminence de l‘instauration d’un couvre-feu pour tenter d’étouffer ces contestations naissantes. La situation serait tendue à Banjul. Elle risque encore de devenir plus cruelle avec le retour de Yahya Jammeh au pays qui ne manquera pas de taper sa main de fer sur les manifestants en lançant en même temps la chasse aux sorcières. Cela lui servira de boussole pour légitimer d’éventuelles purges dans la classe politique et les médias.
La Présidentielle gambienne, qui est fixée au 1er décembre prochain, cristallise la passion. Le Président gambien, Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans, qui a été investi candidat par son parti pour briguer un cinquième mandat à l’élection présidentielle prévue en décembre, est opposé à toute limitation de mandat. Il y a une semaine, il avait nommé Alieu Momar Njie, un de ses proches, à la tête de la Commission électorale pour superviser le déroulement du scrutin qui est déjà contesté par une partie de la classe politique gambienne.
Présentement à Istanbul où il assiste au 13ème Sommet de l’Organisation de la coopération islamique (Oci), il risque de ressortir son antique patine pour solder ses comptes. A coup sûr, il assimilera cette manifestation à une tentative de coup d’Etat en le comparant à celui qu’il a échappé le 30 décembre 2015, alors qu’il était à Dubaï. Il sait que sans sa furie répressive contre une population désarmée et ses philippiques assimilant tous ses opposants à des ennemis de la Nation, il ne resterait pas encore à la tête de ce pays au bord de la rupture économique à cause du blocus de la frontière imposée par les transporteurs sénégalais. Malgré la répression, son destin ne dépend que de son Peuple qui flirte avec la démocratie.