Une partie des quotidiens sénégalais reçus vendredi à l’APS ouvrent leurs colonnes à un fait rare, dans un pays voisin : une marche de protestation en Gambie.
"L’opposition provoque Jammeh", titre Le Quotidien. Il fait état de plusieurs arrestations lors de la manifestation qui s’est déroulée en l’absence du président Yahya Jammeh, lequel se trouverait en Turquie pour le 13e sommet de l’Organisation de la coopération islamique.
La rareté de ce genre de manifestation dans ce pays connu pour les nombreuses violations des droits de l’homme de son régime font s’exclamer le billettiste du Quotidien : "Des manifestations pour de ‘véritables réformes politiques’ en Gambie ! Quel culot l’opposition a eu hier (jeudi) !"
Pour L’As, il s’agit d’une "révolte contre Jammeh", le président gambien, qui gouverne son pays d’une main de fer depuis 1994.
Le même journal signale que "des populations gambiennes réclamant des réformes électorales ont été violemment réprimées dans les rues de Serekunda", l’une des plus grandes villes de la Gambie.
"La marche a été dispersée par les forces de sécurité, qui ont exercé une folle répression sur les manifestants. Le bilan fait état d’une quarantaine de blessés. Le couvre-feu a été instauré", rapporte L’As.
Les manifestants protestaient contre les critères exigés des candidats à l’élection présidentielle, qui doivent verser chacun 11.700 euros, environ 7,6 millions de francs CFA, "pour faire enregistrer [leur] candidature", selon ce journal.
A cette condition dénoncée par les manifestants s’ajoute l’obligation de rassembler "rassembler 10 mille signatures" pour candidat, qui doit être âgé de moins de 65 ans, poursuit le journal.
"L’opposition manifeste, la Police charge", titre Le Témoin Quotidien. "Plusieurs manifestants arrêtés et de nombreux blessés" signalés, écrite ce journal, ajoutant que "les commerçants sénégalais ont fermé boutique".
Il affirme que les heurts sont survenus "au moment où la Gambie est déjà [menacée d’une] mort économique décrétée par les routiers sénégalais".
Depuis plusieurs mois, les transporteurs sénégalais boycottent le territoire gambien, où des taxes surélevées leur étaient imposées par les autorités de ce pays voisin, en change du passage sur le fleuve Gambie.
D’autres quotidiens évoquent en priorité l’"évacuation sanitaire", vers un autre pays, de Bibo Bourgi, malade et condamné à une peine de prison par la justice sénégalaise pour complicité de détournement de deniers publics.
"La Commission des Nations unies sur le droit commercial international a ordonné l’Etat du Sénégal, le 13 avril dernier, d’évacuer Ibrahim Aboukhalil dit Bibo bourgi en France, dans un délai de 20 jours", annonce Enquête. "L’ONU vole au secours de Bibo", titrent Enquête et La Tribune, pour aborder le sujet.
La Tribune fait état d’une certaine complexité de l’éventuelle "évacuation sanitaire" en France de ce "malade encombrant".
Ce dernier met "l’Etat" du Sénégal "dans une posture inconfortable", "entre la volonté" de poursuivre "la traque" des biens supposés mal acquis par des proches de l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, et "la peur de voir trépasser un prisonnier mal en point", écrit le billettiste de La Tribune.
"L’Etat du Sénégal examinera toutes les modalités d’une possible libération de Bibo Bourgi pour qu’il aille se soigner en France", lit-on dans Sud Quotidien, qui dit citer le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba.
Le détenu avait été évacué en France pour y recevoir des soins, au début de son procès. Il est ensuite revenu au Sénégal, où il a été condamné à une peine de prison pour complicité de détournement de deniers publics avec l’ancien ministre Karim Wade.
Le chroniqueur judiciaire de WalfQuotidien pose d’abord la question de savoir "pourquoi l’ONU s’en même". "Plusieurs raisons expliquent l’immixtion de la Commission d’arbitrage des Nations unies sur le droit commercial international dans le dossier d’Aboukhalil Bourgi", affirme-t-il ensuite.
Le dessinateur de La Tribune fait dire à l’avocat de M. Bourgi que ce dernier "n’est pas un malade imaginaire", des propos qui convainquent le président Macky Sall, en lui faisant signer un "visa d’évacuation médicale pour Paris-la-France" au profit de détenu.