40 années, ça se fête. Et le Syndicat unitaire des enseignants du Sénégal (Sudes) compte bien fêter les siennes et rendre hommage aux anciens. Cependant, les revendications ne sont jamais loin. L’occasion a été saisie pour exprimer la satisfaction sur certains points et les attentes sur d’autres.
Le Syndicat unitaire des enseignants du Sénégal (Sudes) créé en 1976 a aujourd’hui 40 ans. Les leaders de la formation ont procédé hier au lancement des festivités prévues. D’ici la fin de l’année, une série d’activités est prévue pour entre autres, se pencher sur la situation de l’Ecole publique et rendre un hommage mérité aux anciens.
S’agissant des revendications des enseignants, le Secrétaire général du syndicat Amadou Diaouné se réjouit de certaines avancées significatives sur les points d’accords avec le gouvernement. Il note que la dernière sortie du chef de l’Etat, à l’occasion de son message à la nation du 3 avril lors de la veille de la fête de l’Indépendance, a apporté des propositions intéressantes aux préoccupations des enseignants. Pour rappel, le président de la République a annoncé que pour la mise en solde, le gouvernement a décidé de passer à 10 000 enseignants au lieu des 5 000 initialement prévus pour 2016.
‘’Il semble se dessiner un déblocage sur le plan financier qui était le principal obstacle’’, nous dit le syndicaliste. Toutefois, Dr Diaouné rappelle que même avec 10 000 enseignants pris en charge, il restera un stock de 38 000 maîtres contractuels et professeurs contractuels. Il demande à ce qu’il y ait à ce niveau une certaine diligence et surtout une concertation dans la mise en œuvre. ‘’Il faut qu’on s’entende sur les délais, la planification. Je pense qu’on pourra épuiser le stock en 2 ans’’, a-t-il dit.
L’autre point qui rassure le Sudes est relatif à la décision prise sur les rappels. Initialement, il était prévu 12 milliards. Macky Sall a décidé de mettre 24 milliards sur la table. Et l’ardoise sera prise en charge à la prochaine loi de finance rectificative. Cependant, en dépit de la satisfaction sur ces points susnommés, l’on reste vigilant sur une question considérée comme le ‘’gros problème’’. Il s’agit du système de rémunération et de motivation des agents de la Fonction publique. ‘’Il y a une énorme injustice à ce niveau reconnu par tous. Les indemnités vont de 15 000 F à 1 million. Certaines indemnités sont même supérieures au salaire de base. Il y a nécessité de corriger. Nous reconnaissons que c’est une question complexe. Et puisque ça touche toute la Fonction publique, elle mérite d’être traitée avec les centrales syndicales’’, préconise M. Diaouné.
Il faut dire que ce point risque d’être un grand obstacle sur le chemin de l’apaisement du climat syndical enseignant en particulier et de la Fonction publique de façon générale. Les intérêts restent très divergents. Il a fallu que le ministre de l’Economie réaménage les salaires des travailleurs des Agences pour qu’il y ait remous. En plus, certains syndicats avaient déjà dénoncé le fait que des corps de l’Administration comme les militaires soient exclus de l’étude sur le système de rémunération. Dans tous les cas, notre interlocuteur estime que si le gouvernement fait preuve de rigueur dans les engagements du chef de l’Etat, la paix pourrait régner à nouveau.
Les sacrifices des anciens
S’agissant du syndicat, ses membres invitent les Sénégalais, particulièrement les enseignants, à faire œuvre de mémoire pour ainsi se souvenir de tous les sacrifices qu’il a fallu consentir surtout dans la décennie 80 pour l’intérêt de la corporation. La date du 13 mai 1980 qui a remué le pays reste par exemple dans les mémoires et a abouti aux Etats généraux de 81. ‘’Des pionniers du Sudes ont payé au prix fort le simple droit de réunion dans leur lieu de travail. Certains d’entre eux ont dû faire la prison, ou suspendus de leur fonction d’enseignant ou encore affectés en pleine année scolaire dans les profondeurs du pays.
Ce qu’on appelait à l’époque le purgatoire’’, rappelle Amadou Diaouné. Et d’après, son camarade Adramé Diakhaté, chargé de la formation et des activités pédagogiques à l’époque, ceux qui étaient suspendus par le ministre de l’Education Kader Fall n’avaient plus de salaire. Ce sont les militants qui cotisaient pour payer leur salaire. ‘’Maguette Thiam, premier Secrétaire général du syndicat, Cheikh Faty Faye, Fallay Noël Diop, Souleymane Loum, Ibrahima Fall… qui constituent la première génération en ont tous souffert’’, raconte-t-il. Aujourd’hui, le Sudes regrette que les enseignants qui jouissent des fruits du labeur des anciens ignorent totalement ces évènements.