A Vélingara, les mauvaises conditions de détention choquent les «droits de l’hommiste» et aussi les matons.
Les conditions de séjour des prisonniers ne sont pas des meilleures à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Vélingara. Le constat est fait par le directeur exécutif d’Amnesty international, Seydi Gassama. En séjour dans le Fouladou vendredi et samedi derniers pour un atelier axé sur la maîtrise de l’état civil par les maires, les officiers d’état civil, les préfets et sous-préfets, il a rendu visite aux détenus auxquels il a offert un lot de produits de consommation courante composés de sac de riz, de sucre, de savon et de détergents. Au sortir de cette visite et après un entretien avec le directeur de la Mac, il a renseigné : «Cette prison n’a pas un problème de surpeuplement, ni de longue détention. La plupart des détenus sont jugés et condamnés déjà. Toutefois, c’est l’une des rares prisons dont les chambres n’ont pas de toilettes. De 19 heures à 7 heures, les prisonniers sont obligés, en cas de besoin, soit de faire pipi devant les codétenus dans des seaux avec toute la nuisance olfactive qui s’ensuit ou de différer le besoin jusqu’au petit matin. C’est une atteinte à leur dignité.» D’ailleurs, un garde pénitentiaire a informé qu’ils étaient obligés de séparer un père et son fils, en détention préventive dans une même chambre, qui s’étaient plaints d’être, l’un ou l’autre, obligé de faire pipi… à découvert. Ce n’est pas tout. M. Gassama a également noté : «Les chambres sont vétustes, mal aérées et les plafonniers non fonctionnels, les matelas complètement usés.» Des problèmes que le «droit de l’hommiste» se propose de poser au ministère de la Justice pour que la Mac de Vélingara réunisse un minimum acceptable de conditions de détention. Seul aspect satisfaisant dans cette Mac, c’est l’alimentation qui s’est amélioré «depuis l’arrivée du nouveau directeur, Ismaïla Ndiaye», ont noté les prisonniers en chœur. M. Ndiaye, très modeste, a dit : «C’est que l’Etat a augmenté, de 750F à 1000F, le budget alloué à l’alimentation par détenu et par jour. Nous essayons d’améliorer la nourriture des détenus parce que c’est une condition de leur bonne santé. Une privation de liberté n’est pas égale à une perte totale de dignité.» Cette Mac contient actuellement 74 prisonniers dont 69 condamnés et 5 en détention préventive pour 6 chambres. Tous des hommes. La capacité d’accueil de la Mac est de 80 détenus, le quartier des femmes y compris.
Plaidoyer pour des activités génératrices de revenus
Il y a eu de cas de récidive dans la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Vélingara. Ce sont souvent des gens qui, une fois libérés, commettent un vol et ont eu la malchance d’être pris. Un maton informe : «Quand ils sont libérés, ils ne sortent pas avec le sou pour rentrer au village. Nous avons beaucoup de détenus transférés de Kédougou, Tambacounda, Kaolack et même Dakar. Depuis quelque temps, il n’y a pas d’activités génératrices de revenus dans cette Mac.» Pourtant dans un passé récent, la Mac avait un tracteur et les prisonniers cultivaient des hectares de riz dans le bassin de l’Anambé. De même, il y avait une menuiserie et un poulailler bien fourni. Toutes ces activités n’existent plus. Aussi, le directeur général d’Amnesty international a plaidé pour la dotation de cette prison d’un tracteur et la reprise des activités de menuiserie. Des activités génératrices de revenus qui vont participer à la réinsertion socioprofessionnelle de détenus libérés.