Asile à des détenus de Guantanamo : Le Sénégal accueille 2 Libyens #aDakar

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Asile à des détenus de Guantanamo : Le Sénégal accueille 2 Libyens

Publié le mercredi 6 avril 2016 | Le Quotidien

© Autre presse par DR
Le Sénégal va accueillir des libyens, ex détenus de Guantanamo

Désormais, Salem Abdul Salem Ghereby, âgé de 55 ans, et Omar Khalif Mohammed Abu Baker Mahjour Umar, âgé environ de 44 ans, vont mener une vie normale au Sénégal. Le gouvernement vient de leur accorder un asile humanitaire. Ces deux ex-détenus de Guantanamo laissent derrière eux 14 ans de détention «arbitraire».

Le Sénégal va accueillir deux ex-détenus de la célèbre prison américaine de Guantanamo. Il s’agit de Salem Abdul Salem Ghereby, âgé de 55 ans, et de Omar Khalif Mohammed Abu Baker Mahjour Umar, âgé environ de 44 ans. Ces ressortissants libyens étaient incarcérés pendant près de 14 ans au centre de détention de Guantanamo «alors qu’aucune charge n’est retenue contre eux», écrit un communiqué du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Justifiant cette décision, le département des Affaires étrangères précise que cet asile humanitaire est accordé aux deux Libyens «conformément aux conventions pertinentes du droit international humanitaire». Il ajoute que celui-ci s’inscrit dans «la tradition d’hospitalité sénégalaise et de solidarité islamique envers deux frères africains ayant exprimé le souhait d’être réinstallés au Sénégal après leur élargissement», lit-on encore dans le document.

«Cet asile va contribuer à apaiser 14 ans de souffrances et d’injustice»
Pour Laura Pitter, juriste sénior chargée des questions de sécurité nationale auprès du programme Etats-Unis à Human right watch, «le Sénégal a fait un geste humanitaire important en offrant à ces hommes une chance de commencer une vie nouvelle». En outre, explique-t-elle, «cet asile va contribuer à apaiser les souffrances causées par 14 ans de détention injuste à Guantanamo». Laura Pitter, qui plaide pour la fermeture de cette prison, déclare que «la détention de centaines d’hommes en l’absence d’inculpation à Guantanamo est une débâcle politique et juridique aux proportions historiques». Le défenseur des droits humains d’ajouter que Obama n’a plus qu’un an pour effacer cette «tache noire» que représente Guantanamo. Pourtant, rappelle Hrw, dès les premiers jours de son premier mandat en 2009, il avait promis de fermer le centre de détention dans un délai d’un an. «Cet objectif s’est avéré impossible à atteindre en raison du manque d’engagement de son Administration et de l’obstruction du Congrès», estime Hrw.
Il faut souligner que le Congrès empêche l’Administration Obama de rapatrier les détenus de Guantanamo sur le sol des Etats-Unis. Les seules options envisageables pour nombre d’entre eux sont le renvoi dans leur pays d’origine ou celles d’être réinstallés dans des pays tiers.
Ce transfert de prisonniers au Sénégal est le deuxième dans un pays d’Afrique de l’Ouest au cours des derniers mois. Le Ghana avait accepté d’accueillir deux anciens prisonniers de Guantanamo en janvier 2016. Une vingtaine d’autres pays environ ont également réinstallé des détenus, notamment l’Allemagne, l’Uruguay, l’Irlande et la France. Au total, écrit Hrw, 779 individus ont été détenus à Guantanamo Bay depuis janvier 2002, dont 676 environ libérés sans inculpation. Neuf d’entre eux sont morts en détention, six se seraient suicidés. Il reste 89 détenus, dont 35 ont vu leur libération approuvée, tandis que 44 autres attendent la décision du Conseil d’examen périodique.