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Panama Papers - Enrichissement illicite : Karim retrouvé dans le canal de Panama
Publié le mercredi 6 avril 2016  |  Le Quotidien
Karim
© AFP par DR
Karim Wade, fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade




L’affaire Panama Papers, qui braque ses projecteurs sur le monde opaque des paradis fiscaux, a provoqué une onde de choc dans le monde. Chez nous, elle met en lumière Karim Wade et aussi Pape Mamadou Pouye qui sont respectivement en prison pour enrichissement illicite et complicité.

Si Panama Papers a épinglé une centaine de personnalités mondiales, on a repêché aussi dans le canal de Panama - Etat situé à l’extrémité sud de l’Amérique centrale - Pape Mama­dou Pouye et Karim Wade. Dans le cadre d’une enquête, plus de 370 journalistes d’investigation du monde entier ont travaillé pendant un an à l’analyse de 11,5 millions documents internes du cabinet Mossack Fonseca, jusqu’ici un discret cabinet d’avocats panaméen spécialisé dans l’évasion fiscale. Les révélations de Ouestaf news, qui est membre du Consortium international des journalistes d’investigation (Icij), apportent un nouvel éclairage sur les premiers éléments de l’enquête du Parquet spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui soupçonnait un mouvement de fonds vers cet état. Au début de la traque des biens présumés mal acquis, les enquêteurs de la Crei ont pu remonter jusqu’à Regory et Seabury, cités par le site comme les piliers de l’activité offshore de M. Pouye. Mais ils n’ont jamais dévoilé l’existence de Latvae Inc.
Ce n’est pas le plus important. Mais les documents exploités par ces journalistes, qui soulignent en même temps l’importance du data-journalisme, montrent que des artifices juridico-financiers ont été mis en place par Mamadou Pouye, considéré comme homme de paille de Karim Wade, condamné à 5 ans de prison ferme et à payer 65 milliards F Cfa d’amende par la Crei pour complicité d’enrichissement illicite. Camarade de promotion de l’ex-ministre, il a ficelé, à travers Seabury, l’entreprise Dubai port world (Dp world), plusieurs contrats chiffrés en millions de dollars. Le premier contrat de «consulting et de conseil» a rapporté plus de 4,7 milliards F Cfa à Seabury. Le second contrat de conseil, couvrant la période 2013-2015, portant «exclusivement» sur les intérêts en Afrique de Dp world en Afrique, devait rapporter à Mamadou Pouye plus de 7,6 milliards F Cfa dès la signature. Le cumul de ces deux opérations devait lui apporter plus de 12 milliards F Cfa.
Mais il n’est pas sûr qu’il ait reçu le deuxième montant ou exécuté le second contrat qui le liait à la multinationale dubaïote. Entre-temps, le complice de Karim Wade a été arrêté par la Crei dans le cadre de la traque des biens mal acquis. D’après Ouestfaf, Seabury occupe une place centrale dans les activités de Mamadou Pouye, un des mandataires était un certain Jitendra Thakurdas, citoyen indien nommé sur proposition de Mossack Fonseca. M Thakur­das, comme l’atteste un courrier envoyé par M. Pouye, le 23 octobre 2008, explique Oues­taf, avait comme principal rôle la gestion du compte bancaire de Seabury. Ce qui permettait à M. Pouye de faire anonymement ses transactions. C’est justement à travers cette société offshore que Mamadou Pouye alimentait le fameux compte bancaire logé à la Julius Baer Bank, banque suisse spécialisée dans la clientèle privée et familiale, basée à Monaco, dont l’existence a été établie par la justice sénégalaise. Le Quotidien écrivait que la délégation judiciaire envoyée dans la Princi­pauté avait découvert dans cette banque trente comptes crédités de 8 milliards de francs Cfa qui sont au nom de Karim Meïssa Wade (1,3 milliard F Cfa avait été retrouvé dans celui-ci), Ibrahima Khalil Bourgi, dit Bibo, Abdou Karim Bourgi et aussi Pape Mamadou Pouye et des différentes sociétés dont ils sont propriétaires.

Homme de paille
Il faut savoir que les enquêtes sur Panama ne sont pas allées jusqu’au bout. Contrairement à Monaco ou Singapour, la Crei n’a jamais envoyé de commissions rogatoires ou fait une délégation judiciaire à ce pays pour tirer cette affaire au clair. Mais ces infos qui viennent d’une source neutre montrent que les présomptions qui soutenaient que Karim Wade, condamné à 6 ans pour enrichissement illicite, était le propriétaire et/ou avait des intérêts dans Dp world Sénégal étaient nettement solides. Dans l’un de ses rapports, l’Inspection générale d’Etat avait «relevé des manquements de Dubaï port world» dans le cadre de l’exploitation du terminal à conteneurs, notamment le non-paiement total du ticket d’entrée et qu’elle n’était pas une société de droit sénégalais. Dp world, qui a été placée sous administration provisoire par la Commission d’instruction de la Crei, avait envoyé un haut responsable rencontrer le chef de l’Etat à Paris pour tenter d’étouffer la colère de Dakar. Dans Le Quotidien 3112 du 9 juin 2013, on révélait les termes du nouveau contrat de concession qui lie les deux parties : Dpw s’engage à payer 24 milliards de francs Cfa qui constituent le reliquat du ticket d’entrée et créer une nouvelle société d’exploitation de droit sénégalais liée directement à Dubaï port world et dont les actionnaires seront connus.

Lien avec Karim Wade
Signée en 2008, la cession du terminal à conteneurs du port de Dakar, pour une durée de 25 ans, à Dubaï port world, a toujours suscité une réprobation des défenseurs de la bonne gouvernance qui dénonçaient l’opacité entourant l’opération fixée à 54,6 milliards F Cfa. Les Dubaïo­tes devaient payer le ticket d’entrée en deux tranches. Dès la signature, ils versent 30 mil­liards avant de compléter le reste (24,6). Ce dernier versement devrait être suivi par la construction d’un Port du futur qui devait être livré en 2012. Dans la constitution de l’actionnariat de l’époque, la Dp world investment Fze, société chargée de construire le Port du futur, est contrôlée à 75% par les Dubaïotes contre 25% pour l’Etat. Ce fait avait mis en lumière une incongruité : l’Etat du Sénégal avait participé aussi au paiement du ticket d’entrée acheté par Dp world pour l’obtention du terminal à conteneurs.
Condamné à 5 ans de prison par la Crei, M. Pouye apparaît clairement comme l’homme de paille de Karim Wade dont il était le trait d’union avec Dp world. Seabury est mise en place, semble-t-il, uniquement pour le business avec la multinationale. Elle a été créée en 2008 soit un an après le contrat signé entre l’Etat sénégalais et Dp World. Les deux contrats secrets corroboreraient l’existence d’un lien d’argent entre le cercle de Karim Wade et la société Dp world Fze.
Les documents exploités ont montré que Seabury n’est pas une propriété exclusive de M. Pouye. La société compte trois autres actionnaires «anonymes» dont les noms n’apparaissent ni dans les documents ni dans les correspondances échangées. Dans les motivations de son arrêt, la Crei avait insisté sur le recours «constant» à des sociétés offshore par Karim Wade et ses amis pour «maquiller» leurs pratiques. C’est ce qu’on appelle l’ingénierie financière.
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