Le discours à la Nation du président de la République à l’occasion du 4 avril a confirmé la nouvelle stratégie du gouvernement face aux syndicats de l’Education. Macky a rappelé les sommes investies pour que nulle n’en ignore, avant d’essayer de toucher le cœur des enseignants en leur rappelant ce que l’école publique leur a donné lorsqu’ils étaient jeunes.
Entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, tout indique que l’ère des négociations est terminée. Le temps est désormais à la bataille communicationnelle, médiatique particulièrement. Après les passes d’armes entre le ministre de l’Enseignement supérieur et les deux syndicats des universités, particulièrement le Saes, c’est au tour du président de la République de prendre la parole. Avant-hier, à l’occasion de l’adresse à la nation du 3 avril, le chef de l’Etat Macky Sall a, comme son ministre, usé de la stratégie des chiffres. Mais contrairement à Mary Teuw Niane, il a fini par faire appel à plus de responsabilités en lieu et place des menaces.
Concernant les chiffres, le Président a fait savoir que ‘’la mise en solde des professeurs contractuels et maîtres contractuels, initialement prévue pour un effectif de 5000 enseignants dans la loi de finances 2016, sera portée à 10 000’’. Macky Sall promet que les dépenses engendrées par la prise en charge de ces opérations seront prises en charge dans la prochaine loi de finances rectificative.
De même, il sera procédé ‘’à l'apurement des rappels d'intégration et d'avancement en instance du personnel enseignant pour un montant de 24,2 milliards de F CFA’’. Si tout cela est possible avec notamment des ressources internes, précise-t-il, c’est grâce à la consolidation des fondamentaux de l’Economie sénégalaise, de l'amélioration continue des recettes budgétaires et de la rationalisation des dépenses courantes.
A propos de l’Enseignement supérieur, Macky Sall soutient que les budgets des universités ont été augmentés de 20 milliards de F CFA en 2016, avec 7,5 milliards affectés aux œuvres sociales des étudiants. ‘’L'incidence financière de la réforme des titres universitaires, qui s'élève à 3,3 milliards de F CFA, est entièrement prise en charge dans le budget 2016. Au total, sur 302 milliards de F CFA alloués à l'Enseignement supérieur d'ici 2017, plus de 72 milliards sont affectés à la mise en œuvre d'accords convenus avec les syndicats, dont la plupart remontent à plus de dix ans’’, ajoute-t-il.
Fort de ces sommes injectées ou prévues, Macky Sall essaie de toucher la fibre sensible des enseignants. Il les appelle à prendre conscience des efforts déjà consentis et à travailler avec le gouvernement pour un système scolaire et universitaire performant, stable et apaisé. ‘’Je veux que chacun comprenne que le gouvernement n'a de limites que ses possibilités budgétaires ; car j'ai la pleine conscience qu'il y va de l'avenir même de nos enfants et de la Nation’’, a-t-il dit.
Rappel des opportunités offertes par l’Ecole publique
Afin que son message passe davantage, le chef de l’Etat rappelle aux enseignants les chances qu’ils ont obtenues étant jeunes, grâce à une école publique stable et performante. ‘’Jeunes et moins jeunes, nous savons tous ce que nous devons à l'école publique. Nous savons tous que l'école publique est le meilleur gage de l'égal accès de tous les enfants à l'éducation, sans considération de leurs origines sociales.’’
Le président Sall termine son discours sur un ton presque attendrissant. ‘’Quand l'école publique est soumise en permanence à des perturbations, c'est le sort de nos enfants et le destin de la Nation qui s'en trouvent sérieusement hypothéqués’’, soupire-t-il. Cet appel n’étant pas la première, reste à savoir si les syndicats répondront favorablement à l’invite.