De jeunes expatriés sénégalais déplorent l’absence de références aux "illustres fils du Sénégal" dans les programmes scolaires du pays, ce qu’ils considèrent comme "une anomalie de notre système scolaire" à "corriger".
"Au moment où la pensée de certains penseurs et figures historiques occidentales prennent une place importante dans nos contenus pédagogiques, il est regrettable de voir l’absence totale de référence à d’illustres fils du Sénégal tels que Cheikh Anta Diop", écrivent-ils dans un communiqué parvenu jeudi à l’APS.
Ces jeunes Sénégalais, dont des chercheurs, ont décidé de faire signer une pétition en ligne (par internet), pour réclamer l’introduction de la pensée des savants sénégalais dans les programmes scolaires nationaux, à l’occasion des conférences marquant le 28e anniversaire du décès de l’historien Cheikh Anta Diop (1923-186).
Parlant plus précisément de lui, les auteurs du communiqué soulignent qu’il "a été reconnu comme l’un des penseurs noirs les plus importants du 20e siècle", ce qui "est une fierté africaine et sénégalaise".
"Les fruits de ses recherches doivent être connus des écoliers sénégalais. Son œuvre ne doit plus seulement être une affaire de spécialistes, et son nom ne doit plus seulement être évoqué que lors de colloques ou de symposiums", soutiennent ils, déclarant vouloir "corriger une anomalie de notre système scolaire".
Cheikh Anta Diop, restaurateur d’une conscience historique africaine dans un contexte de domination coloniale où une entreprise de falsification avait cours, est décédé le 7 février 1986 à l’âge de 62 ans.
Né le 29 décembre 1923 à Thieytou, dans le département de Bambey (région de Diourbel), il s’illustre dès 1954 en prenant le contre-pied théorique de ce milieu solidement établi dans l’enceinte même de l’université française. Il publie "Nations nègres et culture", livre dans lequel il fait la démonstration que la civilisation de l’Egypte ancienne était négro-africaine.
Diop a aussi publié "L’unité culturelle de l’Afrique" (1960), "Etude comparée des systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique de l’antiquité à la formation des Etats modernes" (1959), "Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique" (1967), "Civilisations ou barbarie" (1981), et d’autres livres.