C’est à trois semaines du spectacle-hommage à Doudou Ndiaye Rose de ce 23 avril, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, que les organisateurs ont rencontré la presse hier vendredi 1er avril au Grand Théâtre National, en compagnie de quelques-uns des artistes qui seront du voyage : le rappeur Didier Awadi, connu pour avoir plusieurs fois collaboré avec le «tambour-major», et idem pour Tapha Cissé, percussionniste du groupe Xalam II. Interpellés au sujet de l’absence de Youssou Ndour, les organisateurs répondront que la discussion avec le chanteur était jusque-là restée «sans suite».
L’hommage posthume à Doudou Ndiaye Rose ne se sera vraiment pas fait attendre très longtemps. Au mois d’août dernier, il y a donc à peine huit mois, le célèbre percussionniste estampillé «tambour-major» quittait donc la scène, quasiment sur la pointe des pieds dirait-on, prenant un peu tout le monde au dépourvu, et pour les artistes qui l’ont fréquenté ou qui ont partagé quelque scène avec lui, le spectacle de ce 23 avril au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, ce serait un peu comme faire son deuil. Certains d’entre eux étaient d’ailleurs présents à la conférence de presse d’hier, vendredi 1er avril au Grand Théâtre National, et idem pour son fils El Hadj Ndiaye Rose, qui a comme qui dirait eu l’idée d’honorer la mémoire de Feu son père.
Parmi les artistes sénégalais qui seront du voyage, on cite forcément quelqu’un comme le rappeur Didier Awadi, connu pour avoir très souvent fréquenté Doudou Ndiaye Rose, à la ville comme à la scène, et que les héritiers du percussionniste considèrent d’ailleurs comme «un membre de la famille». En 2010 par exemple, le tam-tam de Doudou Ndiaye Rose donnait du rythme à la relecture signée Didier Awadi, quelques extraits à l’appui, du fameux «I have dream» de Martin Luther King. Trois ans plus tard, on les retrouvait encore ensemble sur l’album «Dadje», ou la rencontre, une compilation de 14 titres qui avait le don de rassembler plusieurs «générations d’artistes».
Parmi ses proches collaborateurs de ces dernières années, on cite encore le directeur artistique du festival Deggi Daaj, Nathan Fuhr, aux commandes lors du 85ème anniversaire, en juillet dernier, de Doudou Ndiaye Rose, et très ému pendant la conférence de presse d’hier.
Pour le percussionniste Tapha Cissé du groupe Xalam II, qui participera aussi à ce spectacle bruxellois, et idem pour Pape Diouf, Kiné Lam, Carlou D ou encore Bakane Seck, Doudou Ndiaye Rose était un «excellent pédagogue», il avait «codifié le sabar, de façon à ce que l’on puisse le jouer sur toutes les scènes du monde», et c’était aussi un monsieur généreux et ouvert d’esprit, que sa «dimension internationale» n’avait pas empêché d’être profondément «humain».
Caché sous sa casquette d’acteur culturel, le directeur artistique du Grand Théâtre National, Ousmane Noël Cissé, rappellera aussi que Doudou Ndiaye Rose avait lancé la carrière d’un certain nombre d’artistes, en plus d’en avoir formé plusieurs autres, même si lui regrettera surtout de n’avoir pas vraiment été associé à l’hommage. Dans cette salle du Grand Théâtre National, on lui répondra plus ou moins qu’il n’avait pas besoin de carton d’invitation, qu’il suffisait seulement de se sentir impliqué, et que Doudou Ndiaye Rose, «trésor humain» de l’Unesco, n’appartenait à personne finalement, et certainement pas à sa famille, selon les propres mots de son fils El Hadj Ndiaye Rose.
Et si ce spectacle bruxellois devrait permettre de cultiver le souvenir de Doudou Ndiaye Rose ou de ne tout simplement pas l’oublier, le film que mitonne Didier Awadi devrait aussi pouvoir jouer ce rôle. Le chanteur raconte à quel point Doudou Ndiaye Rose avait hâte de voir ce que cela donnerait : «Tu attends ma mort ?» lui a-t-il demandé à maintes reprises.
Doudou Ndiaye Rose, faut-il le dire, n’était pas très à l’aise avec la notion d’hommage posthume. Mais comme dirait Tapha Cissé, le groupe Xalam II fait partie de ceux qui ont «toujours défendu son idée», autrement dit qu’il ne fallait pas attendre qu’il ne soit plus là pour le célébrer. Le percussionniste ajoute encore que des hommages comme celui-là, il y en aura sans doute plusieurs autres. Mais encore faudrait-il que ce soit l’œuvre de personnes aussi légitimes pour ne pas dire aussi autorisées que son fils, qui vit en Belgique, et qui a eu l’idée de cet hommage bruxellois.