Après le référendum du 20 mars dernier qui a enregistré la victoire du Oui pour la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), le temps est au bilan pour se projeter vers les élections législatives de 2017. Cependant, la coalition qui jusque-là a survécu aux différents obstacles depuis 2012 parviendra-t-elle à tenir bon lors des investitures à venir ? Une chose évidente, le parti présidentiel, l’Alliance pour la République (Apr), qui étend ses tentacules depuis l’accession à la magistrature suprême de Macky Sall, va revoir ses appétits à la hausse.
Partout à travers le Sénégal, le référendum du 20 mars dernier, portant sur le projet de révision constitutionnelle, proposé par le chef de l’Etat, Macky Sall, a suscité une certaine dynamique unitaire au sein de la coalition présidentielle. Les responsables de Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), dans un élan de solidarité, ont battu campagne main dans la main pour le triomphe du Oui, au soir du 20 mars dernier. Mieux, après la victoire du Oui, des voix se sont levées dans certains partis politiques membres de ladite coalition, pour demander le renforcement de cette homogénéité, en vue des prochaines échéances, à savoir les législatives de 2017. Cependant, la confection des listes de candidats qui doivent porter le drapeau de Bby ne va pas être de tout repos.
En effet, dans cette douzième législature, le parti présidentiel compte 65 députés, sur les 119 que totalise la coalition Bby. Un chiffre bien inférieur à la majorité qualifiée des 76 députés requis pour voter mécaniquement des lois labellisées strictement Apr. Donc, est ce que le parti au pouvoir se contentera des mêmes critères, retenus il y a de cela plus de 4 ans ? Ne verra-t-il pas ses appétits accroitre, si l’on sait que le jeune parti s’agrandit depuis l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême ? Des questions qui méritent bien des réflexions, dans la mesure où les législatives approchent à grand pas, et en même temps les manœuvres ont débuté.
Le Parti socialiste (Ps), qui compte ce jour 20 élus au sein de l’hémicycle, pourra-t-il obtenir le même nombre ? Dans la mesure où le maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall risque de créer des listes parallèles à celles de la coalition Bby. En tout état de cause, la probable existence d’une coalition autour du maire socialiste risque de compromettre les négociations de la formation d’Ousmane Tanor Dieng, Sg du Ps, lors des élections législatives prochaines.
Quant à l’Alliance des forces du progrès (Afp), qui avait pris part aux dernières législatives aux cotés de Bby avec sa coalition Benno Siggil Sénégal (Afp, Ld, Pit, Rnd), 21 sièges lui sont octroyés. Cependant, la crise qu’a connue le parti, avec le départ de Malick Gakou, ex-numéro 2 de l’Afp, risque de changer les critères de répartition. Cela, même si en ces temps qui courent, la formation politique de Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale, tente de recoller les morceaux en massifiant sa base.
La sortie de Rewmi de ladite coalition va en outre chambouler la donne pour ces législatives. En effet, la place qu’occupait la formation politique d’Idrissa Seck avec les 10 sièges, sera bien convoitée. Autant de nouveaux enjeux qui vont inéluctablement donner du fil à retordre à la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, qui a jusque-là pu franchir les obstacles. Ce qu’aucune coalition n’a encore réussi.
LES PARTIS DE BBY MANŒUVRENT EN DOUCE
Même si l’heure est pour le moment à l’évaluation, après le référendum du 20 mars dernier, il n’en demeure pas moins qu’au sein de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), les manœuvres vont bon train, en prélude aux prochaines législatives. Du coté de l’Alliance pour la République (Apr) l’on est conscient que la confection des listes va être complexe. C’est du moins l’avis de Maël Thiam, administrateur de l’Apr, qui estime par ailleurs que les nouvelles dynamiques qui sont nées dans les différentes localités, vont être prises en compte lors des investitures. Du coté de l’Alliance des forces de progrès (Afp), même si on considère que la question est prématurée, un travail de fond est en train d’être réalisé à la base, pour la massification du parti. En tout cas, Dr Malick Diop, porte-parole des «progressistes» reste convaincu que la représentativité permet de remplir les critères édictés au sein de la coalition. Cependant, au Parti socialiste (Ps), la question n’est pas encore abordée, si l’on se fie aux propos de Babacar Wilane, porte-parole des “Verts de Colobane“.
MAEL THIAM, ADMINISTRATEUR DE L’APR : «Ce sera simplement complexe»
La vocation d’un parti politique est de conquérir et de conserver le pouvoir. La conquête du pouvoir se fait à travers des élections. Nous venons de sortir d’un référendum qui du reste a été «perverti» à une élection présidentielle par l’opposition. Nous les avons brillamment remportés, avec le score que vous connaissez. Aujourd’hui, nous en sommes à l’évaluation. Il est naturel que cette évaluation se fera également avec un œil sur les prochaines échéances, qui sont les échéances législatives. Nous allons continuer nos évaluations. Nous allons aboutir par identifier de manière classique nos forces et nos faiblesses, que nous allons combiner avec nos opportunités dans les différentes localités qui seront l’émanation de nouveaux leaderships, qui seront également de nouvelles adhésions liées à la pertinence des 15 points proposés par le président de la République. Mais également, de nouvelles dynamiques qui sont nées dans les différentes localités. Ce sera tous ces facteurs qui seront pris en compte pour les investitures prochaines. Nous sommes un parti encore jeune. Un parti qui a très vite grandi. Un parti qui est toujours dans sa phase de croissance. Il est évident que toutes nos stratégies sont d’accompagnement de la croissance du parti. Nous ne pouvons pas avoir une stratégie statique. Notre stratégie est dynamique en relation avec le taux de croissance que nous connaissons. Tout ceci n’est pas suffisant. N’oubliez pas que nous sommes partie prenante d’une coalition, à savoir Bennoo Bokk Yaakaar. Toutes nos stratégies seront articulées avec la grande coalition Bennoo Bokk Yaakaar. Il est évident que cela peut causer des difficultés dans le choix des hommes qui vont porter le drapeau de la coalition à l’occasion des élections législatives, mais nous avons l’habitude de la difficulté. Ça ne sera même pas difficile, ce sera simplement complexe. Nous saurons faire face.
Dr MALICK DIOP, PORTE-PAROLE DE L’AFP : «Plus le parti politique est représentatif, plus …»
Nous, au niveau de l’Alliance des forces de progrès, la première chose en termes de travail de fond et de base que nous faisons, c’est que nous renforçons les bases de l’Afp dans les 45 départements du pays. Vous voyez depuis des années, l’objectif est de renforcer la base, massifier l’Afp chez les femmes et les jeunes, chez toutes les structures existantes. Ce qui fait que, de plus en plus, non seulement nous renforçons la base sur la base des activités que nous menons au niveau de nos structures respectives, mais également nous faisons des adhésions massives dans les différents départements. C’est ce qui renforce la base d’un parti politique au sein d’une coalition. Plus le parti politique est représentatif, plus il se retrouve dans les critères édictées dans une coalition. Chaque fois, c’est ce que nous recommandons. Que chacun à la base se renforce et sur cette base, lorsque les militantes et militantes de toute la coalition et les responsables se retrouveront, ils retrouveront un consensus qui permettra d’avoir chacun sa représentativité en fonction du travail effectué à la base.
Mais ce qu’il faut savoir, un parti organisé comme le nôtre met en place toujours des structures, aussi bien à la base qu’au sommet, pour réfléchir sur les stratégies normales à adopter au sein du parti politique, mais également au sein de la coalition. Quand nous parlons de critères, c’est sur la base de réflexions poussées et objectives que nous le faisons. En temps venu, nous le mettrons en avant au sein de la coalition.