Le différend qui oppose le coordonnateur national du Réseau des enseignants de l’Alliance pour la République (Apr), Youssou Touré, et son adjoint Amath Suzanne Kamara a atteint son paroxysme. Pour cause, le camp dirigé par le dernier nommé a organisé hier, mercredi 30 mars, au niveau de l’hôtel des députés, une réunion avec les différents coordonnateurs départementaux du réseau pour une restauration et une restructuration du réseau en mettant en place un Comité directeur de suivi, tout en demandant au Sg du parti, Macky Sall, de nommer un nouveau coordonnateur national du réseau pour remplacer Youssou Touré, qui aurait démissionné de ce poste depuis le 9 janvier dernier, selon eux.
Le réseau des enseignants de l’Alliance pour la République s’est fissuré. Au moment où Amath Suzanne Kamara se réunissait avec les coordonnateurs départementaux dudit réseau, pour pousser Youssou Touré à la sortie, le camp de ce dernier a organisé le même jour, à un endroit différent, une journée d’échange et de partage sur les nouvelles orientations de ladite structure politique, non sans récuser la légitimité du camp adverse, accusé de «comploteurs» parrainés par Aminata Touré, ancienne Première ministre. Le climat politique au sein du parti du président de la République semble favoriser une guerre larvée entre les différents responsables qui se crêpent le chignon pour le leadership dans les différentes instances du parti. C’est du moins le cas au niveau du Réseau des enseignants de l’Apr, où la scission semble définitive entre les pro-Youssou Touré, Coordonateur nationale dudit réseau, et les pro-Amath Suzanne Kamara, Coordonateur national adjoint du réseau. Tous les deux camps réclament une certaine légitimité.
«La page Youssou Touré tournée»
En effet, les enseignants «républicains» sous la houlette d’Amath Suzanne Kamara ont réuni l’ensemble des coordonateurs départementaux du réseau hier, mercredi 30 mars, au niveau de l’hôtel des députés, pour restaurer et restructurer ledit mouvement. Face à la presse, M. Kamara a fait comprendre que «l’ex-coordonateur» national du réseau a démissionné de son propre gré de la tête de la structure, le 9 janvier dernier. A l’en croire, leur camarade a «fuit» ce poste parce «qu’il a senti qu’il n’avait plus la confiance des enseignants». Et de surcroit, poursuit-t-il, «sa gestion était décriée par les membres».
D’ailleurs, «il est atteint par l’âge de la retraite administrative et il y a une certaine léthargie du réseau», laisse-t-il entendre. C’est la raison pour laquelle, explique-t-il, ledit réseau n’a pas battu campagne, contrairement aux autres structures du parti. Autant de choses qui lui ont fait dire que le réseau des enseignants «a tourné la page Youssou Touré» pour voir à présent la conduite à prendre, «d’autant plus qu’il n’est plus légitime, car le parti lui a refusé la tenue de sa réunion de ce matin (ndlr :hier), au niveau du siège du parti», justifie-t-il. Par conséquent, il invite le chef de l’Etat, Macky Sall à nommer un nouveau coordonateur national, contrairement à la volonté de «l’ex-coordonateur» national, «qui veut se faire remplacer par Abou Sow», accuse-t-il.
Dans la même veine, Alioune Fall, coordonnateur départemental de Tivaoune est revenu sur l’objet de l’assemblée générale organisée hier. A l’en croire, pour pallier à la léthargie constatée, les enseignants ont résolument mis sur pied un Comité de Suivi pour vitaliser le parti à travers le réseau. La réunion du jour doit permettre, selon lui, d’entériner un Comité directeur chargé de prendre en main le fonctionnement du réseau pendant la phase transitoire, le temps que Macky Sall nomme un nouveau coordinateur national. Pour lui, cette nouvelle structure va se charger de mettre sur pied un organigramme du Bureau national, contrairement à celui de l’ancien bureau dirigé par Youssou Touré, qualifié de «bande de copains». Il a fait par ailleurs savoir que les enseignants sont à même de proposer des profils au Sg de l’Apr, qu’il aura cependant le loisir d’apprécier, sans pour autant avancer de noms.
Mimi Touré, accusée d’être derrière les «comploteurs»
La réponse ne s’est pas fait attendre du coté du camp adverse. En réunion aussi le même jour au niveau du Centre national des ressources éducationnelles (Cnre), avec l’ensemble des coordonateurs départementaux dudit réseau, le camp de Youssou Touré a fait face à la presse dans l’après-midi pour tirer à boulets rouges sur ceux qu’ils considèrent comme des «jaloux» face à l’estime et à la confiance qu’a obtenu Youssou Touré aux cotés du président de la République. A en croire Lamane Ndiaye, chargé de la communication dudit réseau, «les invectives, les dénigrements, les diffamations et sales complots n’ont aucune chance de prospérer». Estimant en effet que l’autre camp qui s’attaque au ministre est «déconnecté du réseau depuis belle lurette», le professeur en art indique que leur camp est «la structure la plus dynamique, la plus active de l’Apr». Pour lui, il n’y a pas d’autre structure parallèle au réseau dirigé par le ministre de l’Alphabétisation. Sur les accusations de détournement dont fait l’objet le ministre, M. Ndiaye dégage en touche et informe que «Youssou Touré dépense plus que ce qu’on lui donne pour faire vivre le réseau et le parti».
Par ailleurs, les camarades du ministre de l’Alphabétisation ont pointé un doigt accusateur à l’endroit de l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, reprochée d’être derrière les «comploteurs». De l’avis de Lamane Ndiaye, «ils sont parrainés et financés par cette ancienne première ministre». Selon lui, Mimi Touré garde une dent contre Youssou Touré qui, au cours de l’émission Grand Jury, a demandé sa démission à la tête du gouvernement. Ainsi, pour lui la responsable apériste de Grand Yoff cherche à placer ses «taupes» et ses «pions» dans toutes les structures du parti, en vain. Car, selon lui, «les responsables des structures sont nommés par le président de la République». Qui plus est, fait-il savoir, depuis la création du parti, aucun coordonnateur de structure n’a été démis de ses fonctions, excepté Abdou Mbow de la Cojer atteint par la limite d’âge. Tout compte fait, les camarades de Youssou Touré s’érigent en boucliers autour de leur coordonnateur national, et invitent par conséquent leurs camarades à rejoindre les rangs.
Mieux, ils envisagent d’impulser une synergie d’actions entre les coordonnateurs départementaux et le bureau national en vue de mettre en place une structure de coordination nationale pour la mise en œuvre d’une Plateforme Cap 2019. Laquelle serait chargée de faire réélire Macky Sall en 2019, en lui trouvant 600.000 voix, en raison de 20 voix pour chacun des 30.000 enseignants. Ils ont par ailleurs réclamé plus de moyens pour permettre à leur structure de jouer pleinement son rôle.
Toutefois, le seul dénominateur commun constaté au niveau des deux camps, reste en effet l’appel à l’arbitrage du Sg de l’Apr. Le président de la République est invité ainsi par les deux camps adverses à prendre ses responsabilités.