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Pr Khadim Mbacké, chercheur à l’IFAN, sur la déroute du camp du oui à Touba: "Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette défaite ..."
Publié le mercredi 30 mars 2016  |  Sud Quotidien
Référendum:
© aDakar.com par DF
Référendum: On vote dans le calme à Grand Yoff
Dakar, le 20 mars 2016 - Le vote se passe dans de bonnes conditions à Grand Yoff où le maire de Dakar Khalifa Sall et l`ancien Premier ministre Aminata Touré ont accompli leur vote.




L’absence d’un ndgigeul clair et net en faveur du camp du OUI, la forte implantation du Parti démocratique sénégalais (Pds) et la campagne de proximité menée par ses militants, la mobilisation de jeunes marabouts issus de la famille du fondateur, qui ont présenté le vote favorable comme une atteinte aux valeurs islamiques, les erreurs monumentales commises par certains représentants locaux du parti au pouvoir qui passent le clair de leur temps à défier des chefs religieux locaux. A cela s’ajoute le mauvais usage de l’argent donné parfois aux moins influents. Ce sont, entre autres, les raisons avancées par le chercheur, le Pr Khadim Mbacké de l’Ifan, pour expliquer la déroute du camp du OUI à Touba. Ce descendant du fondateur de la confrérie Mouride rejette, dans cet entretien, toute idée de vote mouride à Touba et à l’étranger.

Qu’est-ce qui peut expliquer la défaite du camp du Oui lors du référendum du 20 mars dernier, à Touba ?

Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette défaite : l’absence d’un ndgigeul clair et net en faveur du «OUI », la forte implantation du Parti démocratique sénégalais (Pds) et la campagne de proximité menée par ses militants; Une forte mobilisation de jeunes marabouts issus de la famille du fondateur qui ont présenté le vote favorable, c’est-à-dire du OUI, comme une atteinte aux valeurs islamiques; Le mauvais usage de l’argent parce que ceux qui n’ont pas reçu leur part et qui sont parfois plus influents que ceux qui en ont reçu ont tout fait pour démontrer leur force. A cela s’ajoutent les erreurs monumentales commises par certains représentants locaux du parti au pouvoir qui passent le clair de leur temps à défier des chefs religieux locaux.

Peut-on parler de vote Mouride ?

A mon avis, pas du tout, car les mourides sont fortement présents dans des départements où le “ Oui” l’a emporté. La colère des habitants de la ville peut être bien comprise et partagée dans les grands centres mourides, mais pas nécessairement au-delà.

Quel est le message que la communauté Mouride a envoyé aux tenants du pouvoir ?

Encore une fois, ce n’est pas la communauté mouride en tant que telle, mais les habitants de Touba. Mêmes ceux-là ont peut-être entendu demander plus de considération pour les valeurs qui fondent leur communauté, valeurs qu’ils comprennent et vivent mieux que les autres.

Quelle est la part de responsabilité des politiques, notamment ceux du camp du Oui, dans la défaite en pays Mouride ?

J’ai déjà répondu en partie à cette question. Pour réussir politiquement dans un milieu religieux, il faut bien s’entendre avec ses chefs et faire preuve de respect à leur égard. Braver les personnalités religieuses de Touba était une grosse gaffe, mais faire semblant de vouloir soutenir celui qui a emprunté cette voie, est plus grave encore.

La victoire du NON en pays Mouride (avec ses démembrements à l’étranger, notamment en Italie) ne vient-elle pas démentir ceux qui ont décrété la mort du Ndiguël, car tout donne l’impression qu’ils se sont passés le mot ?

Avant le référendum, les mourides de la diaspora ne savaient pas dans quel camp étaient leurs condisciples de Touba. Quant au ndgigeul, il n’a pas été donné explicitement. De toute façon, si les califes ont cessé d‘en donner depuis belle lurette, c’est tout simplement parce qu’ils préfèrent préserver la cohésion de leur confrérie.
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