Des vivres, des médicaments et des détergents ont été remis, lundi dernier, à des écoles coraniques des régions de Thiès, Louga et Saint-Louis. Une bouffée d’oxygène pour des responsables de « daaras ». Des talibés malades ont aussi été pris en charge grâce à l’Association mondiale pour l’appel islamique et la Fondation « Servir le Sénégal ».
Le convoi de l'Association mondiale pour l'appel islamique et de la Fondation « Servir le Sénégal », composé d’une vingtaine de voitures, s’immobilise devant le « daara » de Serigne Saliou Touré de Thiès. Des jeunes, les uns vêtus de T-shirt blancs, d’autres arborant des T-shirts rouges à l’effigie de la Fondation, déchargent des dizaines de sacs de riz et des cartons d’huile de soja. Ils sont aidés par les assistants du responsable du « daara ». Outre des vivres et des détergents, un homme, à l’aide d’une pompe, asperge un insecticide dans les coins susceptibles d’abriter des vecteurs de maladies.
A l’écart de la petite cérémonie, trois assistants du maître coranique repèrent et exfiltrent des enfants atteints de dermatoses et de blessures. Ils sont présentés aux praticiennes de la santé de la Fondation « Servir le Sénégal » qui les auscultent et leur administrent un traitement. « Dans ce « daara », il nous faut un sac de riz par jour pour nourrir tous les talibés. C’est une charge pour nous. Donc, nous saluons cette action qui nous permettra de souffler », reconnaît le responsable du « daara ».
Ici, comme au quartier Randoulène Sud de la commune de Thiès, des habitants sont sortis dès l’arrivée du convoi. Le soleil est au zénith. La rue est bondée de monde. Des agents de la Fondation, avec entrain, transportent des sacs de vivres et des cartons d’huile. C’est une bouffée d’oxygène pour cet établissement d’enseignement où se retrouvent des centaines d’enfants. « Les « daaras » ont en général deux problèmes. L’un est relatif à la nourriture des apprenants, car, le plus souvent, le maître coranique a en charge plusieurs enfants sous sa responsabilité. Il ne peut pas satisfaire tout seul leurs besoins. L’autre point, c’est la prise en charge sanitaire », énumère Yoro Diop, le chargé de la santé de ce « daara ».
Au quartier Takhikaw, le daara El Massamba Mbengue se distingue avec les habitations alentour. C’est un imposant bâtiment. Au rez-de-chaussée, des lits superposés dans une grande salle aérée. Des talibés assis sur des nattes récitent des versets du coran sous l’œil des encadreurs. Le l’édifice comporte des salles, une cuisine et une terrasse. Ce cadre ne cache pas des contraintes.
Besoin d’accompagnement
Le responsable de cette école coranique, Oustaz Tafsir Guèye, apprécie le don. « Nous avons besoin de l’accompagnement de toutes les bonnes volontés comme celui de l’Association mondiale pour l’appel islamique et de la Fondation « Servir le Sénégal », a-t-il estimé. Comme dans les autres « daaras », les coins et les recoins susceptibles d’héberger les moustiques et d’autres vecteurs de maladies sont passés au peigne fin par le chargé de la désinfection. Ici aussi, les praticiennes soignent les pensionnaires malades. La délégation emprunte les escaliers. Au premier étage se trouve un autre dortoir et les chambres des encadreurs. Cette extension pose, de façon indirecte, la problématique la nourriture et la prise en charge sanitaire des apprenants. Le convoi fait un détour à Fass Diacksao où du riz et de l’huile ont été également offerts à un établissement d’enseignement coranique. Il en est de même pour l’école coranique de Ngagne Diawar.
A Louga, l’internat Serigne Sakhir Mbaye est animé, alors que les derniers rayons du soleil perdaient leur intensité. Au préau, des garçons psalmodient des versets du coran. La ville compte plusieurs « daaras ». A travers l’internat se lit un effort de modernisation ou tout au moins une volonté d’amélioration des conditions d’apprentissage. « Aucun soutien n’est de trop pour ceux qui gèrent ces établissements d’enseignement coranique. Nous magnifions cette action. Ce don nous soulage. Ce n’est pas facile, pour nous, de prendre en charge, tous les jours et de façon correcte, les trois repas quotidiens », justifie le responsable des lieux.
Souci d’améliorer les conditions
Après cette étape, la délégation arrive à Saint-Louis aux environs de 20 heures. La ville, balayée par un vent frisquet et éclairée çà et là, est vivante. Les rues et les ruelles vivent au rythme des allers et retours des passants et des touristes. Ce n’est pas la fin de la journée pour les calèches et les cars rapides. Ce n’est pas aussi la fin de la journée au « daara » Serigne Mokhssine Diop de Santhiaba. Un imposant bâtiment est en construction. Les parois intérieures sont carrelées jusqu’à 1,5 m. Des formes convexes et des demi-cercles perlent le plafond. C’est le jalon de la perpétuation de l’enseignement coranique dans la ville de Saint-Louis. L’établissement a, en effet, vu passer plusieurs cadres du pays, y compris le président Abdou Diouf et des ministres. Le président Macky Sall l’a également visité. Aujourd’hui, il accueille des élèves venus de toutes les contrées du Sénégal, comme Mohamed Guèye, originaire de Thiès, ou Demba Bâ qui vient de Dahra Djoloff.
Les héritiers semblent être investis d’une mission : celle de perpétuer la noble mission de vulgarisation des enseignements coraniques entreprise par leurs aïeuls durant la colonisation. Une période d’intimidation pour ceux qui s’aventuraient à diffuser les connaissances outre celles qui sont en phase avec les intérêts de l’administration coloniale. « Ce n’est pas facile de s’investir dans la diffusion de l’enseignement coranique. Vous le savez tous, Saint-Louis a connu 350 ans de colonisation qui a légué à la ville des personnes noires qui ont l’esprit des Blancs. Donc, nous avons besoin d’aide », a argumenté le responsable du « daara », Zeynou Abidine Diop, qui a félicité le président Macky Sall pour l’attention qu’il accorde à la modernisation de ce type d’enseignement à travers le Sénégal. Il a souhaité que la Première Dame, Marième Faye Sall, soit la marraine de leur établissement avant de l’inviter à présider la cérémonie d’inauguration de l’infrastructure.
Pérennisation de la collaboration
La visite s’est terminée sur une note de prières pour les bienfaiteurs et aussi pour la perpétuation de la collaboration entre l'Association mondiale pour l'appel islamique et la Fondation « Servir le Sénégal ». « Notre action répond à un souci de soutenir les enseignements dans les « daaras ». Nous remercions la présidente de la Fondation « Servir le Sénégal » pour son aide et saluons les actions du président de la République, Macky Sall, pour ses efforts de modernisation des enseignements », a laissé entendre le chef de la mission de l’Appel islamique à Dakar, Abdou Fatah Shagroon. La Fondation « Servir le Sénégal » a pris bonne note des conditions de vie des apprenants dans les écoles coraniques. Elle compte mener d’autres actions en faveur de ces établissements. Lesquelles « sont destinées à soutenir les « daaras ». « Nous avons fait l’axe Dakar-Saint-Louis. Cela nous a permis d’identifier les problèmes. C’est juste un commencement. D’autres activités seront menées pour améliorer les conditions de vie des talibés dans ces établissements », a laissé entendre Daouda Faye de la Fondation « Servir le Sénégal ».