Le directeur du bureau de Planned Parenthood Global (PPG) au Sénégal appelle les autorités sénégalaises à faire en sorte que les jeunes et les adolescents aient accès aux services de santé de la reproduction, pour que soient atteints les objectifs fixés par l’Etat en matière de contraception.
"Quand on parle d’accès aux services de santé de la reproduction, il faut souligner qu’il y a une forte composante touchant le volet information et éducation", a d’abord signalé Badara Sèye dans un entretien avec l’APS.
Lors des travaux de "counseling" (éducation, information et orientation des jeunes, en matière de santé de la reproduction), il est souvent fait état d’"une sexualité mal maîtrisée" chez les jeunes, a-t-il ensuite relevé.
M. Sèye signale que "dans ce système d’éducation et d’information à destination des jeunes", il arrive que "les parents rechignent à parler d’éducation sexuelle ou des méthodes contraceptives à leurs enfants".
Selon lui, cette attitude est d’autant plus regrettable que "ce sont ces jeunes, à qui l’information doit être donnée, qui seront les parents de demain".
Planned Parenthood Global accompagne la mise en œuvre du projet "Voix pour la santé", que déroule l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) du Sénégal.
Les activités de PPG au Sénégal entrent dans le cadre de la réalisation des engagements pris par les partenaires techniques et financiers lors du sommet de Londres (Royaume-Uni) sur la planification familiale, en 2012.
De ce sommet est née l’initiative "Family Planning 2020", pour laquelle des partenaires financiers s’étaient engagés à contribuer à la promotion de la santé de la reproduction en enrôlant "au moins 120 millions de femmes additionnelles", autrement dit cet effectif est à ajouter au nombre de femmes qui avaient déjà accès à la planification familiale.
"C’est pourquoi, a expliqué Badara Sèye, le PPG appuie la mise en œuvre du projet +Voix pour la santé+ en identifiant des organisations de la société civile ayant un énorme potentiel et un avantage comparatif."
Selon M. Sèye, cette initiative privilégie les adolescents et les jeunes en raison des "barrières diverses" qui freinent l’accès de ces deux couches aux services de santé de la reproduction.
"Parmi ces barrières, il y en a qui sont religieuses, en vertu desquelles toutes les religions enseignent qu’on n’a pas le droit d’avoir des rapports sexuels avant le mariage. Et les barrières socioculturelles : les parents voient mal que leurs enfants s’adonnent à des pratiques sexuelles", a-t-il expliqué.
Ces barrières en génèrent d’autres, que M. Sèye qualifie de "médicales", qui emmènent certains prestataires de services des structures de santé à ne pas répondre aux attentes des jeunes et des adolescents, en se positionnant comme parents, pas comme des professionnels de la santé.
La présidente de l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal (ANSFES), Marième Fall, estime qu’il ne faut pas se voiler la face, parce que les jeunes sont sexuellement actifs dès l’âge de 14-15 ans et vont dans les établissements de santé pour bénéficier de services de santé de la reproduction.
"Donc, il faut leur en offrir, tout en leur disant qu’ils ne sont pas à l’abri du VIH ou des cancers durant leur vie future. Et il peut y avoir beaucoup de complications liées à l’infertilité, aux infections, etc." recommande Mme Fall aux prestataires de services de santé.
Dans un entretien avec l’APS, elle a insisté sur la nécessité de créer des "coins conviviaux" dans les structures de santé, des espaces "ado-jeunes", pour assurer "toute la panoplie" de services de santé de la reproduction dont les jeunes et les adolescents ont besoin.