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Jean Baptiste Diouf, maire socialiste, partisan du «Oui» : «Khalifa Sall est toujours majoritaire à Dakar»
Publié le mardi 29 mars 2016  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DF
Les maires des villes de Dakar et Montréal signent une convention
Dakar, le 11 Octobre 2015 - La ville de Dakar et la ville de Montréal signent une convention. Cet accord de partenariat vise à bâtir des relations étroites, à poursuivre des objectifs de croissance et développement mutuels. Photo: Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar




Il avait dit «Oui» à Tanor et au référendum du 20 mars. Cette décision spectaculaire de Jean Baptiste Diouf, tout comme celle de Alioune Ndoye, avait mis mal à l’aise le chargé de la Vie politique du Ps. Mais le maire de Grand Dakar se réclame toujours comme un «proche de Khalifa Sall». Contrairement à Cheikh Seck qui invite le maire de Dakar à tirer les leçons de la défaite du «Non» à Grand Yoff et à Dakar de façon générale, M. Diouf pense que Khalifa Sall et les autres «nonistes» socialistes sont «toujours majoritaires à Dakar».

Quelle lecture faites-vous des résultats du référendum avec la victoire du «Oui» sur le «Non» ?
Les résultats ont consacré la victoire du Peuple sénégalais. C’est la seule considération que je fais de ce scrutin. On doit passer maintenant au travail et laisser la politique derrière.

On vous connaissait très proche de Khalifa Sall qui a appelé à voter «Non». Pourquoi, vous vous êtes démarqué de lui lors de ce référendum ?
Je suis toujours très proche de Khalifa Sall. C’est mon ami. On a partagé beaucoup de choses ensemble. Au niveau de la Ville (de Dakar), je suis son adjoint. Mais j’ai choisi le «Oui» en respectant la ligne du Parti socialiste qui avait adopté cette position lors du dernier Bureau politique. Pour moi, ce «Oui» consacrait le résultat d’une lutte farouche que nous avons menée contre le régime de Wade dans le cadre des Assises nationales. En effet, les 13 des 15 points contenus dans le projet de révision de la Constitution étaient préconisés par ces Assises nationales. Donc, c’était important de le valider.

Est-ce à dire que la position de Khalifa Sall et les autres maires qui ont participé aux Assises nationales est incohérente ?
Pas du tout ! L’argument de Khalifa pour voter «Non» est compréhensible. Pour lui, du moment où le président de la République avait donné sa parole de réduire le mandat de 7 à 5 ans et n’a pas tenu cette promesse, cela posait un problème d’éthique. Cet argument est recevable, mais c’est sûr et certain que Khalifa et Cie partageaient avec nous ces quelques points liés aux Assises nationales qui sont des articles importants pour la réforme de la Constitution.

Pour avoir appelé à voter «Oui» au référendum, on vous colle maintenant l’étiquette de «pro-Tanor»…
Ce n’est pas vrai. Khalifa Sall est le secrétaire national à la Vie politique. Il est derrière Tanor. Il a dit partout, durant la campagne, que Ousmane Tanor Dieng était son Secrétaire général. Moi, je suis derrière Tanor parce que je suis un militant discipliné. Khalifa Sall fait partie de cette catégorie. Le Ps est un et indivisible et non un parti divisé en «pro-Tanor» ou «pro-Khalifa».

Sauf que ce référendum a semé une division démontrée par le Bureau politique mouvementé du 5 mars.
Non, nous n’étions pas divisés. Ce sont des nervis qui ont tenté de saboter notre réunion. Khalifa Sall était avec nous. Donc, on ne peut pas dire que ce sont ses partisans qui étaient là. Ce sont des militants, semble-t-il, qui ont fait venir des nervis dans la Maison du parti. Ce ne sont pas des militants socialistes jusqu’à preuve du contraire. Mais l’avenir nous le dira.

Pourtant, la résolution finale du Bureau politique accuse des responsables socialistes…
Il semblerait que ce sont des responsables du parti qui auraient recruté des nervis. Maintenant, il faut situer les responsabilités.

Quels sont, selon vous, les enseignements à tirer pour les maires socialistes qui ont appelé à voter «Non» ?
Il n’y a aucun enseignement à tirer. Ils ont fait leur choix de voter «Non» et doivent revenir au sein du parti. Le Ps n’a pas besoin d’être divisé. Ces gens sont des militants importants tout comme ceux qui ont appelé à voter «Oui». Ils doivent être disciplinés et travailler au sein du parti pour son évolution en vue de rester le plus grand parti du Sénégal.

Donc, vous n’êtes pas en phase avec le député Cheikh Seck qui demande à Khalifa Sall et ses proches de démissionner de leur mairie ?
Je ne suis pas du tout d’accord. Pourquoi devraient-ils démissionner de leur mairie ? Je crois que Khalifa et les maires de Taxawu Dakar sont toujours majoritaires à Dakar. Là, on était dans le cadre d’un référendum qui est différent d’une élection présidentielle ou législative. Ils ont toutes leurs places dans les mairies et dans le parti. Au Parti socialiste, il y a eu des divergences, ce qui est normal dans une formation politique de débats. Au dernier Bureau politique, il y avait des militants responsables qui avaient appelé à voter «Non». Mais après, ils ont constaté qu’il y avait une majorité du «Oui» et se sont conformés à la ligne du parti. C’est tout. Les gens ont la liberté de donner leurs points de vue. Si tout le monde avait dit «Oui», on dirait que c’est un choix imposé par Ousmane Tanor Dieng. Si le «Non» était majoritaire, on dirait que Tanor est contesté. Finalement, on ne sait plus ce qu’il faut prendre comme position. Pour moi, le Ps est un grand parti qui va surpasser ses problèmes.

On constate que depuis certains ont agité la question de la candidature à la Présidentielle, le Ps fait face à des soubresauts…
Cette question sera tranchée par le Comité central du parti. Mon choix est qu’un Socialiste soit notre candidat. Que cela soit Khalifa, Barthélemy Dias, Jean Baptiste Diouf ou Alioune Ndoye, c’est bien. Je ne serai pas contre une candidature de Ousmane Tanor Dieng s’il pense qu’il doit être candidat. Tous les Socialistes sont au même niveau de responsabilité. Tout un chacun peut se présenter comme candidat à la candidature du Ps pour la prochaine élection présidentielle. Il y aura des Primaires. Ces gens qui parlent à droite et à gauche donnent simplement leurs avis.

Etes-vous pour ou contre la candidature de Khalifa Sall telle que proposée par Bamba Fall et Barthélemy Dias ?
Le moment de répondre à cette question n’est pas encore arrivé. Je rappelle que Khalifa n’a jamais dit qu’il voulait être candidat à la prochaine élection présidentielle. On est en 2016 et cette échéance est prévue en 2019. Beaucoup de choses peuvent se passer. Je ne vais pas jouer au saltigué sérère en faisant la promotion d’une candidature aujourd’hui (rires).

Aujourd’hui, certains pensent que Khalifa Sall est freiné dans son élan politique. Est-ce votre avis ?
Khalifa n’est pas tombé. Il va continuer à travailler dans le parti et à la mairie de Dakar. Il a beaucoup de choses à réaliser. C’est ça le plus important.

Grand Dakar est considérée comme une zone où règne l’insécurité. Qu’avez-vous fait, en tant que maire, pour changer la donne ?
Vous parlez d’une situation de 10 ans en arrière dans la conception de Grand Dakar. Cette commune n’est plus une zone d’insécurité, bien au contraire. Nous avons éclairé Grand Dakar dans le cadre du projet éclairage de la Ville de Dakar. Au passage, je remercie le maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. La nuit, vous croyez que c’est le jour à Grand Dakar. C’est une preuve de sécurité. La deuxième chose est que nous avons désengorgé la commune. Aujourd’hui, on respire mieux. Il y a des cas d’insécurité lorsque le stade Demba Diop reçoit des manifestations. Sinon, notre poste de police est le plus efficace de la zone. On lutte contre la drogue. Grand Dakar est devenue un havre de paix.

Au niveau de la mairie, comment jugez-vous la mise en œuvre de l’Acte 3 ?
On vit énormément les difficultés causées par l’Acte 3 de la décentralisation. Nous n’avons même plus les moyens pour vivre. Il y a une dévolution du personnel, des centres de santé et des écoles qui fait qu’on n’a même plus les moyens de payer les salaires. C’est notre goulot d’étranglement. On ne peut rien réaliser, ni investissement ni aide sociale pour les populations. Ce n’était pas le cas lorsque nous étions une commune d’arrondissement. Dans ce dernier cas de figure, nous recevions de la Ville un fonds de dotation de 140 millions de francs Cfa. Le gouvernement a supprimé cela et nous donne juste 30 millions. Si on fait le calcul, c’est 110 millions de francs perdus par an. Aujourd’hui, notre budget tourne autour de 520 millions.

Pour vous, l’Acte 3 doit être retourné à l’Assemblée nationale ?
Je ne sais pas. Ce que je peux dire, c’est que le gouvernement a dit qu’il y a une deuxième phase qui va nous procurer beaucoup plus de moyens. On attend. Cependant, si l’Acte 3 ne nous permet pas d’avoir un budget d’un milliard, il n’aura pas réalisé un bond en avant pour l’émergence du Sénégal.
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