Dakar - Le "oui" a remporté avec près de 63% des voix le référendum constitutionnel de dimanche au Sénégal, visant notamment une
réduction du mandat présidentiel, avec une participation de 40,42%, a déclaré mardi le ministre de l’Intérieur.
"Il ressort des (chiffres des) commissions départementales (de recensement des votes), en attendant la proclamation officielle, que le courant du oui remporterait le scrutin avec 62,9% contre 37,1%" pour le non, pour un taux de participation de 40,42%", a dit le ministre Abdoulaye Daouda Diallo lors d’une conférence de presse.
Ces chiffres ont été donnés "sur la base des compilations que nous avons faites", a dit M. Diallo, qui a précisé n’être "pas habilité" selon la loi, à annoncer officiellement et proclamer les résultats. Ces prérogatives appartiennent à la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), puis au Conseil constitutionnel.
Le nombre d’inscrits a été de 5.496.406, dont 2.221.647 ont voté, a dit M. Diallo, également responsable du parti présidentiel, saluant un "scrutin qui s’est déroulé dans le calme malgré l’engagement réel aussi bien de partisans du courant du oui que de celui du non".
Il a estimé que le niveau de participation de 40,42% pourrait s’expliquer par "un stock mort important", de quelque 1.500.000 personnes, "depuis l’instauration de la carte d’identité nationale numérisée qui a été accompagnée de l’inscription automatique sur le fichier électoral" dès l’âge de 18 ans.
"Ce sont des gens qui n’ont pas voté depuis qu’ils sont inscrits sur les listes (électorales) en 2005", a indiqué M. Diallo.
Le oui a remporté le scrutin de dimanche avec 62,54% des voix, avaient annoncé précedemment plusieurs médias locaux, se basant sur les résultats issus des 45 commissions départementales de recensement des votes.
Le oui est majoritaire dans 13 des 14 régions et 42 départements sur 45, selon ces chiffres provisoires repris par des journaux dont L’As et Le Populaire et des sites d’information privés comme Dakaractu et PressAfrik.
"Razzia du oui avec 62,54%" des voix, titrait mardi le quotidien privé Le Populaire. Pour le journal WalfQuotidien en revanche, avec une forte abstention et un non important, "le Sénégal adopte la Constitution la plus impopulaire de son histoire".
Plusieurs responsables du camp du non ont félicité ceux du oui pour leur victoire, dans des déclarations à la presse.
La révision constitutionnelle proposée par le président Macky Sall comporte quinze points, dont une réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans.
Le débat s’est cristallisé sur le retrait par M. Sall, sur avis du Conseil constitutionnel, de la disposition portant sur l’application du quinquennat au mandat en cours, signifiant qu’il irait donc jusqu’au bout de son septennat en 2019.
Elu face à Abdoulaye Wade (2000-2012) qui briguait un troisième mandat en contournant la Constitution selon ses détracteurs, Macky Sall avait promis durant sa campagne le retour du quinquennat, avec effet immédiat.
Plusieurs collectifs de l’opposition et de la société civile, dont "Y’en a marre", un mouvement en pointe dans le combat contre un troisième mandat d’Abdoulaye Wade, ont milité pour le non, reprochant à M. Sall d’avoir manqué à sa parole.
La révision constitutionnelle porte également sur le renforcement des droits des citoyens et de l’opposition, ainsi que des pouvoirs législatif et judiciaire.
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