L’abstention a damé le pion à tous les acteurs hier, dimanche 20 mars, à l’occasion de ce référendum devant valider le projet de révision constitutionnelle de Macky Sall. Moins de la moitié des électeurs seulement s’est déplacée pour exprimer son suffrage. Le taux de participation voisinant les 40% des voix demeure le plus faible de tous les scrutins référendaires qui ont été organisés au Sénégal, de 1960 à nos jours. Un véritable camouflet pour le président Macky Sall qui s’est investi en personne dans la campagne, avec de significatifs moyens mis à la disposition de son camp.
Les citoyens sénégalais n’ont pas adhéré massivement à la consultation référendaire organisée hier, dimanche 20 mars 2016. En milieu de journée, seuls 15% de votants avaient exprimé leur vote dans les bureaux de vote répartis à travers le territoire national. Le constat relevé par le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) Doudou Ndir, qui faisait sa tournée dans les principaux centres de vote, était expressif de la faiblesse du nombre de votants qui étaient sortis de leurs demeures pour dire Oui ou Non au projet de révision constitutionnelle de Macky Sall. « Il y a, au moment où je vous parle près de 15% de votants. Ce qui est faible. Mais, il faut aussi prendre en considération le fait qu’il n’y a que deux (2) bulletins. Ce qui facilite les choses. Alors, les électeurs se disent qu’ils vont attendre l’après-midi, mais je pense qu’ils vont venir voter. C’est l’appel que je leur lance», avait alors déclaré Doudou Ndir. Avant de noter, à propos des accusations et autres dysfonctionnements relevées sur le processus de vote : «On m’a déclaré qu’il y avait des problèmes avec les enveloppes. Mais, je les ai observées et je n’ai relevé aucune irrégularité. Mais nous continuons de faire notre travail qui est de faire le tour des bureaux pour voir s’il y a des irrégularités. Mais jusqu’à présent, rien n’a été relevé».
A moins de deux heures de la fermeture des bureaux de vote, les chiffres disponibles sur le taux de participation ne s’étaient infléchis que très légèrement. A 16 heures, les taux de participation arrêtés, sur la base de recoupements, étaient de 36,99% à Sédhiou et de 36,17% à Matam. Quant à Kaffrine, le taux de participation était de 36,49% et 30,56% à Kaolack. Diourbel enregistrait un taux de participation de 31,27%, alors que Fatick était à 36,16%, Louga à 37,24%, et Ziguinchor à 27,96%. Kolda comptait à 16 h le plus haut taux de participation avec 45%. Il surclassait alors Thiès qui était à 30,65%, Mbour à 34,36%, voire Tivaouane à 35,79%. Le département Dakar, au centre de tous les enjeux, enregistrait, quant à lui, à moins d’une demi-heure de la fermeture des bureaux un taux de participation à 32,42%.
Ce taux de participation risque de s’avérer, en dernière instance, comme le plus faible de tous les scrutins référendaires organisés au Sénégal, de 1960 à nos jours. Pour cause, il était de 94,3 % de votants au référendum de 1963 pour une victoire à la « soviétique » du OUI à hauteur de 99,45 %, 95,2 % d’électeurs aux urnes pour 99.96% de OUI au référendum de 1970, 65,74 % de votants pour 94.0% de suffrages favorables au référendum de 2001.. Il ressort que le référendum d’hier est parti pour être un véritable camouflet pour le président Macky Sall qui s’est investi en personne dans la campagne, avec de significatifs moyens mis à la disposition de son camp et qui risque de voir son projet de révision constitutionnelle être validé avec un marge quasi insignifiante.