Les électeurs ont adopté le projet de révision de la Constitution. Mais le fort taux d’abstention est une donne qui met un bémol à cette adhésion.
Fini le tapage pour un «Oui» ou un «Non». Ce qui est sorti des urnes hier est l’avis et la décision du Peuple qui, seul, a le dernier mot. Les premières tendances donnent vainqueur le courant du «Oui». Et en clair, les propositions de réforme du chef de l’Etat sont adoptées, en attendant la confirmation de la Cour d’appel et du Conseil constitutionnel. Se pose alors le sens du taux de participation. Il demeure évident que nombre de Sénégalais ont préféré rester chez eux. Mais pourquoi ? S’il paraît indéniable que ce référendum était un test aussi bien pour la majorité que pour l’opposition, il convient de relever que le profil de ceux qui se sont abstenus est celui d’un citoyen qui n’a su faire confiance aussi bien à celui qui a soumis son projet qu’à ceux qui ont souhaité qu’il soit rejeté. Ce même Peuple était attendu pour sanctionner positivement ou négativement le wax waxeet (reniement) de Macky Sall sur la réduction de son mandat en cours. Le Peuple n’a pas voulu arbitrer cette compétition qui, au fond, devait donner une idée de ce que sera 2017, puis 2019. A partir de ces premières tendances de participation- faibles- qui pourraient être de l’ordre de près de 40%, il a dit ce qu’il en pense, mais on ne peut jubiler en ignorant les voix de ceux qui se sont abstenus.
Le président de la République a là l’occasion de tirer les conséquences d’un tel degré d’expression. On ne cessera jamais de rappeler que si ce paquet de 15 points avait fait l’objet d’un consensus, comme l’avait été la Constitution de Abdoulaye Wade, sans doute, le «Oui» aurait été encore plus fort, donc l’adhésion plus forte.
Si on ne peut comparer le référendum aux autres scrutins comme la Présidentielle, les Législatives et les Locales, il faut en revanche avouer que c’est un message à décoder. Il s’agit de l’expression d’une faible adhésion au projet de révision de la Constitution, mais aussi une baisse de confiance en la personne de Macky Sall et sa politique. Et la victoire du «Oui» ne peut cacher ou occulter un avertissement, à bien des égards pour les prochaines échéances, car le score des «nonistes» n’est pas à négliger. Surtout que c’était un test grandeur nature d’une opposition qui cherchait sa voie pour affaiblir la «coalition des coalitions» qui a quand même perdu des alliés dans cette campagne référendaire. Si la dynamique continue, il y a à craindre des Législatives très disputées en 2017, à défaut d’une cohabitation. Et c’est demain.
Il ne faut pas cependant exagérer ce faible taux de participation pour un référendum. Il avoisine, en effet, celui des dernières Locales avec près de 41%. Mais bien sûr avec une sanction dans certaines localités comme Dakar. Il ne faut pas non plus oublier que les Législatives de 2012 n’avaient pas enregistré plus de 37%. Alors que, trois mois plutôt, ce sont 65% des électeurs qui avaient choisi Macky Sall contre Abdoulaye Wade. Mieux encore, à la Présidentielle de 2012, même avec les 65% de score au second tour, (seuls) 55% des électeurs s’étaient rendus aux urnes. Donc, aussi fort ou faible soit un taux de participation, on ne peut admettre au nom du principe de la majorité que ce qu’ont décidé les votants. Et quels que soient les résultats, comme l’admet le principe démocratique, la majorité fait la loi. Le Peuple a dit «Oui» en adoptant le projet. Il a dit «mais» aussi en restant majoritairement à la maison.