L’ancien instituteur Khasset Cissoko revisite l’histoire de la gauche sénégalaise dans un ouvrage (237 pages) paru récemment chez les éditions sénégalaises Njelbeen et intitulé "Hommage révolutionnaire et citoyen aux luttes politiques de la classe ouvrière et de sa gauche organique".
Ce livre d’hommages porte la signature d’un homme "engagé dans les mouvements politiques clandestins opposés au régime de Senghor, puis celui d’Abdou Diouf", mentionne la quatrième de couverture.
Sur la même page, Khasset Cissoko, 59 ans, est présenté par son éditeur comme "un natif d’un quartier ouvrier" de la ville de Thiès et le "fils de l’un des 23 signataires du Manifeste du Parti africain de l’indépendance, Seydou Cissoko".
En plus des repères chronologiques des luttes menées par la gauche sénégalaise, dans les années 50 à 80, l’ouvrage fourmille de photos et de profils des personnages de cette période de la vie politique et syndicale du pays.
"Au sein de cette génération, il y a eu une véritable cascade de morts anonymes à un âge peu avancé, qui sont partis avec leurs convictions et valeurs encore vivaces", rappelle la quatrième de couverture de l’ouvrage de cet instituteur parti poursuivre des études supérieures en biologie et biotechnologies végétales dans l’ex-Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), de 1985 à 1996, à l’Université Lomonossov de Moscou précisément.
M. Cissoko dit avoir tiré profit des témoignages d’acteurs de la lutte politique et syndicale de cette période, auxquels s’ajoutent ses souvenirs à lui, qui avait "un père entré en clandestinité politique et coupé physiquement de ses enfants, mais moralement présent".
Ce "marxiste léniniste armé de la pensée de Mao" évoque dans son ouvrage "la culture humaniste du football", dans un quartier ouvrier de Thiès, fief des travailleurs du chemin de fer Dakar-Bamako.
"Le mouvement Sport-Progrès, sous l’inspiration de Joe Diop, a été une étape marquante de notre militantisme sportif", se souvient-il par exemple, sans oublier "la musique urbaine et afro-américaine, source d’inspiration et d’émancipation juvénile" pour sa génération.
Parmi les personnages auxquels il rend hommage, figure le sociologue Samba Ndiaye, un "catalyseur du mouvement de la gauche sénégalaise", l’un des signataires du Manifeste du PAI, de farouches opposants au régime (1960-1980) de Léopold Sédar Senghor, qui ont connu la répression, selon des témoins de cette époque.
Les hommages de Khasset Cissoko vont également aux "pionniers méconnus du mouvement maoïste issu de mai 1968", dont le journaliste Moussa Paye, décédé en mars 2014, "un esprit critique et iconoclaste", connu pour sa "rigueur" et sa "persévérance".
M. Cissoko se souvient aussi des combats menés par des figures du "mouvement patriotique paysan" et du "mouvement syndical féminin", dont les générations actuelles peuvent faire la connaissance à l’aide de cet ouvrage.