Au total, 183.386 électeurs ne participeront pas au référendum du 20 mars prochain. Pour cause, face à la défaillance de la machine chargée d’éditer plus de 300.000 cartes, issus de la révision du fichier électoral de 2015 et à l’absence de consensus entre le courant du Non et celui du Oui, le ministre de l’intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo a décidé de respecter l’article 76 du Code électoral, qui exige la carte d’électeur pour voter. Si Adji Mergane Kounaté, représentante du courant du Oui à cette réunion, accuse l’opposition pour avoir refusé de permettre aux citoyens de voter avec leurs récépissés, Babacar Gaye, porte-parole du Pds rejette la responsabilité sur le régime de Macky Sall, non sans lui demander de tirer les conséquences de leur «incompétence».
Ils seront au total 183.386 sénégalais à ne pas pouvoir participer au référendum du 20 mars prochain, faute de carte d’électeur. La machine chargée d’éditer les cartes d’électeurs de plus de 300.000 citoyens, concernés par la révision ordinaire du fichier électoral de 2015, est tombée en panne, après avoir imprimé moins de la moitié des cartes. Face à cette situation, le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo a tenu une réunion d’information et de recherche de solutions avec les différents courants, à savoir celui du Non et l’autre du Oui, ainsi que les représentants de la Comission électorale nationale (Cena), les services de la direction des élections, et aussi le secrétaire général du ministre de l’intérieur.
Cependant, la rencontre avec les plénipotentiaires des différents courants a accouché d’une souris, car aucun consensus n’a été trouvé. Face à ce blocage, Abdoulaye Daouda Diallo s’est résigné à respecter le Code électoral, en son article 76, qui stipule «qu’il faut impérativement disposer d’une carte d’électeur et d’une carte d’identité et non d’un récépissé». Ainsi, toutes ces personnes touchées par la défaillance de la machine de la Direction de l’automatisation des Fichiers (Daf) seront tout bonnement zappées du référendum prochain.
BABACAR GAYE SUR LA DEFAILLANCE DES MACHINES : «Ils seront seuls responsables du fait que des citoyens…»
Interpellé par nos soins sur la question, le porte-parole du Parti démocratique a carrément rejeté la faute sur le camp du pouvoir. De l’avis de Babacar Gaye, «la Coalition du Non Gor ca wax ja, n’a pas accepté la proposition du ministre de l’intérieur car la coalition ne peut pas être dans une compromission et tordre le cou à la loi». Pour lui, il est clair qu’il appartient au ministre et au gouvernement de se donner tous les moyens légaux afin d’organiser ce référendum, en respectant la loi et le règlement. A l’en croire, le régime de Macky Sall a décidé «vaille que vaille de convoquer le référendum le 20 mars 2016, alors qu’ils sont manifestement pas du tout prêts pour le faire dans les meilleurs conditions possibles».
Par conséquent, M. Gaye pense «qu’ils sauront en tirer toutes les conséquences et ils seront seuls responsables du fait que des citoyens sénégalais, dignement inscris sur les listes électorales, dans les périodes indiquées par la loi, soient exclus du processus référendaire, par le simple fait de l’incompétence du ministre de l’intérieur et de son équipe». Pour lui, la coalition Gor ca wax ja dégage toute responsabilité de tout ce qui pourrait advenir de ce manquement.
Par rapport à la jurisprudence 2011, brandie par le courant du Oui, Babacar Gaye trouve «qu’entre utiliser un récépissé de la carte nationale d’identité pour être inscrit sur les listes électorales, afin d’avoir une carte d’électeur, n’a pas le même sens qu’autoriser un citoyen sénégalais, qui n’a pas de carte d’électeur, de voter sur la base d’un récépissé». Pour lui, «c’est la porte ouverte à la fraude», d’autant plus que, poursuit-t-il, c’est un ministre Apr et ses services qui délivrent ces récépissés. Informant que la coalition ne lui fait pas confiance, il indique que pour cette raison, «nous ne lui ferons aucun cadeau».
Par ailleurs, le porte-parole du Pds pense que si réellement le régime de Macky Sall voulait des concertations, «il aurait dû ouvrir des concertations dès le début avec les partis politiques, engager la réflexion dans l’organisation du référendum». Mais, déplore-t-il, «ils nous ont imposé leur loi, leur couleurs, leur date». Ainsi, il leur avertit qu’étant dans un Etat de droit, la coalition veillera à ce que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur.
La Cena applique la loi
Du coté de la commission électorale nationale autonome (Cena), le manque de consensus entre les parties prenantes induit forcément à l’application stricte de la loi. De l’avis du porte-parole de la Cena, sur les ondes de la RFM, le Code électoral sera appliqué. A en croire Issa Sall, comme le dit la loi, il faut que tout électeur soit muni d’une carte d’électeur, d’une carte d’identité nationale, et qu’il soit inscrit dans les listes électorales.
MANQUE DE CONSENSUS POUR LE VOTE PAR RECEPISSE : Adji Mergane accuse l’opposition
De l’avis de Adji Mergane Kanouté, membre de l’Alliance pour la République (Apr), qui a pris part à la rencontre pour le compte du camp du Oui, «le courant du Oui a proposé le vote par le récépissé parce que nous avons eu à la faire en 2011». Joint au téléphone par la rédaction de Sud Quotidien, elle a expliqué que pour permettre aux jeunes de voter, un consensus a été trouvé à l’époque, avec les différentes parties prenantes afin d’admettre que ces derniers, qui ne disposaient que de récépissés de cartes d’identité, puissent s’inscrire sur le fichier électoral. Estimant ainsi qu'on se trouve dans un cas similaire, elle a fait savoir qu’il était mieux de permettre aux citoyens d’exercer leur droit avec ces récépissés. D’autant plus, poursuit-elle, «matériellement, d’ici samedi, vu la défaillance des machines, il ne sera pas possible d’éditer les cartes d’électeurs et également de procéder à la distribution au niveau national».
Expliquant en outre la position du courant du Oui, la responsable apériste trouve que les récépissés en question sont crédibles. Pour elle, les quittances contiennent «l’identification du votant, également le numéro de la carte d’électeur qui sera délivré aux ayants droit». Donc, à l’en croire, «c’est autant d’éléments qui permettraient aux citoyens de voter».
Hélas, s’est-elle désolée, «le courant du Non a dit Non sans arguments valables». Selon elle, les partisans du Non ont refusé cette option, arguant qu’il y a des possibilités de fraude et autres dysfonctionnements possibles. Cela, même avec l’adhésion de la Cena à la proposition faite par le courant du Oui, qui a convoqué la jurisprudence de 2011, selon Mme Kanouté. Par conséquent, elle s’est attaquée à l’opposition en estimant que, contrairement à celle de 2011 «responsable», «cette opposition là, ne travaille pas pour les intérêts des populations sénégalaises, car elle pouvait permettre à ces citoyens de pouvoir voter avec le récépissé qui est un document assez crédible où on retrouve tous les éléments».
MESENTENTE ENTRE LE COURANT DU NON ET DU OUI : Abdoulaye Daouda Diallo s’en désole
Dans un communiqué parvenu à la rédaction de Sud Quotidien hier, mardi 15 mars, le ministre de l’Intérieur et de la Sureté publique dit regretter «l’absence du consensus», entre les différents courants, lors de la rencontre tenues par ses services pour trouver «une solution pouvant garantir la participation des citoyens concernés au référendum du 20 mars 2016».
Revenant sur les faits, la note informe que, suite à la défaillance technique, qui a empêché la Direction de l’automatisation des Fichiers (Daf) d’éditer l’ensemble des cartes concernées par la révision ordinaire de 2015, «le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique a initié une rencontre avec les représentants des courants du «Oui» et du «Non» en présence d’un représentant de la Cena pour les informer de cet état de fait et envisager une solution pouvant garantir la participation des citoyens concernés au référendum du 20 mars 2016».
La même source ajoute : «une proposition a été faite de faire voter, avec leur carte nationale d’identité accompagnée du récépissé délivré par la commission administrative dûment visé par la Cena, les citoyens figurant sur la liste d’émargement des bureaux de vote et qui n’auraient pas reçu à temps leur carte d’électeur». Malheureusement, informe la source, «elle n’a pas reçu le consensus nécessaire à son application». Par conséquent, tout en regrettant l’absence de consensus, le ministre a jugé nécessaire d’en informer l’opinion nationale, selon le communiqué.