Les Renseignements généraux (Rg) entrent dans la danse. Leurs notes révèlent une stratégie bien huilée du Front du Non/Gor ca wax ja. «Radicalisation du front social, dynamique beaucoup plus dangereuse pour le pouvoir, mobilisation de calots bleus», etc. Bref, résume-t-on, «il y a risque de confrontation».
Il y a une semaine, des informations étaient parvenues aux plus hautes autorités selon lesquelles le Front du Non/Gor ca wax ja, particulièrement, nourrissait des velléités de «radicaliser le front social pour installer une logique de massification pour le «Non»». Mais c’est de bonne guerre. Les Rg estiment que dans les coulisses des réunions du Pds, de Rewmi, du Grand parti, entre autres, il se prépare une «dynamique beaucoup plus dangereuse pour les tenants du pouvoir». C’est une véritable araignée qui se constitue entre l’opposition traditionnelle et ceux qui, dernièrement, se sont rebellés contre la décision de Macky Sall de faire 7 ans et non 5 ans.
Quand Khalifa Sall fréquente le Pds et Bgg
Les renseignements indiquent qu’à Dakar, le Socialiste, qui a pris le sens inverse de son parti en votant «Non», compte sur ses satellites de Taxawu Dakar à Dieuppeul-Derklé par exemple pour faire front avec Bokk gis gis. Et là, souligne-t-on, Pape Diop, que les services secrets créditent d’une «large audience» depuis son rapprochement avec ses ex-camardes du Pds, ne ménagerait aucun effort pour venir en appui financier consistant entre Castors, Grand Dakar et Niary Tally. A Grand-Yoff aussi, les hommes de Khalifa Sall compteraient sur des conseillers du Pit, même si ce parti membre de Benno bokk yaakaar a décidé de voter «Oui».
Calots bleus remobilisés
Mieux, dans cette même zone, des calots bleus du Pds, au nombre estimé à «1 500 éléments», auraient été remobilisés sous la conduite de Abdoulaye Faye pour mettre leur dose de dissuasion sur les «ouistes». Avec eux, des «karimistes» de Dakar jouent leur partition de dissuasion en suivant, selon les notes, «le passage des éléments du «Oui», pour inverser la tendance». C’est à croire que Pape Samba Mboup n’a as été dans le Sud la semaine dernière pour rien. Il est présenté par les Rg comme le «responsable des contacts à l’intérieur du pays». Là-bas, il se dit qu’il a remobilisé «517 calots bleus pour contrôler les bureaux jusque dans les villages». Dans la Casamance, indique-t-on, «le passage de Gackou et Idy a constitué un moment de frayeur chez les responsables locaux de l’Apr». Les leaders du Grand parti et de Rewmi y auraient laissé des moyens pour faire triompher le «Non».
Il y a aussi fort à craindre à Dalifort. Les analyses des fiches révèlent un «schéma radical» des «nonistes» socialistes qui auraient créé leur «milice»- c’est le terme utilisé par les services de renseignements- pour surveiller les bureaux de vote. Suggestion des Rg : «Des dispositions dissuasives devraient être prises pour la mise à contribution des forces de maintien de la paix.»
«Risque de confrontation perceptible»
Autre alerte : «Le risque de confrontation est perceptible au regard du discours des leaders politiques de l’opposition à l’endroit des jeunes chômeurs, désœuvrés et frustrés.» Le Front du «Non» n’aurait pas lésiné sur les moyens dans la banlieue pour «un important travail de proximité» avec l’appui de Malick Gackou et de Idrissa Seck. La forte mobilisation du premier jour de campagne de Guédiawaye à Pikine serait l’explication de cette «jonction» des leaders de l’opposition, et la présence de Balla Gaye a dopé des fans qui ont rejoint la caravane. Peut-être bien que le leader de Rewmi chercherait une revanche sur Oumar Guèye en s’investissant auprès des porteurs de voix à Sangalkam. C’est la même stratégie à Golf, chez Aïda Sow Diawara où des «nonistes» socialistes se sont ligués avec les autres forces du «Non».
Objectif : «Délégitimer Macky»
Le Front du «Non» n’aborde pas ce référendum sous l’angle des réformes proposées par le chef de l’Etat. Il est plus question, au-delà de battre campagne sur le non-respect de la parole donnée, de marteler «les promesses et réalisations non encore faites» par Macky Sall. Les renseignements affirment que les leaders du Front ont mis les bouchées doubles pour mettre Macky Sall dans une «mauvaise posture» le 20 mars. Et parmi leurs résultats attendus, il s’agira de faire en sorte de «délégitimer le pouvoir de Macky» mais aussi de «poser les conditions politiques pour une élection présidentielle en 2017» et non en 2019.