Le ministère de la Santé a pris la décision hier, de fermer le centre Americare médicale de liberté 6, suite à une demande en ce sens du maire de Dakar, lui-même antérieurement saisi par le néphrologue du centre. Mais cette décision cache mal le scandale du sang de près de cent malades contaminés à l’aluminium, qui se soignaient dans ce centre, mais qui sont venus d’ailleurs. Ce qui fait que les responsables de Americare ne veulent pas prendre seuls cette responsabilité, quand bien même, ils promettent d’accompagner les malades dans leur traitement. Le ministère qui poursuit les inspections dans le centre déjà fermé et au centre Assofal, a une part de responsabilité dans cette scandaleuse négligence. Plus d’une fois, des malades à travers Le Quotidien, ont tiré la sonnette d’alarme, sans qu’il ne daigne réagir à temps. Pour ce qui la concerne, l’Association Ashir, qui regroupe des malades et sympathisants, promet de porter plainte contre X, si les prélèvements qu’elle a effectués sur des malades reviennent positifs. Révélations……
Les Sénégalais peuvent être convaincus d’une chose : ils ne sont pas en sécurité dans les structures de santé. Et si ce énième forfait sur les malades dont Le Quotidien va vous livrer les détails passe sans qu’aucune sanction ne soit prononcée contre les auteurs, l’on est en droit en tant que citoyens de s’interroger sur le souci des autorités de ce pays à notre endroit. Figurez-vous que depuis quelques mois, près d’une centaine d’hémodialysés, dont une partie est suivie au centre de dialyse Americare, a été contaminée à l’aluminium.
Le Quotidien détient des documents de malades estampillés confidentiels et dont la teneur est ahurissante. Chez ces derniers, il a été constaté un taux anormal d’aluminium dans le sang. Des examens de toxicologie effectués à l’Institut Pasteur de Dakar montrent noir sur blanc que ces malades ont entre 80 jusqu’à 192 microgrammes d’aluminium dans le sang, alors que la norme est de 20 microgrammes. Ces malades, qui se comptent par dizaines, 71 pour être précis, ont largement dépassé le seuil de toxicité toléré et sont naturellement exposés à la mort, pour avoir été intoxiqués de façon démesurée.
Ces résultats ne sont pas démentis par le centre Americare qui s’interroge néanmoins sur l’origine de cet aluminium dans le sang de ses patients. Pour Fatou Kagni, directrice générale adjointe d’Americare, la contamination peut être antérieure à la venue de ces malades dans le centre qui n’est fonctionnel que depuis 15 mois. Même si elle ne cite aucun centre, elle n’en assure pas moins que Americare est tout à fait étranger à ce taux élevé de microgrammes dans le sang des malades. «Les malades peuvent être contaminés depuis longtemps, avant même l’ouverture du centre. Aussi, le mauvais traitement du néphrologue qui n’a jamais imposé un régime alimentaire adéquat aux malades peut-il aggraver l’état de santé des hémodialysés», s’est-elle défendu en conférence de presse, organisée samedi dans ledit centre. Quand bien même, elle rassure qu’elle fera le nécessaire, pour accompagner ces malades, dans le sens d’expulser l’aluminium de leur sang. C’est un traitement à long terme et très coûteux, mais «l’affection» que Americare a pour les malades en vaut la peine, a encore indiqué Mme Kagni.
Des propos qui ne rassurent pas pour autant certains hémodialysés, venus assister au point de presse. Il y en a qui ont tenu à manifester leurs inquiétudes et s’interrogent sur leur état de santé, qui se dégrade de jour en jour. Non seulement, ils s’affaiblissent de façon ininterrompue, mais ils vieillissent de plus en plus et ont la peau de plus en plus noire, à cause de l’excès d’aluminium dans le sang. Il y a d’autres hémodialysés qui se demandent légitimement par quelle sauce ils vont être mangés dans le conflit qui s’est installé au centre Americare et qui oppose leur médecin traitant à la direction.
Quoiqu’il en soit, il est apparu dans cette affaire, un laxisme du ministère de la Santé qui s’est empressé de signer des Conventions avec les centres privés de dialyse, sans s’assurer au préalable des conditions de sécurité dans lesdits centres. C’est seulement aujourd’hui qu’il songe le faire.
