Malgré leur condamnation, Pape Samba Diop et Ibrahima Sow ont recouvré la liberté. Ayant passé six ans en détention préventive, ils ont été condamnés à 5 ans de travaux forcés par la Chambre criminelle. Cependant, leur co-accusé jugé par défaut a pris 15 ans. Et un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre.
La Chambre criminelle du Tribunal régional de grande instance de Dakar a condamné Pape Samba Diop et Ibrahima Diallo à 5 ans de travaux forcés. Les accusés comparaissaient pour détention et trafic de chanvre indien. Ayant passé 6 ans en détention préventive, ils sont rentrés chez eux. Alors que leur co-accusé, jugé par contumace, a été condamné à 15 ans de prison en plus d’un mandat d’arrêt décerné contre lui.
Les faits remontent à 2010. Les éléments de la Sûreté urbaine avaient reçu une information selon laquelle il y avait un vaste réseau de trafic de drogue. Ils se sont transportés au domicile de Ibrahima Sow. La perquisition de sa chambre a permis de trouver un sac où étaient dissimilés 5 kg de chanvre indien. Interpellé par les limiers sur ladite drogue, l’accusé a dit qu’elle n’était pas sa propriété mais qu’il était chargé de la vente du produit moyennant la somme de 10 mille F Cfa par jour. Il a promis de les conduire chez Pape Samba Diop alias Payam. Sur place, le fournisseur n’y était pas. C’est ainsi qu’ils ont mis en place une planque pour l’épier. Pendant un mois, ils n’ont pas réussi à mettre la main sur lui, car Pape Samba Diop a su qu’il était recherché par les policiers. Mais il a été aperçu par les limiers alors qu’il rentrait chez lui. Sachant que les carottes étaient cuites, il a abandonné son scooter pour détaler. Les policiers, qui l’ont rattrapé après une course-poursuite, ont trouvé sur sa moto, 2,5 kg de chanvre indien.
Interpellé à son tour, il a reconnu effectivement être le propriétaire de la drogue trouvée au domicile de son co-accusé. Il a aussi précisé à l’endroit des policiers qu’il avait engagé ce dernier pour la vente moyennant la somme de 5 000 francs par jour. Ils lui ont demandé son fournisseur. C’est ainsi qu’il a désigné Pape Alcaly Cissokho. Le transport des limiers sur les lieux n’a rien donné. Le caïd s’était évaporé dans la nature. Mais, ils avaient trouvé sa femme et son frère. La perquisition de sa chambre faite en leur présence avait permis de trouver 22 kg de chanvre dissimilés sous le lit.
En dépit de cette découverte, la police n’a pas jusque-là réussi à mettre la main sur Pape Alcaly Cissokho, jugé hier par contumace. Devant la barre de la Chambre criminelle, les accusés ont versé dans des dénégations systématiques allant même jusqu’à nier se connaître. En fait si Ibrahima Diallo soutient mordicus que c’est son co-accusé qui lui a confié le sac, il prétend qu’il ne connaissait pas son contenu. Pourtant devant les enquêteurs, il avait fait mention que la drogue ne lui appartenait pas mais qu’il avait la charge de la revendre. Pape Samba nie avoir confié le sac à Ibrahima Diallo en soutenant que si le sac lui appartenait, il aurait trouvé où le garder chez lui. Il est allé même jusqu’à nier connaître Pape Alcaly Cissokho qu’il avait pourtant désigné comme son fournisseur. Selon le Parquet, les déclarations des accusés sont corroborées par des éléments objectifs du dossier. La représentante du ministère public trouve que les accusés sont de mauvaise foi. Les faits de détention et de trafic de drogue étant constants à ses yeux, elle a requis 10 ans de travaux forcés et 5 millions d’amende. A l’encontre de Pape Alcaly Cissokho qui court encore dans la nature, elle a requis 15 ans de travaux forcés et une amende de 10 millions de francs en demandant de confirmer le mandat d’arrêt décerné contre lui.
Me Dabo n’est pas de cet avis. Il estime qu’il n’y a pas d’éléments pouvant permettre d’entrer en voie de condamnation. Il a plaidé l’acquittement pour son client. La défense de Pape Samba Diop dira aussi que rien ne prouve que la drogue trouvée sur Ibrahima Diallo appartient à son client. «Ce ne sont que de simples déclarations d’un co-accusé», dit-il. Ils ont plaidé l’acquittement à défaut de lui faire une application bienveillante de la loi.