Les fortes mobilisations de part et d’autre des deux camps, notamment celles du Oui et les autres du Non au référendum prochain, ne sont que de la poudre aux yeux. De l’avis du journaliste analyste politique, Ibrahima Bakhoum, les populations ont appris, ont retenu et appliquent la leçon de Madior Diouf (Rnd), c’est-à-dire d’encaisser l’argent des politiciens et puis de faire autre chose. Le journaliste formateur est aussi revenu sur les coquilles vides des différentes coalitions, du pouvoir comme celles de l’opposition. Comme sur le différend Tanor-Khalifa Sall au sein du Parti socialiste.
Les Sénégalais ont-ils pris conscience du jeu de dupes auquel se livrent les hommes politiques à l’approche des joutes électorales, en distribuant des billets de banques pour mobiliser les foules? La réponse semble être oui pour le journaliste analyste politique Ibrahima Bakhoum. En effet, de l’avis du journaliste formateur, la leçon de Madior Diouf (Rnd), lors des élections de 1993, a été apprise et retenue par les Sénégalais, à savoir «si on vous donne de l’argent, prenez-le. Le jour du scrutin, travaillez pour le Sénégal».
Pour lui, la mobilisation de beaucoup de personnes n’est pas gage de victoire, dans la mesure où, «si vous prenez l’ensemble des vrais militants au Sénégal, de l’Apr au Pds, il n’y en a pas 300.000». Donc, à l’en croire, «les politiciens cherchent à manipuler les Sénégalais, mais ceux-ci leur retournent cette stratégie de manipulation». Ainsi, poursuit-il, «ils bouffent leur argent et font ce qu’ils ont à faire». Par conséquent, il pense que «ça ne sert à rien de prendre de l’argent pour mobiliser des gens», non sans donner l’exemple d’Abdoulaye Wade qui parvenait à mobiliser, rien qu’à son seul nom.
D’ailleurs, se prononçant sur le véritable poids que pèsent les leaders dans les différentes coalitions, M. Bakhoum reste convaincu qu’il n’en reste que des coquilles vides. A l’en croire, les gens qui restent n’ont qu’un nom, mais que derrière il n’y a rien. «Il y a peut-être un appareil, mais il n’y a rien généralement dedans», pense-t-il. Encore que, selon lui «c’est parfois un appareil tellement restreint». Donc, à son avis, ceux qui les suivent le plus souvent, sont là pour les aider à bouffer leur argent.
LE PS, AU FOUR ET AU MOULIN
Revenant par ailleurs sur la crise que connait le Parti socialiste (Ps), avec la fronde du maire de Dakar, Khalifa Sall, qui a décidé de ramer à contre-courant de la décision du Bureau politique du parti, Ibrahima Bakhoum pense qu’étant un «pur et dur» produit socialiste, l’édile de Dakar a «ses droits, exigences et espoirs» au sein du Ps. Pour lui, «Khalifa Sall sait que Tanor ne tient pas le bon bout, du point de vue de la valeur politique du Ps, et il se dit qu’il n’est plus question de se mettre derrière un Sg qui, manifestement, n’a plus d’ambitions pour le parti».
Mieux, il suppose que Khalifa s’est démarqué pour avoir senti un lâchage de la part de son Sg, un manque de confiance du pouvoir en place, ainsi qu’un désintérêt par rapport au projet de révision constitutionnelle. Toutefois, même s’il admet que le Ps a connu des départs depuis les élections de 2000, M. Bakhoum dit ne pas être certain «qu’on ira jusqu’à une scission du Ps». Pour lui, fort de son expérience et de sa culture, le Ps va aller en Congrès, et «durant ce Congrès, les gens qui sont majoritaires vont obliger les autres à suivre».