Un petit vent d’apaisement souffle à la Faculté des Lettres et sciences humaines (FLSH), perturbée depuis quelques semaines par une grève simultanée des professeurs et des étudiants. Après les négociations, l’Amicale a suspendu son mot d’ordre, tout en réaffirmant sa détermination à aller jusqu’au bout de son combat.
« Chine populaire » pour certains, « fac à problèmes » pour les autres, la FLSH s’illustre, chaque année, par ses mouvements de grève. Elle concentre à elle seule près de la moitié des effectifs de l’Université de Dakar. Elle comptait 34 424 étudiants en 2015, selon le président de l’Amicale, Ass Tacko Diagne. Devant le grand bâtiment abritant les deux plus grands amphithéâtres de la FLSH, l’ambiance est très animée, ce matin du 4 mars 2016. A gauche de l’édifice comme à droite, les étudiants forment de longues files pour remplir les formalités d’inscription. Mais l’attention du passant est attirée forcement par la foule massée devant le bâtiment géant. Les étudiants sont en assemblée générale.
Face aux journalistes et leurs cameras, le président de l’amicale de FLSH, entouré de ses lieutenants, annonce la nouvelle sous les approbations de ses camarades. Il annonce la suspension du mot d’ordre de grève, en distribuant des exemplaires de l’accord signé avec l’administration de la faculté. Ils ont obtenu satisfaction concernant une grande partie de leurs revendications. Dans un protocole d’accords signé par le doyen de la Fac, Amadou Abdoul Sow et le président de l’amicale, les deux parties sont tombées d’accord sur 6 points : la consultation des copies après les examens ; représentation des étudiants dans les assemblées des départements ; la professionnalisation des filières d’études ; l’accès aux filières pour les non sélectionnés aux masters ; certaines dérogations et l’aménagement de nouvelles toilettes.
L’une des raisons qui ont poussé aussi les étudiants à suspendre leur mot d’ordre, selon Ass Tacko Diagne, est le prochain référendum. « Les gens disent que ce sont les politiciens qui sont derrières nous pour saboter le référendum. Nous réaffirmons que nous sommes avec aucun parti. Nous sommes là pour défendre les intérêts de nos camarades. C’est pour cette raison qu’on a décidé d’arrêter toute manifestation jusqu’après le vote ». Malgré ce fait, l’amicale menace de reprendre la hache de guerre, si les accords signés ne sont pas respectés. L’affaire Bassirou Faye reste toujours un cheval de bataille. « Après le 20 mars nous allons reprendre le combat pour que justice soit rendue », annonce le syndicaliste. Certes cet accord est louable, mais, il n’est que l’arbre qui cache la forêt, selon ses dires.
La FLSH est le symbole de tous les maux de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Les étudiants estiment que les problèmes de leur fac sont énormes. Entre le manque de professeurs, de personnel administratif et les sureffectifs, la fac est devenue un « lieu de désespoir ». Selon les étudiants, le manque de personnel administratif participe à leur échec. « Par exemple, le département de Philosophie qui fait plus 2 mille étudiants n’a qu’une seule secrétaire. Elle doit saisir toutes les notes, ce qui fait qu’il y a souvent des problèmes », dénonce le patron de l’amicale. A l’écouter, on a l’impression que sa fac est laissée à elle-même « Nous n’avons qu’on seul bus qui ressemble à ceux qu’on trouve à Colobane, au moment où, la Fac Sciences, qui est plus petite, en dispose trois. C’est de la discrimination. On a augmenté le budget de l’Ucad, notamment, à travers les frais d’inscription qui ont été quintuplés. Nous n’avons pas senti cette hausse, car nos conditions d’études restent les mêmes », regrette Diagne soutenu par ses camardes.
‘’La guerre entre le Saes et l’Etat risque…’’
La FLSH risque aujourd’hui de retomber dans une situation chaotique, malgré les sacrifices fournis pour retrouver un calendrier qui est proche des normes. En effet, c’est par le sacrifice d’une section unique « désastreuse » pour beaucoup d’étudiants que la fac a réussi à reprendre la main sur le calendrier. « Malheureusement, la guerre entre le Syndicat de l’enseignant supérieur et l’Etat risque de saper tous les efforts », déplore un étudiant. Ce dernier rappelle que « la pagaille qui règne à l’Ucad est partie d’une longue grève de 5 mois des enseignants en 2012 ». Il a peur que cette histoire se répète, car le Saes a déjà totalisé trois fois 48 heures de grève.