Le directeur de la cinématographie, Hugues Diaz, a indiqué, vendredi à Dakar, que la pratique informelle du cinéma sénégalais a pris fin avec la délivrance le 22 février dernier de la première carte professionnelle des métiers du cinéma et de l’audiovisuel.
"C’est une disposition très importante parce que la carte professionnelle permet d’identifier et de reconnaître le véritable professionnel du secteur. Quoiqu’on puisse dire, le Sénégal aura perdu du temps", a déclaré Hugues Diaz dans un entretien à l’APS.
En effet, le décret 2004-737 du 21 juin 2004 fixait déjà les conditions de la délivrance de la carte professionnelle des métiers de la cinématographie et de l’audiovisuel.
"Je pense que le désordre qu’on a connu dans le secteur du cinéma est dû au fait qu’on n’arrivait pas à identifier qui est professionnel ou qui ne l’est pas", a souligné M. Diaz, ajoutant "qu’il faut mettre de l’ordre dans tout secteur d’activité surtout dans un secteur comme celui de la culture où tout un chacun se réclame du milieu après avoir échoué dans d’autres secteurs".
Selon le directeur de la cinématographie, cette carte va "sortir de l’informel ceux qui travaillent dans les métiers du cinéma" : "Il faut emmener le secteur culturel vers un lendemain enchanteur en étant exigeant envers ceux qui pratiquent le métier du cinéma et de l’audiovisuel", a-t-il dit.
"La délivrance des autorisations de tournage de films (au Sénégal) est normalement soumise à un certain nombre de critères au nombre desquels l’emploi d’une main d’œuvre locale professionnelle", a fait valoir M. Diaz.
C’est pourquoi, le directeur de la cinématographie a regretté que " des réalisateurs sénégalais et étrangers embauchaient des personnes à vile prix car, on n’avait aucun indicateur pour savoir qui est professionnel, qui ne l’est pas donc le plus souvent".
"La carte professionnelle va nous permettre de corriger cela, de régulariser cette situation en mettant les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, reconnus par leurs paires et par l’Etat", a-t-il soutenu avant d’ajouter qu’"elle va aussi permettre de faire un tri dans l’attribution de fonds qui concourent à professionnaliser le secteur".
Hugues Diaz a expliqué que la mise en place, par l’Etat, en 2015, du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA) doté d’une enveloppe de l’ordre d’un milliard de frs CFA, "a accéléré la délivrance de cette carte professionnelle parce qu’on a buté sur pas mal de problèmes dont le fait qu’on ne pouvait pas identifier qui est producteur et qui ne l’est pas".
"On a eu une floraison de personnes qui ont construit leurs entreprises de production parce qu’il y avait le milliard, mais qui n’ont rien fait, par le passé, dans le domaine cinématographique ou audiovisuel", a-t-il confié.
"Mais en toute équité, a poursuivi Hugues Diaz, on était obligé de traiter leurs dossiers parce qu’il n’y avait pas de garde-fous comme cette carte professionnelle, qui donne des agréments et qui reconnaît des professionnels et donc des sociétés de production".
Selon M. Diaz, l’attribution de cette carte professionnelle des métiers du cinéma et de l’audiovisuel repose sur plusieurs éléments dont : la nationalité sénégalaise, le niveau de formation académique et professionnelle et l’expérience professionnelle.
"Il faut avoir reçu une formation dans un institut reconnu et être donc titulaire d’un diplôme reconnu, et en plus de cela, il faut que le postulant ait déjà eu une expérience des plateaux de tournage", a précisé le directeur de la cinématographie.
Pour M. Diaz, "ce sont des critères très objectifs" et "en ce qui concerne l’audiovisuel, il est question, ici, de l’audiovisuel créatif, parce qu’on a eu des cas où des techniciens de télévision, des cadreurs, pour la plupart, et des preneurs de son ont voulu postuler", a-t-il expliqué.
M. Diaz a souligné qu’"une production cinématographique est à la fois une science et une technique et qui répond à des normes standards. Un technicien d’une chaîne de télévision n’est pas forcément un bon technicien de cinéma, le cinéma fait appel à une créativité", a-t-il clarifié.
La commission de délivrance de la carte professionnelle des métiers du cinéma et de l’audiovisuel va se réunir chaque trimestre pour examiner les demandes de cartes dont la validité est de cinq ans.
"Mais une carte peut être retirée en cas d’infraction ou de non pratique réelle", a prévenu Hugues Diaz.