Il s’exprime rarement dans les médias, préférant parler peu mais bien. Mais évènement oblige, pour cette première édition du Marathon Eiffage de l’Autoroute de Dakar, les 13 et 14 février dernier à Diamniadio, qu’il a coachée de bout en bout, Gérard Sénac s’est lâché sans détour avec Le Quotidien. Tour de piste avec le Président-directeur général d’Eiffage Sénégal.
Comment vous est venue l’idée d’organiser ce marathon ?
L’idée du marathon est simple. D’abord le premier contact c’est avec Pierre Berger, notre ancien président qui a voulu voir, comme cela se fait en France, si Eiffage Sénégal était capable d’organiser un évènement sportif d’envergure internationale. En France, on est davantage dans le sport. C’est vrai qu’Eiffage est vraiment accrochée avec le sport. Au Sénégal, lorsque Pierre Berger est venu, il a trouvé une entreprise citoyenne, une entreprise basée sur des actions culturelles, sociales et des actions pour la santé. Santé des salariés et santé en général avec des actions en faveur des populations. Et lorsqu’il m’a posé la question en me disant : mais pourquoi vous êtes toujours sur de la culture ? Pourquoi ne pas faire du sport ? Je lui ai dit : «Mais écoutez en 2016, on aura fait 42 kilomètres de chantier sur l’autoroute à péage, donc on pourra fêter la fin des travaux et pourquoi pas faire un marathon puisque ça correspondra à peu de choses près à 42 kilomètres, la distance d’un marathon.» Et donc, c’est parti comme ça et c’est un pari que j’ai lancé à Pierre Berger un petit peu en disant qu’au Sénégal, on est capable de le faire et on va le réaliser. Toutes les équipes d’Eiffage et tous nos amis sénégalais vont venir et vont participer.
C’était un pari fou en fait ?
Oui, un pari fou, complètement fou ! D’autant plus fou que lorsque j’ai posé la question en interne, au Sénégal, on s’était fixé un petit temps de travail, un petit budget et quelques partenaires. On ne s’attendait pas du tout à ça et j’ai eu la surprise de voir l’engouement de tous mes collaboratrices et collaborateurs dans cette opération-là. Et même Yacine (la chargée de Com’) y a cru en me disant : «Oui je vais le faire et je m’y attaque.» Je pense qu’elle n’était pas non plus consciente, comme moi, de la tâche qui l’attendait. Et c’est à partir de là qu’on s’est lancé tête baissée. Mais comme Eiffage ne recule pas devant un pari. Eiffage a toujours pris des engagements à la fois sur ses chantiers et sur des actions sociales, sociétales. On s’est toujours battu pour les réussir. Le fait est qu’on a réalisé ce marathon et on l’a fait tous ensemble avec les Sénégalais, les salariés d’Eiffage, les amis et tous les partenaires qui ont bien voulu nous accompagner.
Et pourtant, le personnel d’Eiffage était novice dans ce domaine…
Je crois qu’au Sénégal, il n’y avait jamais eu d’organisation de marathon aussi important que ça. Les gens parlent de marathon quand on fait 8 kilomètres, lorsqu’on fait 10, lorsqu’on fait 20. On parle d’un marathon. Là, ce n’était pas un marathon, c’étaient plusieurs courses. Il y avait toutes les courses que vous avez pu voir durant le week-end des 13 et 14 février. A la fois le samedi, plus tourné vers les familles, les enfants, tout ce qui était proche de la vie associative et de la vie culturelle avec les artistes. Et puis le dimanche, c’était la partie vraiment sportive de 10 kilomètres, le semi et le 42 kilomètres. C’était deux journées un petit peu différentes, toujours basées dans la bonne humeur, dans l’échange…
Pour y arriver, il fallait toute une stratégie de communication derrière. Comment s’est déroulée cette stratégie de communication ?
La stratégie de communication a été bâtie avec plusieurs partenariats. Le premier partenariat a été signé avec la Rts et Canal+. Après, il y a eu un partenariat avec l’Anps (l’Association nationale de la presse sportive). Et puis, il y a eu une communication par des panneaux d’affichage classiques, des panneaux LED, des spots tv et radio. La création d’un site internet, il y a 6 à 8 mois, et la création d’une page Facebook. Après, il y a eu de la communication par les partenaires. Chacun a pu faire de la publicité sur le marathon avec son produit. Ça a vraiment été le partenariat libre de droit.
Etes-vous satisfait du travail qui a été fait ?
La communication est bien passée. Le marathon a été suffisamment médiatisé. Grâce à Canal et à la Rts, on a eu une diffusion dans plus de 32 pays. C’est important. Les journaux et les chaînes français ont aussi communiqué. On a vu tous les ambassadeurs accrédités au Sénégal. Certains sont venus courir le samedi, d’autres le dimanche. Les ambassades ont fait un relais pendant ce marathon. Les bailleurs de fonds, le Pnud, l’Onu, tous étaient présents sur le site. Si vous demandez aux représentants de l’Onu, «pourquoi vous êtes présents sur ce marathon ?», ils vont vous dire qu’ils étaient en parfaite transparence avec Eiffage sur la partie sociale, le développement durable et culturel. Pour eux, c’était un déplacement de populations, de familles, de jeunes, d’enfants. Ça aussi, c’est soutenu par l’Onu. C’était important pour le Sénégal de voir que l’Onu a appuyé ce marathon. Ça a agréablement surpris d’ailleurs le ministre des Sports de voir l’Onu sur place. Les messages étaient quand même chaleureux.
A quelques jours de l’évènement, et malgré toute cette communication, n’aviez-vous pas des appréhensions ?
Ça ne fait que 27 ans que je réside au Sénégal. Je me suis aperçu que, malgré cette expérience, au Sénégal, c’est toujours la veille d’un objectif qu’on est mobilisé. On a essayé de se mobiliser quinze jours avant. On avait fixé au départ, l’arrêt des inscriptions début janvier et puis fin janvier. Et là, on a fait une erreur stratégique. On a continué à vouloir accepter des inscriptions, même des inscriptions sur papier, alors qu’il aurait fallu s’inscrire sur internet si c’était à refaire, ça ne se fera pas comme cela. On a donné la possibilité aux Sénégalais de s’inscrire jusqu’au jour même et la veille. Ça a été une erreur. Alors oui, on a voulu faire plaisir, on a eu beaucoup de monde, on a eu beaucoup de déçus parce qu’on n’a pas pu accueillir tout le monde. On a eu du mal à distribuer les dossards, à enregistrer les personnes. On a eu plusieurs personnes qui n’ont pas pu être servies. C’est vrai que c’est une erreur de jeunesse, malgré l’expérience qu’on a du Sénégal.
Vous avez été débordé en quelque sorte ?
On a été débordé par l’engouement des familles et des personnes à s’inscrire. En fait, la mobilisation a été au-dessus de ce qu’on pouvait espérer, de ce qu’on avait pensé. J’avais dit à tout le monde que ça serait bien si on avait 10 000 coureurs sur les deux jours.
A l’arrivée, vous vous êtes retrouvés avec 20 000 participants…
On a annoncé qu’on avait 15 000 coureurs qui ont vraiment couru parce que ceux-là ont reçu leurs dossards. Mais avec la marche du samedi, il y a eu entre 3 000 à 4 000 personnes de plus qui sont venues. Donc, on frôle les 20 000 personnes parce qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas été inscrits, qui ne sont même pas rentrés au Cicad, qui ont pris la marche en cours de route à partir du premier pont et qui se sont mis dans le circuit. Une fois qu’ils étaient dans la marche, ils étaient pris dedans, ils arrivaient au Cicad puisque les portes étaient ouvertes. On a été débordé par les familles des coureurs. On a vu des dames avec des talons, des jupes, des familles qui poussaient le bébé dans la poussette… On a eu une manifestation sociale où le sourire était de rigueur. Un peu moins pour certains quand ils n’avaient pas de cadeaux à l’arrivée. Il y avait trop de participants mais la majorité des gens avaient le sourire. C’est ce qui était important. On a pu faire plaisir à un maximum de familles et d’enfants le jour du samedi.
Et le dimanche ?
Le dimanche, c’était plus professionnel et mieux préparé. Les personnes qui ont couru avaient l’habitude. Les gens étant assez sérieux. Le samedi comme c’était gratuit, il y a des gens qui ont un peu triché. Ils sont arrivés, ont pris le sac, puis sont repartis. Parmi ceux qui ont fait le circuit, il y en a qui n’ont pas eu de sac. Ce que je retiens moi, c’est une mobilisation largement supérieure aux prévisions que l’on avait faites en médailles et autres. On a eu du monde et on en a eu trop. Si on regarde globalement, je crois que le pari est atteint puisqu’on a dépassé les objectifs. Et on a réussi à le faire dans la transparence, dans la sécurité et dans la bonne humeur, même s’il y a eu quelques déçus. Je m’en excuse encore.
Il y a aussi l’aspect sécuritaire qu’il fallait gérer…
Concernant la sécurité avant et pendant le marathon, c’était aussi un dossier très sensible que j’ai mené grâce à l’autorisation du président de la République et du Gouvernement avec l’action des ministères concernés, de la gendarmerie, de l’Armée, de la police. On n’a pas fait de bruit et de vagues là-dessus. Mais nous avons bien géré à tous les niveaux. Le comité de direction, moi même, Alioune Badiane (directeur général adjoint) et Yacine, on a eu des contacts au plus haut niveau avec les services concernés. Pour tenir au courant dans les deux sens. On peut dire aujourd’hui que le bilan au niveau de la sécurité a été aussi parfait.
Du côté des invités, la particularité c’est la présence de l’ancien champion du monde Haile Gebreselassie…
Vous avez vu quand même que nous avons fait venir des athlètes de haut niveau d’Afrique de l’Est. On a fait venir Haile Gebreselassie, qui est une sommité dans le sport. Pour que ce monsieur se déplace, il faut qu’il ait plus qu’un intérêt financier. Puisque c’était surtout l’intérêt de dire qu’est-ce que je vais faire à Dakar ? Est-ce que je vais venir ou pas ? Et je pense que pour qu’il accepte de venir à Dakar, c’est parce qu’il a vu au Sénégal et dans l’équipe organisatrice, des personnes motivées, qui voulaient réussir ce marathon. C’est pour cela qu’il est venu. Et il a été agréablement surpris de tout ce qu’il a vu. C’est cela qui est important venant de quelqu’un comme lui avec tout ce qu’il a comme expérience dans l’athlétisme.
Avec du recul, quelle appréciation faites-vous de l’organisation ?
Ce n’est pas une satisfaction totale. Des gens n’avaient pas pu venir parce qu’ils étaient bloqués par le circuit normal du trajet de la sécurité. C’est ce qui fait que les gens sont arrivés en retard. Ce n’est pas facile de réunir autant de personnes à 25,30 km de Dakar dans un site protégé, sécurisé. C’était le choix qu’on avait fait, c’était la sécurité d’abord. On est toujours en train de faire le débriefing du côté de la fédération, de Eiffage et du ministère des Sports et puis les bilans suivront dans les semaines à venir. On a les listes des gagnants qui sont mises à jour, le contrôle antidopage qui n’a pas encore rendu son verdict.
Et au niveau des finances ?
Au niveau des finances, je ne sais pas encore combien le marathon a coûté au total, surtout que vers la fin, on a eu beaucoup de dépenses non prévues. Vous le saurez bientôt. Vous saurez combien les partenaires ont contribué et ça permettra de savoir combien Eiffage à entièrement supporté. C’était un marathon financé par Eiffage et ses partenaires. Je n’ai pas demandé l’aide de l’Etat. Nous avons spontanément eu une aide qui devra se finaliser avec l’Aspt (Agence sénégalaise pour la promotion du tourisme) qui nous a permis de faire venir une douzaine de journalistes de la presse internationale pendant presqu’une semaine. Cela nous a aidés à implanter sur le parcours, des panneaux avec des photos des pôles touristiques du Sénégal que vous avez vus sur l’autoroute. Maintenant tous les travaux qu’on a faits au niveau du Cicad, avec l’aménagement des parkings, des voiries pour stocker la centaine de bus, des plateformes en latérite, en terrassement… Tout ça, on le laisse au Cicad. Peut- être que cela va permettre d’organiser d’autres manifestations. Ce marathon a permis aux jeunes de visiter le site du Cicad. Tout le monde à vu qu’on pouvait l’adopter et le mettre à disposition de la population.
Au final, comment voyez-vous l’avenir de ce marathon ?
D’abord, on a pu le faire parce qu’on a eu l’autorisation, parce que le 2e tronçon n’était pas ouvert à la circulation. Vous avez pu voir dans la presse le nombre de personnes qui se posaient la question de savoir pourquoi on allait fermer l’autoroute. Il y a des personnes qui disent : «Nous ne sommes pas des sportifs, on ne va pas au marathon, on veut prendre l’autoroute.» Cela veut dire que si l’année prochaine le 2e tronçon est ouvert, je ne pourrais pas faire le marathon sur l’autoroute. Du coup, il faut trouver avec l’Etat un autre circuit. Au lieu de le faire en 2 jours, on va le faire en une journée. On ne pourra pas barrer toutes les routes de la capitale et faire comme tous les grands marathons de Paris, New York, Washington et autres. L’autorité va dire par exemple : la Corniche est fermée tel jour, de telle heure à telle heure. A ce moment-là, on passe du marathon de Eiffage au marathon de Dakar. Disons que ce 1er marathon est un clin d’œil. Nous n’avons plus le Paris-Dakar (rallye), on l’a perdu. On a réalisé ensemble ce marathon grâce aux médias, grâce aux Sénégalais. Je le répète, ce n’est pas cocorico à Eiffage, mais cocorico à tous ceux qui se sont mobilisés de près ou de loin. Ça veut dire que tous ensemble, on a prouvé que cet évènement était important pour les populations, les coureurs et pour l’Etat. Si c’est ça, ça veut dire qu’il y a un besoin. Si on veut satisfaire ce besoin, cela veut dire qu’il faut l’organiser chaque année ou tous les 2 ans. La version numéro 2 sera peut-être le marathon de Dakar en partenariat avec Eiffage. Il faudra voir avec l’Etat.
En fait le Marathon de Eiffage va laisser place au Marathon de Dakar ?
Le Marathon de Eiffage ne pouvait être qu’unique puisqu’on n’aura plus l’autoroute. Elle sera en circulation. Demain, si je barre l’autoroute, tous les usagers vont me dire : ce n’est pas possible. Donc, on n’a pas d’autres solutions. Le Marathon de Eiffage s’appellera Marathon de Dakar. Tous les pays qui ont un Marathon, lui donnent le nom de la capitale. Il y a le Marathon de Paris, de New York… Aujourd’hui, au Sénégal, il y a des partenariats à nouer avec de grandes sociétés qui ont été partenaires de Eiffage. Demain, dans un an peut-être, ces partenaires accepteront de repartir avec un budget plus important ou pas. Je ne sais pas. Tout cela, il faut faire le bilan avec le ministre des Sports, avec le président de la République et voir quel est le souhait de l’Etat. On nous a fait confiance et on l’a fait du mieux possible dans l’intérêt du pays pour vraiment essayer de donner un petit déclic, je dis bien un petit déclic à tout le monde. Et surtout aux médias internationaux pour dire : venez au Sénégal, on est capable de faire ça. Il y a du tourisme, il fait beau.
Aujourd’hui c’est l’athlétisme, peut-on s’attendre à ce qu’Eiffage explore d’autres disciplines comme la lutte ou encore le football ?
La culture, on ne l’oublie pas, on fait avec. La plus forte image, c’est Ousmane Sow, académicien, grand sculpteur sénégalais, présent pendant deux jours. C’est lui qui a organisé le concours des jeunes reporters. Ça aussi, c’est très important. Vous n’en avez pas parlé. Mais tous ces jeunes-là qu’on est allé chercher à Pikine, Guédiawaye… ont passé deux journées merveilleuses avec des accompagnateurs. Ils ont fait leurs premières photos, interviewer des gens. Ce sont de futurs reporters. C’est une idée de Ousmane Sow et de Mauro Petroni. Ils ont travaillé ensemble. Deux artistes différents : un qui travaille la céramique, l’autre la terre et ensuite, c’est le bronze. Pour la première fois, Ousmane Sow a réalisé une sculpture qu’il a surnommée le marathonien et cette sculpture, on l’a offerte au président de la République et aux deux premiers coureurs. Pour ce qui est de la lutte, je ne dis pas que Eiffage ne le fera pas. Je dirais qu’on n’est pas dans la culture d’un lutteur. Même si je suis au Sénégal depuis 27 ans, je n’ai pas encore pris cet esprit de lutte, tout le concept qu’il y a autour d’un combat de lutte qui va durer une ou deux minutes. Ça ne peut être mené que par des promoteurs sénégalais, des spécialistes.
Et le football ?
Le football non plus parce que c’est professionnel et moi j’aime bien tout ce qui est amateur, sauf dans notre métier d’entrepreneur. On est entrepreneur, on le fait dans les règles. Par contre, la culture, c’est parce qu’on aime ça. Le marathon, c’est la course, la marche… Quand je vois tous les dimanches, des enfants, des familles qui marchent le long de la Corniche, il y en a qui sont pieds nus, d’autres avec des chaussures, en short, survêtement… On peut faire la marche avec peu de moyens, peu de vêtements, peu de tenues et c’est ça qui est abordable. Pour rappel, on a eu à aider à l’époque de Sénégal 92 (Can à Dakar). J’étais fier que le Sénégal batte la France (Coupe du monde 2002). On a aidé les Lionnes du Basket une fois ou deux. On a aidé le handball. Une fois de temps en temps. On donne un coup de main à l’équipe de foot de Gorée parce qu’on est partenaire depuis des années. On les aide à chaque fois qu’ils ont des problèmes. Le foot même avec l’Equipe nationale, c’est du professionnalisme. On n’est pas équipé, il faut le laisser à des entreprises spécialisées et qui on le sport dans l’âme.
Etes-vous un homme heureux à la fin de ce premier marathon ?
Je ne suis pas un homme heureux parce qu’on ne réussit jamais à 100% ce qu’on aimerait qu’il soit réussi. On a fait le pari de faire ce marathon, on l’a gagné ensemble. Ensuite, on a dépassé l’objectif, on a quasiment doublé le nombre de personnes. On va dire 15 000 personnes parce que c’est ce qu’on a pu recenser. Ce qui veut dire qu’on va planter 15 000 arbres dans la forêt de Sébikotane grâce aux Eaux et forêts qui vont nous aider. Le week-end du Marathon a été un week-end culturel, sportif et avec des actions de développement durable et de recyclage de produits. Quand je vois tout cela, je me dis qu’on a rempli notre contrat avec bien sûr des imperfections que je regrette par moments. On a péché peut-être parce qu’on était jeunes dans le métier. On sera meilleurs la prochaine fois. Mais la prochaine, ça se fera avec l’Etat, avec la décision globale de tout le monde. On a une expérience maintenant. Il y a des partenaires qui ont travaillé avec nous comme les clubs sportifs des Furets d’Eiffage. Ce sont des hommes et des femmes de Eiffage qui sont venus de France pour courir, mais aussi pour aider. Il y a les Caïmans à Dakar. C’est une association sportive qui a organisé pas moins de 22 semi-marathons à la Somone. Ils connaissent bien le pays. Voilà, grâce à tous ces gens-là, on a réussi à faire passer un bon week-end à un maximum de personnes. Et c’est le week-end global qu’il faut regarder. Le pari a été largement dépassé. A chaque fois qu’on se voyait en comité de direction, on se fixait un objectif encore plus grand. On aurait pu peut-être le faire mieux en organisant avec moins de personnes et s’arrêter à 10 000. On aurait là-dessus fait des déçus. Beaucoup n’auraient pas pu venir. On nous aurait dit qu’on avait sélectionné l’élite et pas ouvert assez aux populations. Il faut trouver le juste milieu la prochaine fois. Le ministère des Sports, ceux de la Culture et du Tourisme, le Cnoss, la fédération, tout le monde était présent. On a été reçus et félicités par le président de la République, le lundi matin juste après la course. Je pense qu’on peut tous être fiers d’avoir donné une image forte du Sénégal dans le monde pour un événement comme celui-là. On a vu l’émergence du Sénégal lors de ce marathon. Un Sénégal qui est sorti du lot pour avoir eu le courage de lancer ce pari de faire un marathon avec tout ce qui passe dans le monde, avec des risques, des soucis de sécurité, , la peur que les gens ne se lèvent pas, la peur que les bus ne soient pas à l’heure. On a quand même eu un peu de stress, toute l’équipe de Eiffage, le jour même, le samedi, le dimanche. Il y a eu des moments difficiles, mais ça, il faut le comprendre. Globalement, je dirais : vive le Marathon de Dakar, version 2.