Hier, lors du procès en diffamation opposant Seydina Alioune Seck aux journaux L’Observateur et Grand Place, le représentant du parquet a révélé que le fils de Thione Seck fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
En septembre dernier, les journaux L’Observateur et Grand Place relayaient l’arrestation d’une bande de présumés trafiquants de faux billets de banque. Ils écrivaient aussi que le fils de Thione Seck, Seydina Alioune, était mêlé à ce trafic, car il avait été cité par un certain Bathie Sèye. Les deux organes renseignaient qu’il était même recherché par les gendarmes de la brigade de la Zone Franche. Après ces révélations, les avocats du frère de Waly Ballago Seck avaient servi des citations directes aux deux canards pour diffamation. Après plusieurs renvois, l’affaire a été retenue hier, par le tribunal correctionnel de Dakar.
Au cours des débats d’audience, le représentant du parquet a fait une révélation qui a conforté les journalistes poursuivis dans leurs écrits. Le parquetier a brandi un document prouvant que Seydina Alioune Seck fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Le ministère public a fait cette révélation, après l’audition du journaliste Alassane Hann. Le correspondant de L’Observateur en banlieue, auteur de l’article incriminé, a clamé son innocence. ‘’Des gens arrêtés ont cité nommément Alioune Seck. Ce n’est pas une information ramassée dans la rue, mais elle provient d’une instruction faite par la gendarmerie, un corps en qui nous avons confiance’’, s’est défendu le journaliste.
C’est à ce moment que le représentant du parquet est intervenu pour s’interroger sur l’absence de la partie civile. ‘’Notre client est absent du Sénégal depuis 10 ans’’, a réagi Me Abdourahmane So. ‘’Nous aurions aimé qu’il soit présent’’, a poursuivi le parquetier, avant de révéler les poursuites qui pèsent sur Alioune Seck. Selon ses précisions, le 28 septembre passé, après l’ouverture d’une information judiciaire pour contrefaçon de signes monétaires en cours légal au Sénégal et dans un pays étranger, le parquet a requis un mandat d’arrêt contre Alioune Seck.
La colère des avocats de Seydina
Ces révélations ont mis Me So dans tous ses états. L’avocat s’est dit gêné par la démarche du parquetier qu’il accuse d’avoir brandi un acte de procédure, en violation de la loi. Il a soutenu que l’existence d’une procédure contre le plaignant ne saurait disculper les journalistes. Me So de dénoncer le non-respect de la présomption d’innocence et de reprocher aux journalistes d’avoir écrit les noms des autres mis en cause par leurs initiales. Il a ajouté qu’au moment de la parution des articles incriminés, leur client se trouvait en Italie. ‘’Le mal est déjà fait car ils ont vendu leurs journaux. Donc, il faut frapper à leur poche. Nous réclamons un milliard de F CFA à titre de réparation’’, a-t-il martelé.
Son confrère Me Abdou Dialy Kane a fait le procès de la presse et évoqué l’existence d’une double infraction, la diffamation et la divulgation du secret d’enquête. Il a avancé qu’il y a une intention coupable, car Seydina Alioune Seck n’a jamais été convoqué. Dans ses réquisitions, le parquet a apporté la réplique à la défense.
Il a déclaré qu’il n’a jamais voulu tendre la perche aux journalistes, mais qu’il ne pouvait taire l’information sur le mandat d’arrêt. Il a relevé l’importance de la communication, surtout lorsque l’opinion se pose des questions. Puis, il a demandé l’application de la loi. Pour Me Baboucar Cissé, l’application de la loi signifie la relaxe des journalistes qui, a-t-il souligné, ‘’n’ont fait que relayer une information provenant d’enquêteurs qui ont écrit noir sur blanc que Alioune Seck est mêlé’’. ‘’Autant poursuivre alors les gendarmes pour faux et diffusion de fausses nouvelles’’, a martelé Me Cissé, tout en précisant que ses clients n’ont pas écrit que le plaignant a commis, mais, il est juste mêlé.
Délibéré le 17 avril prochain.