Le Palais de justice de Dakar tournait au ralenti hier. Cette situation est provoquée par la grève de 48 heures décrétée par les travailleurs de la justice qui réclament les indemnités prélevées sur leur salaire. En prenant le ministre des Finances pour responsable de cette situation, ils promettent de prolonger la lutte si ce dernier ne revoit pas sa politique qui vise à satisfaire les bailleurs de fonds au détriment des fonctionnaires.
Remous à Thémis : Les travailleurs de la justice ont réussi à paralyser hier le fonctionnement de la justice même si leur mouvement n’est pas suivi par tout le monde. Ils ont décrété hier 48 heures de grèves «baptisées les heures de la colère». Ce mouvement est inspiré du romain de John Stemberk (les raisins de la colère) où il partage la misère d’une famille. Le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), Me Boune Aya Diop, pense qu’ils sont les «misérables» de la Fonction publique : «beaucoup de travailleurs de l’Administration se sont retrouvés à la fin de ce mois avec des soldes dérisoires, négatifs dans leur compte bancaire.» Il impute cette situation au ministre de l’Economie et des finances qui a défalqué une part importante de leur salaire, «sous prétexte qu’il y a des heures de nuit qui sont indument réclamées dans les heures supplémentaires».
Alors que de l’avis du secrétaire général du Sytjust, «les heures supplémentaires ont été allouées à beaucoup de personnes par l’ancien régime pour palier l’indécence des salaires qui tournaient autour de cent mille ou cent cinquante mille francs». Ces heures supplémentaires, explique le greffier, ne sont rien d’autre qu’un forfait qui «ne rétribue pas en réalité l’effort consenti par les fonctionnaires et les travailleurs de la justice». Car il arrive qu’ils travaillent jusqu’à des heures indues dans la nuit. «Il arrive que les travailleurs de la justice soient au Palais jusqu’ à 3 heures du matin», informe-t-il. Me Aya Boune Diop trouve que «c’est un faux argument que leur oppose le ministre de l’Economie et des finances».
D’après le Sytjust, Amadou Ba est «responsable» de la situation sociale délétère des mouvements de grève qui se succèdent. Le syndicaliste trouve que la politique que le ministre des Finances est en train de dérouler «une politique vide d’humanisme, dénudée de vision sociale au grand bonheur des bailleurs de fonds comme le Fmi et la Banque mondiale». Suffisant pour lui, d’appeler tous les fonctionnaires à mutualiser leurs efforts pour créer une synergie d’action parce que le gouvernement «n’est pas à son coup d’essai». «On a constaté que depuis 2012, il y a eu des actes d’agression des intérêts des travailleurs de l’Etat», accuse-t-il. En analysant les actes posés par le gouvernement, les travailleurs de la justice pensent que l’Etat est en train de créer une situation d’insécurité juridique. Me Diop dit : «Le droit acquis n’a plus de sens avec cet Etat actuel. Tout ce qui était acquis avec les gouvernements précédents est en train d’être perdu.» Il cite un exemple «concret» : la perte de leurs droits de jouissance d’un nantissement en 2013. En attendant, ils demandent la restitution des heures supplémentaires, les rappels des indemnités et surtout la remise des indemnités des greffiers en chef intérimaires. «Et comme le ministre est résolu à nous précariser, nous allons nous battre, exhorte-t-il, pour préserver nos droits. Si cette politique n’est pas revue, nous allons résolument vers une grève générale de la Fonction publique», prévient le secrétaire général du Sytjust. Il est déjà en train de se concerter avec les secrétaires généraux du Cusems, du syndicat des impôts et domaines pour aller vers une journée morte.