L’interdiction du mariage entre une musulmane et un homme d’une autre religion "n’est pas fermeture au dialogue interreligieux" a soutenu, mardi à Dakar, le docteur Djim Dramé, chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de Dakar, expliquant que c’est "une barrière à respecter".
"C’est une question de respect de principes et de fondamentaux. L’Islam interdit à une femme musulmane de se marier à un homme non musulman. Celles qui le font sont des femmes hors la loi, elles font ce que l’Islam interdit", a soutenu le Dr Dramé.
Il assistait à une cérémonie de restitution du rapport de la 7e édition du plaidoyer pour le dialogue interreligieux organisée les 8 et 9 décembre 2015 par le bureau dakarois de la Fondation Konrad Adenauer Stiftung.
"Il ne faut pas penser que c’est une fermeture pour le dialogue interreligieux. Il y a des fondamentaux et des principes à respecter. Nous (chrétiens, juifs, musulmans, non croyants) pouvons dialoguer sur l’entraide, et sur d’autres domaines. Mais quand l’Islam dit de ne pas faire ceci ou cela, il ne faut pas le faire", a poursuivi M. Dramé.
Le chercheur a expliqué qu’il s’agit là d’"une barrière qu’il faut respecter" car, a-t-il ajouté, "ce que ma religion m’interdit, il faut me l’accepter, c’est ça la tolérance, elle commence par le respect de l’autre".
Il a toutefois relevé que le mariage entre un musulman et une femme d’une autre religion est permis par l’Islam.
Réagissant à cette interdiction, le président de la Mission adventiste du Sénégal, Jacques Mansaly, a relevé qu’elle "peut être un frein au dialogue" dans le sens où elle peut frustrer la personne à qui on interdit de se marier.
"Les musulmans te diront que pour qu’un chrétien épouse leur fille, il faut qu’il accepte la foi islamique. De l’autre côté, on se pose la question de savoir si on doit laisser sa religion à cause d’un mariage. Une communauté religieuse éprouvera toujours de la peine à voir un de ses enfants partir vers une autre religion", a relevé M. Mansaly.
Le président de la Mission adventiste du Sénégal juge "très complexe" cette situation qui peut entraîner certaines conséquences négatives.
"On peut être banni de sa société ou de sa communauté. Aujourd’hui, les gens te diront que dans un pareil cas, chacun gardera sa foi, mais qu’en est-il des enfants ? Vont-ils aller à la mosquée où à l’église ?", interroge l’homme d’église.
Qui a ajouté : "Personne ne va accepter que ses dogmes soient bafoués, alors, ce que je conseille aux jeunes c’est de se marier avec les gens avec qui ils partagent la même religion pour éviter des problèmes".
"Il faut connaître la religion de l’autre, ce qu’elle accepte et ce qu’elle prohibe", a préconisé M. Mansaly.