Sous la pression croissante des producteurs d’arachide, l’Etat du Sénégal est allé chercher en Arabie Saoudite les moyens d’éteindre le feu qui couvait dans le monde rural. En effet, la Société internationale de commerce et de finance islamique (ITFC), une composante du Groupe Banque islamique de développement (BID), a signé jeudi un accord syndiqué de financement islamique (Mourabaha) de l’ordre de 75 millions de dollars américains avec le gouvernement du Sénégal. Cet argent va gonfler les coffres de Suneor, afin qu’elle solde une partie importante de la campagne arachidière 2015-2016.
L'accord signé à Djeddah par Amadou Bâ, ministre sénégalais de l'Économie, des Finances et de la Planification avec le gouverneur de la BID pour le Sénégal ainsi que Mahanna Sobieh de l’ITFC, enlève une grosse épine du pied de l’Etat du Sénégal. Le gouvernement est depuis quelque temps l’objet d’un concert de récriminations des producteurs qui s’inquiètent de plus en plus de la mévente de leurs récoltes d’arachide. Avec ce financement, le Sénégal a recours à une porte de secours qui lui a déjà réussi dans le passé. Car la Société internationale de commerce et de finance islamique a déjà octroyé 30 millions de dollars US pour aider à sauver la campagne arachidière 2013/2014.
Selon nos sources, ce nouveau financement de 75 millions dollars US permettra, une nouvelle fois à la Suneor, d'acheter et de traiter plus de 150 000 tonnes en huile d'arachide et en tourteaux d’aliments destinés à l’exportation vers les marchés internationaux. Après une bonne saison des pluies, la production totale du pays, pour la saison 2015-2016, est estimée à 1 000 000 de tonnes. Et compte tenu de l'importance cruciale de l'arachide dans la vie socio-économique du pays, la marge de manœuvre de l’Etat devenait étroite, si la mévente décriée par les acteurs et les parties prenantes ne trouvait pas de solution.
Soulignons que, dans cette opération de Mourabaha, l’État du Sénégal injecte de l’argent liquide dans les coffres de Suneor, sans contracter un emprunt avec intérêt. Et à la différence du système conventionnel, le Mourabaha offre des conditions de remboursement moins contraignantes.