Une douzaine de mouvements citoyens et de partis au Sénégal ont appelé mercredi à Dakar à un "non massif" au référendum constitutionnel prévu le 20 mars dans le pays, après, selon eux, le renoncement du président Macky Sall à s’appliquer un quinquennat.
Macky Sall a annoncé le 16 février lors d’une allocation télévisée que le passage du septennat au quinquennat prévu par la révision constitutionnelle s’appliquerait seulement à partir du prochain mandat présidentiel et qu’il irait en conséquence jusqu’au bout de son mandat actuel, en 2019, afin de se "conformer à la décision du Conseil constitutionnel".
Elu en 2012 pour sept ans au second tour de la présidentielle face à Abdoulaye Wade, M. Sall a saisi en janvier le Conseil constitutionnel de son projet de réforme de la Loi fondamentale prévoyant, conformément à sa promesse de campagne, une réduction immédiate du mandat du chef de l’Etat - le nombre de mandats étant limité à deux consécutivement.
Le "Front du Non", mis en place mercredi par une douzaine d’organisations de la société civile et de partis politiques, "appelle le peuple à opposer un +non+ vif, massif et décisif à la Constitution du président Macky Sall", a déclaré Cheikh Tidiane Dièye, un porte-parole de cette nouvelle coalition, lors d’une conférence de presse.
Le Front estime que le président Sall avait la possibilité d’organiser directement un référendum sans passer par le Conseil constitutionnel ou "de démissionner à l’issue des cinq ans de mandat" et se présenter à un nouveau scrutin présidentiel.
"Macky Sall a raté le coche et avait la possibilité d’entrer dans l’Histoire. Il a préféré faire partie du camp de ceux qui ne font pas avancer la démocratie", a déclaré Fadel Barro, coordonnateur de "Y’en a marre", un
mouvement citoyen qui a été en pointe dans le combat contre un troisième mandat du président Wade (2000-2012).
Un morceau composé par des rappeurs membres du "Front", et reprenant une chanson populaire sénégalaise symbolisant le refus, "Niani Bagn’ na", a été présenté au public et entonné au début de la conférence de presse.
Le président Sall a affirmé le 16 février avoir l’obligation de se "conformer à la décision du Conseil constitutionnel", citant l’article 92 de la Constitution selon lequel les décisions de cette juridiction "s’imposent
aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles".
La question de la durée du mandat a pratiquement occulté les autres volets de la réforme en quinze points, portant sur les règles électorales, l’élargissement des pouvoirs de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel.
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