Une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UNICN) préconise la renégociation d’un protocole d’accord régissant les interventions dans la réserve naturelle du Ndiaèl (nord) afin de favoriser le retrait de cette aire avifaune du registre de Montreux réservé aux zones humides d’importance internationale en danger, a appris l’APS.
‘’La faisabilité de la sortie de la réserve naturelle du registre de Montreux requiert l’acceptation par tous les protagonistes de travailler ensemble à restaurer les fonctions écologiques du Ndiaèl. Il faut par conséquent encourager la renégociation d’un protocole d’accord qui met en avant les exigences de la préservation de la réserve’’, indique le rapport de l’étude dont l’APS a reçu une copie.
La renégociation d’un nouveau protocole d’accord devrait regrouper tous les acteurs, notamment les organisations professionnelles rurales, les services des Eaux et forêts, les industrielles (Senhuile principalement), les collectivités locales entre autres, suggère l’UICN.
Cette enquête menée entre novembre et décembre 2015 est le fruit d’un partenariat entre l’UICN, une Organisation non gouvernementale internationale intervenant dans l’aménagement des aires protégées et l’Office du Lac de Guiers (OLAG).
Ce partenariat entre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de restauration des fonctions écologiques et économiques du Lac de Guiers (PREFELAG) qui vise à rétablir des conditions optimales de fonctionnement du lac et la remise en eau de la réserve spéciale d’avifaune du Ndiaèl à cheval sur les régions de Saint-Louis et de Louga.
Le registre de Montreux est le principal instrument d’une convention internationale permettant de mettre en évidence les sites où un changement défavorable s’est produit, est en train ou susceptible de se produire dans les caractéristiques écologiques, nécessitant des mesures de conservation prioritaires.
La réserve naturelle du Ndiaèl est une zone humide et un sanctuaire migratoire pour les oiseaux. Elle fait partie de la réserve de biosphère transfrontière du Delta du fleuve Sénégal entre le Sénégal et la Mauritanie bénéficiant d’une reconnaissance internationale en 2005.
Son inscription dans le registre de Montreux à partir de 1977 est la conséquence du péril auquel est confrontée la réserve alors subdivisée en trois zones : une cuvette, une zone tampon et une zones périphérique.
Historiquement, la cuvette était alimentée par le cours d’eau naturel Yetti Yone, mais l’eau s’est raréfiée depuis les années 1970 du fait de sécheresses répétées, du manque de précipitations, de la construction d’infrastructures (barrage de Diama et Route nationale 2), et de la pression accrue exercée par l’homme sur les ressources.
Cela a provoqué l’obstruction des principaux cours d’eau, la dégradation progressive et la salinisation des sols, une perte de biodiversité et une prolifération des plantes aquatiques. Affectant l’accès à l’eau et les moyens de subsistance des populations locales.
A ces problèmes, s’ajoute la convoitise de l’agrobusiness symbolisée par l’installation de Senhuile sur une partie de la réserve en dépit de la farouche opposition d’une partie des populations. Cette levée de boucliers a débouché sur une réduction de moitié de la réserve foncière initialement attribuée à cette unité agro-industrielle. (Elle est aujourd’hui de 10 000 hectares).
‘’Un travail d’intermédiation et de rapprochement pourrait être tenté en vue de créer les conditions d’un partenariat gagnant-gagnant aussi pour les populations que pour la préservation de la réserve du Ndiaèl’’, souligne l’étude consacrée à la dimension socioéconomique et institutionnelle de la réserve.
‘’L’un des principaux points de cet accord devrait porter sur l’engagement indéfectible de Senhuile et de toute autre entreprise agricole limitrophe d’éviter toute intervention de nature à perturber les fonctions écologiques de la réserve, de préserver la grande mare et la zone tampon’’, lit-on dans le rapport.
L’UICN suggère en outre un respect du droit de libre circulation des populations riveraines de la nouvelle zone de 10 000 hectares et la garantie d’accès libre aux pâturages et points d’eau par le bétail.