Le chef de l’Etat, Macky Sall, et ses partisans ne pourront pas compter sur la société civile pour faire passer le projet de révision constitutionnelle, soumis en référendum ce 20 mars prochain. En conférence de presse hier, vendredi 19 février, la Raddho, Amnesty international, la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, le Forum du Justiciable tout comme l’Ocdi, comptent battre campagne pour que le «Non» l’emporte, dans la mesure où ces organisations estiment que Macky Sall cherche à manipuler le peuple sénégalais pour un possible 3ième mandat.
Il n’est pas question de boycotter le référendum du 20 mars prochain, portant sur le projet de révision constitutionnelle, pour ne pas laisser libre cours au chef de l’Etat, Macky Sall, et ses alliés afin qu’ils déroulent leur projet de « manipulation ». C’est du moins la conviction que des organisations de la société civile qui n’entendent pas suivre la voie annoncée par les partis de l’opposition, notamment Rewmi, le Pds, ou encore l’Aj/Pads de Mamadou Diop Decroix, qui se disent non intéressés par ladite consultation citoyenne. Face à la presse hier, vendredi 19 février, le Forum du Justiciable, la Raddho, tout comme Amnesty international, la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, et aussi l’Ocdi, se sont tous engagés à battre campagne pour que le «Non» l’emporte au référendum du 20 mars prochain.
Pour cause, Aboubacry Mbodj, Sg de la Raddho, a expliqué que le chef de l’Etat, Macky Sall et ses « affidés » veulent manipuler les populations en disant que l’avis qui a été donné par le Conseil constitutionnel est une décision et que Macky Sall est tenu de la respecter. A l’en croire, si toutefois la réforme proposée par Macky Sall passe au prochain référendum, la question du 3ième mandat se posera en 2024. Pour lui, le débat soulevé avec la 3ième candidature de l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, sera à nouveau agité. Par conséquent, il souligne qu’il est du devoir de la société civile et de tous les Sénégalais de clarifier la confusion que le régime actuel veut installer concernant l’avis des 5 Sages.
Pour ce faire, il a annoncé une campagne nationale de sensibilisation pour dire non à la manipulation. Dans la même dynamique, Aboubacry Mbodj a informé d’une visite chez tous les chefs religieux et coutumiers, pour leur expliquer leur engagement. Mieux, M. Mbodj a fait savoir que toutes les autres organisations de la société civile, à savoir le Mouvement Y’en a marre et le M23, seront saisis pour faire un front commun contre la volonté de Macky Sall et ses alliés.
Abondant dans le même sens, Alassane Seck, Secrétaire exécutif de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme invite le peuple au vote négatif, et non au boycott. Revenant sur les raisons d’un tel appel, le droit de l’hommiste estime que le chef de l’Etat pouvait soit abroger par une loi, les modifications que l’ancien chef de l’Etat, Wade, avait fait passer par l’Assemblée nationale, puis laisser continuer la Constitution de 2001, soit démissionner à quelques mois de la fin des 5 ans qu’il avait promis. Ne l’ayant pas fait, M. Seck considère que les lenteurs constatées dans la matérialisation de la promesse tenue en tant que candidat et réitérée étant président de la République, partout à travers le monde, montrent à suffisance la manipulation dont a fait preuve le chef de l’Etat depuis 2012.
PAS DE SEPARATION DE POUVOIR
Le Forum du justiciable, en la personne de son coordonnateur, Babacar Ba, s’est aussi mêlé à la danse, invitant à un vote-sanction contre Macky Sall, pour avoir renoncé à ses engagements. De l’avis du juriste, le chef de l’Etat a tort d’utiliser le terme décision tout au long de son dernier discours, dans la mesure où l’avis du Conseil n’en est pas un. Plus critique, il pense qu’il est temps que ledit Conseil soit réformé, ainsi que le Conseil supérieur de la magistrature. Comme raison, M. Ba est d’avis que le mode de désignation des ‘’5 Sages’’ par le président de la République cause problème, tout comme la nomination des 2 autres par le président de l’Assemblée nationale. Cela, d’autant plus que, souligne-t-il, c’est le président de la République qui nomme celui de l’Assemblée. Par rapport au Conseil supérieur de la magistrature, M. Ba trouve anormal que le chef de l’Etat soit le président de ladite institution et que le ministre de la Justice en soit le vice-président. Ainsi donc, pour lui, il n’y a pas de séparation de pouvoir entre l’Exécutif et le pouvoir judiciaire au Sénégal.