La graine d’arachide est introuvable. Les huiliers vivent une situation des plus pénibles, et certaines entreprises ont même déjà commencé à mettre une partie du personnel en chômage technique, tandis que pour d’autres, on en est déjà à une menace de dépôt de bilan.
«La campagne est très mauvaise avec un grand M» confie au journal Le Quotidien le directeur du Complexe agro-industriel de Touba (Cait). La conséquence renseigne Alassane Diop, «nous avons mis en chômage technique 335 employés sur les 350 que compte l’entreprise. Les 15 permanents sont dans une situation incertaine» Cette année, cette entreprise n’a pu recruter d’ouvriers saisonniers, contrairement aux années où l’usine recrutait jusqu’à 700 femmes chargées de trier les graines. Les expatriés en service dans cette boîte ne sont pas mieux lotis, parce qu’ils vont devoir plier bagages et rentrer sous peu.
C’est parce que cette année, l’usine sise sur la route de Ndindy Abdou n’a pu collecter que 206 tonnes sur les 50 mille qui lui sont nécessaires. Pour le directeur de l’entreprise Cait, «les prévisions officielles sont tout sauf réelles. Les chiffres de 1 million 129 mille tonnes avancées par le ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural sont loin de la réalité. Il y a eu beaucoup d’eau cette année, cela ne signifie pas qu’il y a beaucoup de graines. Au lieu de créer des emplois, on crée du chômage. Ce qui est inadmissible».
L’autre entreprise huilière, la Copéol, filiale du groupe français Avril, n’est pas mieux lotie car «elle se retrouve avec 18 mille tonnes sur les 120 mille tonnes qu’elle avait prévues.» Du côté de la Sunéor de Diourbel, la situation n’a pas évolué dans le bon sens. Seules 104,976 tonnes d’arachide ont pu être collectées. Depuis le 28 décembre 2015, il n’y a pas eu évolution. Cheikh Fall, le directeur de l’usine déplore : «La matière première est introuvable.»
Un technicien de l’agriculture qui a requis l’anonymat éclate de colère : «Ce qui a plus contribuer à plomber cette campagne, c’est le refus de la Cncas de financer certains opérateurs. Il faut que les acteurs s’asseyent autour d’une table et discutent franchement, parce qu’il y a trop de saupoudrage, plus de paroles que d’actes concrets. Il faudrait pour sauver la filière, que l’on organise des Assisses de l’arachide avant qu’il ne soit trop tard.»